En observant les orangs-outangs marcher sur les branches, des chercheurs émettent l’hypothèse que les ancêtres des Hommes ont pu apprendre à se déplacer sur deux pattes bien avant de descendre des arbres.

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    Regardez bien ces orangs-outangs (on peut écrire orangs-outans). Celui de gauche marche ! Cette bipédie arboricole pourrait avoir aidé nos ancêtres… Crédit : S. K. S. Thorpe

    Regardez bien ces orangs-outangs (on peut écrire orangs-outans). Celui de gauche marche ! Cette bipédie arboricole pourrait avoir aidé nos ancêtres… Crédit : S. K. S. Thorpe

    Nos ancêtres ont-ils commencé à marcher à quatre pattes sur le sol pour se redresser plus tard ou bien ne se sont-ils éloignés des arbres que lorsqu'ils sont devenus des bipèdes avertis ? A cette question, les scientifiques ne savent pas répondre avec certitude. Au fil des découvertes, la bipédie, initialement considérée comme tardive, s'est vue repoussée de plus en plus loin dans le passé. On sait maintenant que Orrorin tugenensis marchait déjà sur deux jambes il y a six millions d'années et certains évoquent des dates plus anciennes encore.

    Trois Britanniques pensent tenir une solution originale : les ancêtres des hommes ont peut-être inventé la bipédie pour se déplacer sur les branches. Susannah Thorpe a passé un an dans la jungle de l'île de Sumatra à étudier les orangs-outangs, ces grands singes anthropoïdesanthropoïdes essentiellement arboricolesarboricoles. Avec son collègue de l'université de Birmingham Roger Holder et Robin Crompton, de l'université de Liverpool, elle a observé et analysé quelque trois mille déplacements de ces « hommes de la forêt » (la signification de leur nom en malais).

    Quand ils doivent emprunter une longue branche pour aller chercher des fruits à son extrémité, les orangs-outangs adoptent une marche bipède particulière en s'aidant d'une main ou deux pour s'accrocher aux branches plus hautes. Cette bipédie assistée leur serait très utile. « Il y a un grand intérêt pour des mangeurs de fruits à atteindre la périphérie des arbres où les branches sont les plus petites, parce c'est là que sont les fruits, argumente Robin Crompton dans Science. Si vous pouvez avoir une main de libre pour les cueillir, c'est beaucoup mieux. »

    Les anthropoïdes brouillent les pistes

    Dans un article paru dans Science, les trois chercheurs suggèrent que se tenir debout est un avantage pour les singes même arboricoles et que les hommes n'auraient fait qu'hériter d'une bipédie ancienne, acquise par des ancêtres communs aux hommes et aux singes actuels.

    Mais l'idée reste une hypothèse. Les plus proches parents de l'homme, c'est-à-dire les chimpanzés et les gorillesgorilles, semblent ignorer cette bipédie assistée par la main. La marche sur deux jambes est pour eux exceptionnelle et ils s'appuient sur leurs phalangesphalanges repliées. Une autre hypothèse, celle de la Française Yvette Deloison, est elle aussi en contradiction avec l'idée d'une bipédie descendue des arbres. Selon elle, le pied de l'homme, bien adapté à la marche, ne peut pas avoir évolué à partir d'un pied de singe remarquablement spécialisé pour le déplacement dans les branches. La bipédie deviendrait alors la forme ancestrale de déplacement, que l'homme aurait conservée mais que les singes arboricole auraient délaissée.

    Les modes de locomotion des anthropoïdes, actuels et ancestraux, semblent manifestement si variés que les scientifiques ont du mal à en faire une théorie qui tiennent debout...