Les bonobos seraient également sensibles à la contagion du bâillement. Ce réflexe serait par ailleurs régi par les mêmes règles sociales que chez l’Homme : un bâillement se propage mieux entre amis !

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    En cas de fatigue, de faim, de vigilance ou de désir sexuel, l'Homme peut exécuter un comportement particulièrement contagieuxcontagieux : le bâillement. Voir, entendre ou tout simplement penser à une personne qui baille suffit en effet, dans de nombreux cas, à provoquer l'apparition de ce comportement chez l'observateur. Pour preuve, 50 % des Homo sapiens ayant vu l'un de leurs congénères inhaler profondément de l'airair en vidéo répéteront le même geste dans les minutes qui suivent. N'hésitez pas à faire le test !

    Le bâillement n'est pas le propre de l'Homme puisqu'il s'observe également chez de nombreux vertébrés : mammifères (hormis chez la girafe), oiseaux, reptiles et poissons. Mais y a-t-il contagion ? Si oui, est-elle régie par les mêmes règles sociales que chez l'Homme ? Les réponses viennent de nous être données pour le bonobo Pan paniscusPan paniscus, notre proche parent, grâce à une étude menée par Elisabetta Palagi et Elisa Demuru de l'University of Pisa. Elles seraient, selon l'article publié dans la revue Plos One, positives...

    Au sein de groupes sociaux, comme chez les bonobos, le bâillement pourrait être utilisé pour communiquer inconsciemment ou pour synchroniser certaines actions. L'origine de ce comportement n'est pas encore connue. © Elisa Demuru

    Au sein de groupes sociaux, comme chez les bonobos, le bâillement pourrait être utilisé pour communiquer inconsciemment ou pour synchroniser certaines actions. L'origine de ce comportement n'est pas encore connue. © Elisa Demuru 

    Un bâillement contagieux chez l’Homme, comme chez le singe

    Douze bonobos (2 mâles, 6 femelles et 4 jeunes) appartenant à la colonie du zoo d'Apenheul (Pays-Bas) ont été observés durant 502 heures en 2009. Parmi les 1.260 bâillementsbâillements dénombrés, seuls 1.125 d'entre eux ont fait l'objet d'analyses. Les profonds mouvementsmouvements d'inhalationinhalation réalisés par les jeunes ont en effet été éliminés de l'étude, les petits primates n'étant pas sensibles à la contagion.  

    Nos proches cousins bailleraient spontanément 5 fois plus souvent lorsqu'ils sont détendus, donc en dehors de périodes marquées par des tensions sociales. En revanche, la propagation du comportement en quelques minutes (moins de 3) aux autres membres du groupe ne dépendrait pas du climat social, comme chez les Hommes. La réaction en chaîneréaction en chaîne débute par un bâillement quel qu'il soit. 

    Des analyses statistiques utilisant un modèle de mélange linéaire ont ensuite été réalisées pour tester l'influence de plusieurs paramètres (sexe, rang social, parenté, etc.) sur la contagion. Elle tendrait à augmenter entre des sujets liés, c'est-à-dire entre des amis ou de proches parents, ou lorsque c'est une femelle qui baille spontanément en premier. Les liens sociaux joueraient donc un rôle important dans ce comportement... une fois de plus, comme chez l'Homme. 

    Ce résultat serait en accord avec une hypothèse proposée pour l'Homme, mais non validée à ce jour, depuis de nombreuses années. L'empathie, un sentiment plus facilement ressenti envers un proche, interviendrait dans la contagion des bâillements, notamment en la modulant. Le fait que les femelles déclenchent une plus grande propagation du comportement est aussi lourd de significations. En plus d'être les noyaux relationnels et décisionnels de leur société, elles pourraient en effet influencer l'état émotionnel de leurs congénères.