Durant une récente étude hydrographique, l'Institut norvégien de recherche marine (IMR) a découvert, en juin 2002, le récif de Lophelia pertusa le plus important au monde, à proximité de l'îlot de Rost situé à la pointe de la chaîne des îles Lofoten.

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    Crédit : http://ndbn.free.fr

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    Le récif, long de 35 km et large de 3 km, se situe entre 300 et 400 m de profondeur, dans une zone abrupte et accidentée de la plaque continentale. Un autre rétif norvégien, protégé, situé sur la crête sous-marine "Sula", était jusqu'alors la structure de Lophelia pertusa la plus importante connue.

    Ces récifs ont été découverts grâce aux sondeurs à ultrasonsultrasons et à des enregistrements vidéos utilisés par les chercheurs de l'IMR pour la recherche de corail en eaux profondes. Dans un premier temps, ils peuvent cartographier efficacement l'étendue des récifs en utilisant un logiciellogiciel spécifique qui identifie la signature de l'écho des coraux, couplé à des échosondeurs. Les caméras vidéos sont alors déployées pour obtenir un rendu réel des fonds marins. Les récifs de Lophelia pertusa ont été trouvés comme à l'habitude dans les eaux profondes, froides et obscures des zones balayées par les courants. Contrairement aux organismes coraux tropicaux, Lophelia pertusa ne contient pas d'algues symbiotiques mais capture son alimentation dans les colonnes d'eaux. Les récifs Lophelia pertusa poussent extrêmement lentement. Les études en Norvège indiquent un taux de croissance maximum de 6 mm/an. Le rétif découvert près de l'île de Rost est donc probablement âgé de quelques 8.500 ans.

    Les récifs de Lophelia pertusa constituent des points chauds biologiques mer profonde. Plus de 850 espèces différentes ont été associées avec la présence de ce type de récif dans le nord-est de l'Atlantique. De plus, ils servent comme fonds d'élevage et réserve de nourriture pour diverses espèces de poissons, et de ce fait, deviennent des lieux de prédilection pour les navires de pêchepêche. A cet égard, des études précédentes menées par l'IMR indiquent qu'entre 30% et 50% des récifs de Lophelia pertusa présents dans les eaux norvégiennes ont d'ores et déjà été endommagés par les activités humaines, principalement par la pêche de fond au chalut.

    En conséquence, un texte législatif a été établi en 1999 pour réglementer l'établissement de zones de pêche autour des récifs coralliensrécifs coralliens, afin de prohiber les dommages occasionnés sur la structure corallienne. Immédiatement après que la découverte du récif de Rost ait été rendue publique, l'ONG WWFWWF Norge (World Wide Fund Norvège) a demandé que ce récif soit protégé des deux menaces majeures que constituent la pêche au chalut et le développement de l'extraction pétrolière offshoreoffshore. Le ministre de la Peche norvégien a immédiatement publié un communiqué de presse déclarant que la pêche devrait être restreinte dans le voisinage du récif nouvellement identifié.

    Le ministre du PétrolePétrole et de l'Energie à quant-a-lui signalé que tout développement pétrolier futur dans la zone de Rost devrait s'effectuer de façon à ne pas endommager ou polluer cette particularité écologique unique. L'ONG WWF Norvège militait déjà pour obtenir que la zone située autour de l'île de Rost soit sanctuarisée comme une "zone sans pétrole" du fait de son importance écologique pour les oiseaux de mer (macareux en particulier), les stocks de poissons et les mammifèresmammifères marins. La découverte du récif Lophelia ne pourra que renforcer le poids et la légitimité de cette demande.

    La gestion optimale des zones cotières et des ressources naturelles est très dépendante de la disponibilité de cartes sous-marines détaillées. C'est pourquoi l'établissement d'urgence d'une cartographie approfondie de la plaque continentale située au large de la cote norvégienne s'avère nécessaire, et l'IMR, en étroite collaboration avec le Bureau de recherches géologiques et minièresBureau de recherches géologiques et minières norvégien (NGU ou Norges geologiske undersokelse) et le Bureau Hydrographique Norvegien (SKSK ou Statens Kartverk Sjokartverket), vient de proposer au Gouvernement la création d'un programme de cartographie à grande échelle de la plaque continentale norvégienne, appèle MAREANO. Le projet pilote implique également l'Autorité norvégienne de Contrôle de la Pollution (SFT), la Direction de la Gestion de l'Environnement (DN), la Direction de la Pêche et la Direction du Pétrole (OD) .

    Il s'agit d'établir une base de donnéesbase de données complète sur l'espace marin entourant les cotes norvégiennes Le programme MAREANO, dont les données devraient être accessibles sur InternetInternet, développerait 4 thèmes : profondeur, diversité biologique marine, pollution marine et ressources écologiques. Il s'adresserait à différents types d'utilisateurs : administrations publiques, industries de la pêche, secteur pétrolier, recherche, ONG environnementales et particuliers. Dans le projet, cette base de données serait ouverte à la participation de sources de connaissance issues des secteurs privés et publics, en rendant possible la modification ou l'ajout de données par des acteurs extérieurs, selon des procédures standardisées, de façon à sécuriser l'information. L'objectif affiché d'un tel programme est à terme de connaître exactement le paysage marin, car de nombreuses interrogations restent encore sans réponse, telles l'emplacement de barrières de coraux, de sites de pollution, ou concernant par exemple l'écologieécologie de certaines ressources biologiques valorisables. Il aura vocation à aider la Norvège à tirer parti du potentiel de valorisation de ses ressources marines.