Alors que Roselyne Bachelot présentait son plan, quatre maires du Gard ont déposé hier à Nîmes une plainte contre X pour "mise en danger de la vie d'autrui". Ils veulent des explications sur "ce qui s'est passé, afin que cela ne se reproduise pas". La ministre de l'Ecologie, Roselyne Bachelot a présenté hier dans le Gard un plan de lutte contre les inondations et une réforme de l'annonce des crues, gravement mise en cause par quatre maires du département sinistré.

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    Les maires d'Aramon, Comps, Montfrin et Théziers ont déposé conjointement, hier à Nîmes, une plainte contre X pour mise en danger de la vie d'autrui. Ils n'ont pas rencontré la ministre de l'Ecologie, qui s'est rendue dans une commune moins gravement touchée, Saint-Geniès de Malgoires, où la crue n'a pas fait de mort. 21 personnes ont trouvé la mort dans le Gard à cause des inondations. Les quatre maires reprochent aux pouvoirs publics de ne pas les avoir prévenus à temps, et mettent en cause des aménagements qui auraient aggravé l'événement, comme le tracé de la ligne TGV en vallée du Rhône. "Le maire d'Aramon a été prévenu 24 heures avant la rupture de la digue" (qui a noyé le village), a souligné Mme Bachelot à Nîmes. "Je ne souhaite pas entrer dans la polémique à ce sujet, le travail d'alerte à été fait", a-t-elle ajouté.
    Mme Bachelot a expliqué sa visite tardive dans le Gard, deux semaines après les inondations, par la décision prise "avec le Premier ministre" de venir "à l'heure du bilan" pour annoncer un plan de lutte contre les inondations, promue "grande cause nationale" du gouvernement.

    Des moyens insuffisants. L'annonce des crues, mise en cause par les maires, dispose pour toute la France de 150 personnes sur 52 centres. Les services "sont mal répartis et ne disposent pas de moyens humains suffisants", a reconnu Mme Bachelot. Le ministère va regrouper les 52 services actuels en 35 unités et renforcer leurs compétences techniques. Reste à engager la réforme des procédures d'alertes, jugées insuffisantes par les maires. Le préfet du Gard Jean-Pierre Hugues a réaffirmé que "tous les maires ont été alertés", mais a reconnu que "leur demande allait bien au delà". "J'ai eu au téléphone une élue qui demandait si elle devait évacuer au milieu de la nuit", a-t-il témoigné.

    Il n'y a pas d'échelle de gravitégravité pour les crues, accompagnée de conseils de comportement, comme c'est le cas pour les prévisions de MétéoMétéo-France. "On ne sait pas s'il faut chausser les bottes pour évacuer les lieux en barque", selon le maire de Saint-Geniès Marc Noguier.

    L'annonce des crues comporte trois niveaux : vigilance, pré-alerte et alerte. Les maires sont avertis seulement dans la dernière phase, l'alerte. Météo-France a réformé ses procédures après les tempêtes de 1999, avec des cartes de vigilance verte, jaune, orange et rouge. Le Gard possède un des meilleurs services d'annonce des crues, avec dix personnes et un réseau capable de traduire les informations recueillies sur le terrain par 38 stations en alerte en 5 minutes, contre une heure il y a un an. Mais au bout de la chaîne, l'information aux maires est lapidaire : un répondeur diffuse un message de type "crue sur les Gardons réunis". Construire des ouvrages de protection.

    Les maires ont aussi réclamé des aides pour protéger leurs communes. Ainsi, le maire de Sommières Alain Danivet a demandé la constructionconstruction d'une retenue supplémentaire en amont du bourg. A Saint-Geniès, une retenue, en projet depuis 1990, aurait permis de retenir 90 % de l'eau qui a déferlé sur le village, selon le maire. "Cela aurait coûté 5 millions d'euros, c'est beaucoup moins que les dégâts que nous avons subi", a-t-il expliqué à Mme Bachelot. "Vous recevrez un certain nombre d'appuis financiers permettant d'aménager des équipements", a promis la ministre. Le ministère prévoit d'affecter 130 M EUR sur 4 ans à des équipements de régulation du débitdébit, qui seront abondés par 400 M EUR des collectivités.