Les pays méditerranéens pourraient sauver, chaque année, des vies humaines et des milliards d'euros si leurs communautés locales étaient mieux formées et mobilisées en matière de prévention et de lutte contre les incendies de forêt, souligne aujourd'hui la FAO.

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    Armer les communautés locales contre les feux de forêt

    Armer les communautés locales contre les feux de forêt

    "Les pays au nord de la Méditerranée dépensent, chaque année, des milliards d'euros pour la lutte contre les incendies de forêt, mais seulement une infime partie de ces allocations servent à former les communautés rurales et urbaines", a déclaré l'expert forestier de la FAOFAO Mike Jurvelius."Vu que les gens sont la principale cause des incendies de forêt, la prévention et la lutte doivent impliquer en premier lieu les communautés qui vivent à proximité des forêts." Investir dans l'éducation en matièrematière de lutte contre les incendies de forêt réduira à coup sûr aussi bien le nombre de ces incendies que les coûts de leur extinction, a ajouté M. Jurvelius.

    Les feux de forêt détruisent chaque année jusqu'à 700 000 hectares en région méditerranéenne. Souvent, plus de 100 000 incendies éclatent durant la saison chaude. Dans certains pays, on enregistre plus de 20 000 feux de forêt par an.

    Pourquoi les forêts brûlent-elles?

    Les principales causes des feux de forêt en zone rurale sont la culture sur brûlis, les feux pour convertir les forêts en champs cultivables, les incendies d'origine criminelle ou provoqués volontairement pour améliorer la chasse, ainsi que les feux pour brûler des résidus ou des détritus.

    Les barbecues et les feux de camp provoquent eux aussi de nombreux incendies de forêt. Récemment, les incendies qui ont ravagé plusieurs centaines d'hectares de forêt en Espagne et provoqué la mort de plus d'une dizaine de pompiers ont été causés par des barbecues allumés par des inconscients.

    Depuis les années 1980, les fluctuations climatiques ont provoqué des changements plus fréquents de la direction des vents et entraîné des courants d'airair plus violents. Cela a rendu les feux de forêt plus sournois et plus dangereux, tout en compliquant la tâche des équipes de lutte. Cela a également alourdi le bilan des victimes des incendies.

    "Aussi longtemps que les gens ne réaliseront pas le danger qu'il y a à allumer un feufeu en plein air sans prendre de précautions, surtout en pleine canicule durant les mois d'été, la lutte contre les feux de forêt ne connaîtra qu'un succès limité et continuera à dépendre de moyens lourds et coûteux comme les interventions aériennes", a souligné M. Jurvelius.

    La formation

    Le coût d'une campagne d'éducation en matière de lutte contre les feux de forêt est dérisoire comparé aux coûts d'un Canadair (en moyenne 3 500 euros/heure de vol) ou à l'achat d'un gros hélicoptèrehélicoptère (20 millions d'euros). "Avec le prix d'un hélicoptère, on pourrait former dix millions de personnes en prévention et lutte contre les feux de forêt", a fait remarquer M. Jurvelius, non sans une pointe d'humour.

    Il convient d'apprendre aux communautés forestières locales à éloigner de leurs habitations les matériaux combustiblescombustibles susceptibles de s'enflammer en cas de sinistre et mettre en place des barrières coupe-feucoupe-feu en éliminant notamment la végétation en certains points. Les espaces dégarnis serviraient, en outre, de voies de repli pour les populations.

    L'accent doit être mis sur l'éducation des femmes car, à leur tour, elles éduquent les enfants en matière de prévention des feux de forêt et elles jouent également un rôle important en cas d'évacuation.

    De gigantesques incendies ont réduit en cendre plus de 100 000 hectares de forêt en Grèce et en Bulgarie en 2000. Au lendemain de cette catastrophe, la Grèce a lancé une vaste campagne d'éducation en matière de prévention et de lutte au niveau national. Grâce à cette campagne, en 2004, 10 000 hectares seulement de forêts ont été ravagés par les flammes.

    La FAO a invité les gouvernements à élaborer des directives volontaires pour la gestion des feux de forêt et à allouer des ressources pour les campagnes de sensibilisation, ressources qui seraient puisées dans les fonds consacrés à l'élimination des feux de forêt.

    Il s'agit, en somme, de prévenir plutôt que guérir. Des systèmes d'alerte rapide renseigneraient, en outre, les populations sur les risques d'incendie durant les périodes critiques. Quant aux feux de camp, ils devraient être strictement prohibés.

    En Syrie et en Bulgarie, la FAO aide actuellement les services officiels concernés à mettre en place des campagnes de sensibilisation. Elle prodigue, en outre, des conseils à l'Italie et au Portugal où des initiatives similaires sont en cours.