Pour la première fois, la preuve est donnée que les chimpanzés, comme les êtres humains, sont sensibles aux comportements violents, en particulier ceux dirigés vers les plus jeunes. Ces résultats permettent de mieux comprendre comment, chez l'Homme, la morale et les normes sociales ont pu évoluer.

au sommaire


    Les chimpanzés réagissent davantage lorsqu’un membre de leur groupe est en danger. © Alain Houle, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

    Les chimpanzés réagissent davantage lorsqu’un membre de leur groupe est en danger. © Alain Houle, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

    À l'aide de supports vidéos, des chercheurs ont démontré que des chimpanzés (Pan troglodytesPan troglodytes) sont sensibles aux infanticides, indique une étude parue dans Human Nature. Les êtres humains ne seraient donc pas l'unique espèce de primate capable de faire la différence entre le bien et le mal.

    Le protocoleprotocole a consisté à faire visionner plusieurs fois à des chimpanzés en captivité des clips audiovisuels montrant des scènes impliquant des individus de leur espèce qui leur sont inconnus. Les scènes étaient de deux natures, à savoir neutre (individus en marche, casse de noixnoix) ou violente (dispute entre adultes, chasse d'un colobe -- une autre espèce de singe -- et infanticide de chimpanzé). L'analyse des réactions des spectateurs révèle qu'ils passent jusqu'à quatre fois plus de temps devant la scène d'infanticide de leur congénère que devant les autres.

    Les chimpanzés peuvent avoir des altercations entre adultes ou attaquer les petits. © Caelio, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

    Les chimpanzés peuvent avoir des altercations entre adultes ou attaquer les petits. © Caelio, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

    Améliorer la compréhension des normes sociales humaines

    Pour les scientifiques, ces résultats prouvent que les individus testés ont distingué et réagi à une attaque en particulier -- celle envers un jeune congénère -- parmi d'autres formes d'agressions et de comportements nuisibles. De tels événements ne correspondent pas aux attentes sociales de tolérance normalement accordées aux jeunes, expliquent les chercheurs. Il s'agit d'une forme primaire de normes sociales où les individus réagissent en tant que témoins d'une violation de la norme. Cela signifie que les chimpanzés ont une attente de la façon dont d'autres individus devraient se comporter.

    En revanche, les singes n'ont pas pour autant répondu aux cris du petit harcelé. Pour Claudia Rudolf von Rohr, chercheuse à l'université de Zurich, en Suisse, et auteur principal de l'article, « les chimpanzés détectent les violations de la norme au sein de leur groupe ainsi que dans un groupe d'individus inconnus, mais ils ne répondent émotionnellement à de telles violations de normes qu'au sein de leur propre groupe ».

    Ces tests sur nos plus proches parents enrichissent les connaissances sur l'évolution de la morale humaine et des normes sociales propres à notre espèce. D'autres investigations pourraient aider à comprendre l'évolution de certaines règles particulières ou les comportements d'interactions entre individus.

    Image du site Futura Sciences