Beaucoup s’en doutaient, les chiffres de la Nasa et la NOAA le démontrent : 2015 pulvérise le record de l’année la plus chaude jamais enregistrée. Même sans les variations naturelles du phénomène El Niño, le précédent record de 2014 aurait été battu, indiquent les spécialistes. La tendance à long terme du réchauffement climatique se confirme et, selon une étude, il ne faut pas espérer l’arrivée de la prochaine ère glaciaire avant 100.000 ans !

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    Sans surprise, 2015 fut l'année la plus chaude jamais enregistrée depuis 1880, ont annoncé le 20 janvier 2016, la Nasa et la NOAA (National Oceanic and Atmospheric AdministrationNational Oceanic and Atmospheric Administration). Les deux institutions viennent en effet de rendre publics leurs rapports qui prennent en considération toutes les mesures de température à la surface des océans et des continents à travers plus de 6.300 stations météorologiques, Arctique et Antarctique inclus. L'agence spatiale américaine utilise un algorithme qui prend en compte des variables comme la température des villes, différente de celles des campagnes pour une même région. Quant à la NOAA, une grande partie des mêmes données sont reprises mais les méthodes d'analyse de celles issues des pôles et des températures globales sont différentes.

    Comme cela était donc pressenti au fil des mois qui s'écoulaient, la température moyenne globale de 2015 a pulvérisé le précédent record de 2014 avec une hausse de 0,13 °C par rapport à cette année-là. Cela confirme la tendance au réchauffement global de notre planète provoqué par les injections massives de gaz à effet de serre, principalement d'origine anthropique (c'est-à-dire sous l'action de l'Homme) depuis la fin du XVIIIe siècle. La plupart des records ont été enregistrés ces 35 dernières années, notamment depuis 2001 avec les 15 années les plus chaudes sur les 16 écoulées.

    Depuis les premiers relevés en 1880, la température n'a cessé d'augmenter et vient de passer le cap symbolique des 1 °C. Il nous faut plus que jamais agir pour ne pas aller au-delà d'un degré supplémentaire a encore expliqué Charles Bolden, administrateur de la NasaNasa. « Cette annonce souligne à quel point le programme de la Nasa d'observation de la Terreobservation de la Terre est crucial. C'est un point clé de données qui devrait faire se lever les décideurs politiques pour prendre acte que, maintenant, il est temps d'agir pour le climat. »

    À l'instar de 1998, l'actuel puissant épisode d'El Niño n'est sans doute pas étranger à cette douceur qui a marqué la plupart des mois de 2015 (10 mois sur 12 ont en effet battu les records historiques) mais c'est un phénomène à court terme a rappelé Gavin Schmidt qui dirige le GISSS (Goddard Institute for Space Studies) de la Nasa : « Les températures de l'année dernière ont été aidées par El Niño mais c'est l'effet cumulatif de la tendance à long terme qui a abouti au réchauffement record que nous voyons ».


    Évolution des températures dans le monde entier depuis les premiers relevés en 1880. Les tons orangés signalent les températures plus élevées que la moyenne de la période de référence (1951-1980). Les bleus indiquent celles qui sont inférieures. © Scientific Visualization Studio, Goddard Space Flight Center

    La prochaine ère glaciaire : dans 100.000 ans

    Paradoxalement, avant que l'actuel changement climatiquechangement climatique ne soit avéré, plusieurs chercheurs craignaient, à l'époque des Trente glorieuses, que nous ayons à souffrir dés le XXIe siècle d'un refroidissement global - la séquence interglaciaire commencée quelque 12.000 ans auparavant étant sur le point de s'achever comme le prédit le cycle de Milankovichcycle de Milankovich, pour laisser la place à un nouvel âge de glace. Cela aurait dû se passer ainsi mais c'était sans compter sur nos émissionsémissions de gaz à effet de serre.

    Dans un article publié dans Nature, une équipe de climatologuesclimatologues ayant travaillé sur plusieurs simulations vient de montrer qu'en réalité la prochaine ère glaciaire devrait prendre beaucoup de retard et ne pas commencer avant 100.000 ans !

    La situation actuelle est semblable à celle qui régnait voici 800.000 ans et devrait donc emprunter le même chemin d'une nouvelle glaciationglaciation de vastes territoires nord-américains, nord-européens et sibériens. Cependant, puisque le taux de gaz à effet de serre a significativement augmenté depuis la révolution industrielle, leur pouvoir radiatif fait la différence et repousse considérablement ce refroidissement. De 280 ppmppm (particules par million) il y a 800 millénaires, le taux a en effet franchi la barre symbolique des 400 ppm pour la première fois en 2015. La tendance n'a pas l'airair de ralentir car les émissions battent aussi de nouveaux records chaque année. Sans oublier que la duréedurée de séjour du dioxyde de carbone dans l'atmosphèreatmosphère est d'environ 100 ans. Il semble que nous soyons bien entrés dans l'anthropocèneanthropocène, une ère où l'Homme est la principale force géologique de la Planète qu'il habite.