La pollution plastique et le réchauffement climatique apparaissent comme deux fléaux de nos sociétés modernes. Et des chercheurs confirment aujourd’hui à quel point les deux problématiques sont intimement liées. À l’origine des deux, notre manière de surconsommer des ressources pourtant finies. Pour sortir de l’impasse, nous devrons trouver des solutions communes.


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    À quelques jours de l'ouverture de la 26e Conférence des Parties signataires de la convention-cadre des Nations unies pour les changements climatiques, la COP26, le réchauffement climatique est sur toutes les lèvres. Mais une autre menace plane sur notre Planète : celle de la pollution plastiqueplastique. Et une équipe internationale de chercheurs nous propose même aujourd'hui de nous interroger sur l'effet cumulatif du réchauffement climatique et de la pollution plastique. Les scientifiques ont en effet identifié trois manières importantes dont ces deux crises sont liées.

    Il y a d'abord bien entendu le fait que le marché du plastique, de sa production à son élimination, est à l'origine d'importantes émissionsémissions de gaz à effet de serre. Or nous le savons désormais résolument, le réchauffement climatique que nous vivons est le résultat de ces émissions. « Réchauffement climatique et pollution plastique viennent d'un problème unique, d'une matièrematière première principale : le pétrolepétrole », rappelle ainsi Andrew Davies, chercheur à l'université de Rhode Island (États-Unis), dans un communiqué.

    L’impact du climat pour la pollution plastique

    Les chercheurs montrent ensuite que les conditions météorologiques extrêmes, comme les ouragans ou les inondations, ont tendance à disperser et à aggraver la pollution plastique. Lorsqu'une tempête se déchaîne ou que tombent des pluies diluviennes, en effet, bon nombre de déchets sont balayés vers nos rivières et nos côtes. Parmi eux, des déchets plastiques qui mettent un temps incroyablement long à se décomposer dans la nature. Ainsi certains se retrouvent à circuler dans les océans ou à se déposer dans les fonds marins. Ils endommagent les habitats et blessent ou tuent des espècesespèces marines.

    En 2018, par exemple, la tempête Emma, qui s'est abattue sur le nord du Pays de GallesGalles, a détruit une marina. « Toute la zone a été inondée de particules flottantes de polystyrènepolystyrène blanc. Le risque immédiat : voir une espèce envahissanteespèce envahissante jusqu'alors contrôlée se transporter ainsi plus loin », explique Coleen Suckling qui a également pris part aux travaux.

    Enfin, réchauffement climatique et pollution plastique ont des effets indésirables sur les espèces marines et sur les écosystèmesécosystèmes. Les chercheurs préviennent en la matière que si les organismes des mers sont déjà soumis à rude épreuve par le changement climatique, leur ajouter la problématique de la pollution plastique pourrait les pousser au-delà du seuil de ce à quoi ils sont capables de faire face.

    L’impact des microplastiques sur le climat

    En parallèle, d'autres chercheurs, de l'université de Canterbury (Nouvelle-Zélande) cette fois, se sont interrogés sur les effets des microplastiquesmicroplastiques présents dans l'airair. Parce que oui, plusieurs études ont récemment montré que les plastiques ne polluent pas seulement les terresterres et les mers. Ils sont aussi dispersés dans l'air que nous respirons. Partant de là, pourquoi n'auraient-ils pas, comme d'autres aérosolsaérosols -- les cendres des éruptions volcaniqueséruptions volcaniques ou les embruns marins --, des effets sur le climatclimat.

    Le saviez-vous ?

    Les scientifiques qualifient de microplastiques, de minuscules fragments libérés lors de la dégradation de déchets plastiques. Ils sont suffisamment légers pour être transportés par le vent sur de grandes distances. Ils peuvent même, après un passage dans les eaux, retourner vers l’atmosphère par le biais des embruns. Et être poussés jusque dans les neiges de l’Arctique ou sur les sommets de l’Himalaya.

    Les chercheurs concluent que comme les autres aérosols, les microsplastiques agissent généralement comme « de minuscules boules disco ». Ils renvoient la lumièrelumière du soleilsoleil vers l'espace. Avec un effet refroidissant sur notre Terre. Mais, comme le fait le noir de carbonecarbone -- c'est ainsi que les scientifiques appellent la suiesuie -- certains microplastiques absorbent la lumière du soleil, contribuant ainsi à l'effet de serreeffet de serre et au réchauffement climatique.

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    L’injection de soufre dans l’atmosphère va-t-elle nous sauver du réchauffement climatique ?

    La question de l'impact des microplastiques sur la chimiechimie même de notre atmosphèreatmosphère reste, elle, encore en suspens. Avec des concentrations pouvant parfois aller jusqu'à des milliers de fragments par mètre cube -- sur des mesures réalisées à Londres (Royaume-Uni) et à Pékin (Chine) --, les chercheurs pensent en effet que les microplastiques pourraient interagir avec les nuagesnuages ou servir de surfaces sur lesquelles des réactions chimiques pourraient se produire.

    La concentration actuelle de microplastiques dans l'atmosphère reste toutefois faible aujourd'hui. Ces microplastiques-là n'ont donc qu'une très faible influence sur le climat mondial à ce stade. Mais étant donné les projections d'un doublement des déchets plastiques au cours des trois prochaines décennies, les chercheurs estiment que les microplastiques auront alors un impact plus important sur le système climatique de la Terre, à moins que nous ne prenions des mesures pour lutter contre la pollution plastique.

    Nous avons besoin de solutions communes.

    « La véritable question n'est pas de déterminer laquelle de la crise climatique ou de celle de la pollution au plastique est le plus critique. Il s'agit de reconnaître que les deux sont interconnectées et nécessitent donc des solutions communes », conclut Heather Koldewey, chercheur à la Société zoologique de Londres (Royaume-Uni). Des collaborations internationales seront indispensables à résoudre ces problèmes qui écoulent essentiellement de notre surconsommation de ressources finies.