Le plus grand glacier d'Aletsch agonise, subissant les effets du réchauffement climatique. Les chercheurs de l'ETH Zurick ont voulu savoir à quoi ressemblera le grand glacier d’Aletsch d’ici la fin du siècle ? Les projections, sans surprise, ne sont guère optimistes : dans le meilleur des cas, il n'en restera que 50 %, dans le pire... quelques misérables plaques de glace.


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    L'impressionnant glacier d'Aletsch, le plus grand glacier des Alpes, situé en Suisse dans le canton du Valais, pourrait complètement disparaître d'ici à la fin de ce siècle si rien n'est fait pour freiner le réchauffement climatique, ont averti jeudi des chercheurs suisses. Ils ont procédé à des simulations recourant à des techniques de pointe pour mettre en évidence les bouleversements que subira le glacier, d'une superficie de 86 km2 et dont la massemasse est évaluée à 11 milliards de tonnes de glace, si le réchauffement climatique persiste, a expliqué dans un communiqué l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (ETH).

    Partie médiane du glacier avec au fond, la Konkordiaplatz, Dirk Beyer, GFDL et CC by-sa 2.5
    Partie médiane du glacier avec au fond, la Konkordiaplatz, Dirk Beyer, GFDL et CC by-sa 2.5

    De bien lugubres scénarios

    La langue du glacier a reculé d'environ un kilomètre depuis le début du siècle. Les scientifiques prédisent que cette fontefonte va se poursuivre même si le monde est capable de remplir les objectifs de l'accord de Paris sur le climat de 2015 visant à contenir sous la barre des 2 degrés le réchauffement climatique par rapport aux niveaux pré-industriels. Les chercheurs de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich assurent que, même d'après le scénario le plus optimiste, le glacier pourrait perdre 50 % de son volumevolume et de sa longueur d'ici à 2100, tandis que dans le pire des cas, il ne restera plus que « deux minables plaques de glace ».

    Dans le pire des cas, il ne restera plus que "deux minables plaques de glace"

    Dans une précédente étude, les chercheurs de cet établissement universitaire avaient déterminé que 90 % des quelque 4.000 glaciers des Alpes auraient disparu d'ici à 2100 si rien n'était fait pour réduire les émissionsémissions de gaz à effet de serre. L'étude rendue publique jeudi porteporte spécifiquement sur le glacier d'Aletsch. Guillaume Jouvet et Matthias Huss, du Laboratoire d'hydraulique, d'hydrologie et de glaciologie de l'Ecole ont procédé à des simulations en 3D qui font apparaître le recul du glacier en fonction de différents scénarios de réchauffement climatique établis pour la Suisse.

    Vue aérienne du glacier d'Aletsch le 16 novembre 2018. © Fabrice Coffrini, AFP, Archives
    Vue aérienne du glacier d'Aletsch le 16 novembre 2018. © Fabrice Coffrini, AFP, Archives

    Une fonte inexorable même avec un climat stabilisé

    Leurs modèles en 3D montrent le rétrécissement spectaculaire du glacier vu depuis les sommets de l'Eggishorn (2.927 mètres d'altitude) et du Jungfraujoch (3.466 m) au cours des huit prochaines décennies. Les chercheurs se sont fondés sur trois scénarios déterminés par différentes concentrations de CO2 dans l'atmosphère.

    Même si le réchauffement est contenu sous les deux degrés et le climat stabilisé d'ici à 2040, il faut partir de l'hypothèse que le glacier d'Aletsch continuera de reculer jusqu'à la fin du siècle, a souligné M. Jouvet, rappelant que les grands glaciers réagissent avec retard au changement climatique.

    Cela signifie qu'à la fois « le volume et la longueur seront diminués de plus de la moitié par rapport à aujourd'hui ». Mais, si en Suisse, la température augmente de quatre à huit degrés d'ici à 2100, « un scénario défavorable mais malheureusement parfaitement réaliste »,  a-t-il ajouté. Seules deux « misérables plaques de glace » subsisteront. La Konkordiaplatz (voir photo plus haut), une vaste étendue encore recouverte d'une épaisseur de 800 mètres de glace située juste derrière le Jungfraujoch, en sera totalement dépourvue, a prévenu Guillaume Jouvet.

    Le déclin marqué du glacier vu depuis Eggishorn. © Guillaume Jouvet, ETH Zurich

    Chaussez vos crampons, nous partons dans les Alpes et les Dolomites

    Les verticales Trois cimes, symbole des DolomitesLes Dolomites : le mont Paterno, un lieu chargé d’histoireAu pied du glacier de la Grande Casse en SavoieLe glacier de la Marmolada, le plus haut sommet des DolomitesLe lac Noir et le massif de la Lauzière, en SavoieLe col des Prés dans le massif des BaugesCoucher de soleil sur le Col du GalibierLe plateau d’Emparis, dans les Hautes-AlpesLe lac du Crozet et son histoire dans le massif de BelledonneLe Roc d'Enfer dans le Massif du Chablais en Haute-Savoie
    Les verticales Trois cimes, symbole des Dolomites

    Culminant à 2.999 m d'altitude, entre la Vénétie et le Sud-Tyrol, les Trois Cimes (Tre Cime di Lavaredo) sont le symbole des Dolomites. Ces « montagnes pâles » comme elles étaient appelées avant que le géologuegéologue français du XVIIIe siècle, Déodat Gratet de Dolomieu, ne les étudie, prennent naissance sur un socle élevé à environ 2.300 m. Elles se dressent curieusement comme des menhirs tombés du ciel, fichés dans le socle montagneux de dolomiedolomie. La première ascension de la Grande Cime a été réalisée, en 1869, par Paul Grohmann, Franz Innerkofler et Peter Salcher.

    Il est possible d'admirer toutes les faces de ce triptyque et d'en faire le tour en empruntant des itinéraires balisés. Une soixantaine de via ferrata (voies aménagées avec des câbles et des barreaux sur les parois rocheuses) ont été répertoriées dans les Dolomites, certaines existent depuis le XIXe siècle. La via ferrata De Luca-Innerkofler est la plus empruntée, relativement facile au départ du refuge de Locatelli, avec possibilité d'enchaîner vers l'est avec le Sentier des brèches.

    De nombreux parcours sont praticables avec des guides de haute montagne, y compris pour les personnes à mobilité réduite. © Pierre Thiaville, tous droits réservés