Symbiodinium thermophilum, une espèce d'algues marines récemment découverte, permet aux coraux du golfe Persique de survivre dans des eaux parmi les plus chaudes de la Planète. Une capacité qui redonne espoir quant à l'avenir des récifs coralliens de cette partie du monde.

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    Les récifs coralliens, visibles ici dans le lagon de l'île volcanique de Bora-Bora, en Polynésie française, sont composés de nombreuses espèces de coraux qui forment des écosystèmes marins complexes et parmi les plus riches en biodiversité. Importants puits de carbone, ils stockent du CO2 atmosphérique et diminuent ainsi le réchauffement climatique... tant qu'ils arrivent à lui survivre. © Samuel Etienne, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

    Les récifs coralliens, visibles ici dans le lagon de l'île volcanique de Bora-Bora, en Polynésie française, sont composés de nombreuses espèces de coraux qui forment des écosystèmes marins complexes et parmi les plus riches en biodiversité. Importants puits de carbone, ils stockent du CO2 atmosphérique et diminuent ainsi le réchauffement climatique... tant qu'ils arrivent à lui survivre. © Samuel Etienne, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

    Elle s'appelle Symbiodinium thermophilum. Son nom vient de sa capacité à résister à de hautes températures. Cette nouvelle espèce d'algues marines découverte dans le golfe Persique est en effet capable de supporter 36 °C et plus. Une aptitude physiquephysique qui permet aux coraux au sein desquels elle vit de supporter la chaleurchaleur de leur environnement, rapporte une étude publiée dans Scientific Reports.

    Les récifs coralliens en eaux peu profondes sont connus pour dépendre de la symbiose obligatoire entre un hôte corallien,un cnidaire, et une algue du genre Symbiodinium (les zooxanthelles). Cette association naturelle est très sensible aux perturbations thermiques : seulement 1 °C au-dessus des moyennes estivales maximales suffit à rompre cette symbiose et à conduire à la mort de certains coraux, un phénomène appelé « blanchissement corallien ».

    Or, les coraux abritant Symbiodinium thermophilum résisteraient mieux au réchauffement océanique. « Nous avons suivi [ce] partenariat symbiotique sur plusieurs saisonssaisons pour s'assurer que cette association était stable à travers une gamme de conditions thermiques », précise John Burt, chercheur à l'université de New York Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, et co-auteur de l'article. Les scientifiques confirment à l'issue de leurs travaux que ce nouveau type d'algue est le symbiote qui prévaut toute l'année parmi d'autres espèces dominantes du golfe Persique.

    Les algues cellulaires du genre <em>Symbiodinium</em> vivent une relation mutuellement bénéfique dans les tissus (mésentère) d'organismes coralliens, ici, ceux d'un cnidaire : les symbiotes produisent des sucres nutritifs et le corail leur procure un abri et des nutriments essentiels à leur croissance. © Allison M. Lewis, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

    Les algues cellulaires du genre Symbiodinium vivent une relation mutuellement bénéfique dans les tissus (mésentère) d'organismes coralliens, ici, ceux d'un cnidaire : les symbiotes produisent des sucres nutritifs et le corail leur procure un abri et des nutriments essentiels à leur croissance. © Allison M. Lewis, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

    Hausse de température, pollution, surpêche : des facteurs de stress

    À cause des activités humaines et des changements climatiqueschangements climatiques, les récifs coralliens subissent un déclin rapide à l'échelle mondiale. Environ la moitié de ces structures coralliennes étaient en effet considérées en mauvaise santé à la fin du XXe siècle. « Comprendre comment les coraux survivent dans les températures extrêmes du golfe nous donnera des indications importantes sur la capacité des récifs coralliens à gérer le stressstress thermique », se réjouit Jörg Wiedenmann, océanographe à l'université de Southampton, au Royaume-Uni, et autre co-auteur de la publication.

    Pour ces chercheurs, constater que les coraux ont davantage de façons de s'adapter au réchauffement océanique donne de l'espoir quant à leur futur. Cependant, ils rappellent que ces êtres vivants sont soumis à bien d'autres stress environnementaux tels que la pollution, la surpêchesurpêche ou encore l'aménagement du littoral et que ce n'est qu'en réduisant ces différents types de perturbations que les coraux seront en mesure de bénéficier de leur capacité d'adaptation aux changements climatiques.