Une méthode de production d'hydrogène par électrolyse de l'eau de mer conjointe à des réactions avec certains minéraux permettrait, tout à la fois, de stocker de l'énergie et de soustraire du gaz carbonique de l'atmosphère. En bonus, elle permettrait de diminuer l'acidité des océans.

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    En ce XXIe siècle, l'Humanité est prise entre le marteau et l'enclume. D'un côté, sa consommation d'énergieénergie doit augmenter pour donner une vie décente aux bientôt neuf milliards de Terriens et de l'autre il va nous falloir rapidement arrêter d'utiliser des sources d’énergies fossiles carbonées alors qu'elles sont les plus efficaces, et de loin, pour atteindre ce but. En effet, le réchauffement climatique produit par l'utilisation des énergies fossiles tout au long du XXe siècle va provoquer des crises sans précédent dans l'histoire de l'Homme si l'on continue à injecter massivement du CO2 dans l'atmosphère (sans parler d'une extinction massive dans la biosphère, déjà amorcée).

    Les énergies renouvelables, seules, ne nous permettront pas de relever ces défis, il va nous falloir développer massivement l'énergie nucléaire en complément. Sans être totalement pessimistes, nous pouvons penser que nous n'arriverons pas vraiment à nous passer des énergies fossiles et que d'autres solutions doivent être envisagées. La géo-ingénierie est un jeu d'apprenti sorcier auquel il n'est nullement assuré qu'elle ne soit en fait pas pire que le problème qu'elle veut résoudre. Même si elle permettait de refroidir la Planète, il resterait le redoutable problème de l'acidification des océans qui menace des formes de vie essentielles pour la biosphère, à savoir le planctonplancton et les coraux, et donc l'Homme.


    Michael Shellenberger, autrefois opposé à l'énergie nucléaire, a changé d'avis sous la pression des faits. Il nous explique pourquoi il nous faut développer cette technologie pour lutter contre le réchauffement climatique. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © TEDx Talks

    La carte des émissions négatives de gaz carbonique

    On peut penser, comme l'a recommandé le Giec, que l'une des cartes à jouer serait celle d'un développement des technologies d'émissionémission négative, si l'on peut dire. L'idée, c'est de trouver un moyen de produire de l'énergie tout en faisant l'inverse de ce que la précédente révolution industrielle a fait, c'est-à-dire retirer du gazgaz carbonique de l'atmosphère et des océans. En anglais, on désigne cette stratégie sous le terme de BECCS (Bio-energy with carbon capture and storage).

    Il s'agirait d'utiliser des plantes, éventuellement modifiées par génie génétiquegénie génétique, tout à la fois pour absorber du CO2 et produire des biocarburantsbiocarburants efficacement. Ceux-ci seraient brûlés dans des centrales équipées pour capturer le dioxyde de carbonedioxyde de carbone produit, qui serait ensuite séquestré géologiquement comme la Nature l'a déjà fait, il y a des centaines de millions d'années, en formant les gisementsgisements de charboncharbon et bien sûr de pétrolepétrole et de gaz.

    Une équipe de chercheurs états-uniens vient cependant de publier dans Nature Climate Change un article proposant une technique d'émission négative différente et, selon eux, nettement plus efficace en ce qui concerne la production d'énergie. Elle est du ressort de ce que l'on pourrait appeler de l'électro-géochimie.

    Il s'agirait d'utiliser de l'énergie électrique, dans le meilleur des cas produite par un mix solaire-éolien-nucléaire, pour électrolyser de l'eau de mer et produire de l'hydrogènehydrogène. Cet hydrogène pourrait être stocké en attendant d'être utilisé par des piles à combustibles (on sait que beaucoup de recherches ont été menées et le sont encore à ce sujet) et servirait de source et de vecteur d'énergie secondaireénergie secondaire.

    Jusque-là rien de nouveau, mais la différence vient de ce que les chimistes ont découvert : une série de réactions entre les produits de l'électrolyseélectrolyse de l'eau de mer et des minérauxminéraux, des carbonates ou des silicatessilicates, qui conduit, tout à la fois, à la capture du gaz carbonique atmosphérique et à la production de bicarbonatebicarbonate injectable dans l'océan. Cette injection permettrait de lutter contre l'acidification des océans.

    CeriseCerise sur le gâteau, selon les chercheurs, la production d'énergie en utilisant leur technique d'émission négative serait 50 fois plus efficace que les techniques de BECCS proposées jusque-là. Ce n'est toutefois qu'une estimation de principe car, pour le moment, ce qu'ils proposent n'a été testé qu'en laboratoire et il reste au moins à prouver que l'on peut développer ces applicationsapplications à suffisamment grande échelle.