Une nouvelle espèce de cœlacanthe, poisson proche des vertébrés terrestres, vient d’être découverte un peu par hasard aux États-Unis. Reidus hilli serait seulement âgé de 100 millions d’années, un record de jeunesse au Texas. L’histoire mérite d’être contée. 

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    Certaines découvertes se font par le plus grand des hasards. Robert Reid, un habitant de la ville de Fort Worth dans le Texas, se promenait sur le site de constructionconstruction de sa nouvelle maison lorsqu'une pierre comportant un fossile a attiré son attention. Ne sachant pas l'identifier, bien que collectionneur averti, il a transmis son précieux bloc au Roy M. Huffington Department of Earth Sciences de la SouthernSouthern Methodist University.

    Le fossile a terminé son parcours entre les mains de John Graf, pour son plus grand plaisir. La pierre contenait plusieurs fragments d'os crâniens de ce qui semblait être un poisson. Des analyses plus poussées de la plaque gulaire, une structure osseuse se trouvant entre les mâchoires inférieures de certains poissons dits primitifs, ont alors confirmé son hypothèse de départ. Les restes appartiendraient à un cœlacanthe inconnu, désormais décrit dans la revue Historical Biology. Ces animaux, dont l'apparition sur Terre remonte à plus de 400 millions d'années, possèdent en effet une plaque gulaire lenticulaire caractéristique. 

    En hommage à son découvreur, cette 81e espèce connue de cœlacanthe a reçu le nom de Reidus hilli. Ce groupe a pendant longtemps été considéré comme éteint depuis la crise du Crétacé-Tertiaire, voici 65,5 millions d'années. Cependant, des individus vivants ont été découverts en 1938 au large de l'Afrique du Sud. Depuis, des pêcheurs auraient capturé environ 230 poissons dans l'océan Indien. On pensait l'espèce « disparue » car elle se cache maintenant à de grandes profondeurs. 

    Le fossile ayant permis la description de <em>Reidus hilli</em>, une nouvelle espèce de cœlacanthe. Cet animal appartenait à la famille des dipluridés, un nom donné en hommage au plus jeune cœlacanthe du Trias, le <em>Diplurus</em>. © <em>SMU Research Blog</em>

    Le fossile ayant permis la description de Reidus hilli, une nouvelle espèce de cœlacanthe. Cet animal appartenait à la famille des dipluridés, un nom donné en hommage au plus jeune cœlacanthe du Trias, le Diplurus. © SMU Research Blog

    Un cœlacanthe marin de petite taille

    Deux détails manquent encore pour que l'histoire de la découverte soit complète : l'âge et la classification précise du fossile. La pierre a été trouvée dans la formation géologique de Duck Creek. Ce site se compose, sur 12 m d'épaisseur, d'une succession de schistesschistes argileux et de couches calcairescalcaires formées à partir de sédiments marins. Le Texas était en effet, voici 100 millions d'années, submergé par la Voie maritime intérieure de l'Ouest (une mer divisant l'Amérique du Nord en deux dans le sens nord-sud). Les restes fossiles appartiendraient au plus jeune cœlacanthe, il a vécu au Crétacé inférieur, ayant été trouvé dans cet État américain. Le précédent record était détenu par un poisson du TriasTrias, soit d'environ 200 millions d'années. 

    Le crânecrâne du Reidus hilli devait approximativement mesurer 45 mm de long pour 26 mm de large. La longueur totale de son corps aurait été d'environ 40 cm. Par ses caractères morphologiques observés, ce poisson proche des vertébrés terrestres a été classé parmi les dipluridés, une nouvelle famille créée pour l'occasion. Ce taxontaxon comblerait une position laissée vacante dans l'évolution entre les mawsoniidés et les latimeriidés, même si les membres de ces groupes étaient plus grands (1 à 3 m de long). 

    La diversité des cœlacanthes au Crétacé pourrait ainsi avoir été plus importante qu'on ne le pense. Par ailleurs, Reidus hilli a été trouvé dans les restes d'un environnement marin. Or, les plus vieilles espèces de ce groupe vivaient plutôt dans des eaux douces. Les cœlacanthes auraient donc pu tout doucement migrer vers les milieux océaniques au Crétacé.