Conservés dans un morceau d'ambre, des fragments de plumes de cent millions d'années ont permis à des chercheurs de l’Université de Rennes de reconstituer un maillon dans l’évolution des plumes de dinosaures à celles des oiseaux.

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    Les plumes primitives découvertes dans l'ambre du crétacé (100 millions d'années), en Charente-Maritime. Crédit : Vincent Perrichot/Didier Néraudeau CNRS

    Les plumes primitives découvertes dans l'ambre du crétacé (100 millions d'années), en Charente-Maritime. Crédit : Vincent Perrichot/Didier Néraudeau CNRS

    Aussi incroyable que cela puisse paraître, on possède depuis un certain nombre d'années des fragments de plumes datant de l'époque des dinosaures, piégés dans de l'ambre fossile en provenance des Etats-Unis et même de la France. De tels fossiles sont devenus encore plus excitants lorsqu'on a retrouvé des squelettes de petits dinosaures en Chine clairement associés à des empreintes de plumes. L'hypothèse déjà avancée au XIXè siècle d'une filiation directe entre les dinosaures théropodes et les oiseaux modernes devenait un fait bien établi. On pouvait dès lors se prendre à rêver : parmi les fragments de plumes retrouvés, certains n'auraient-ils appartenus à des dinosaures ? Pouvait-on imaginer trouver un jour des plumes de vélociraptor, les dinosaures carnivores mythique de Jurassic Park ?

    Récemment, des fragments d'ambre vieux de cent millions d'années avaient été extraits en 2000 d'une carrière de Charente-Maritime par Didier Néraudeau de l'Université de Rennes et par Vincent Perrichot du Museum für Naturkunde de Berlin. Grâce aux rayons Xrayons X produits par le synchrotron de Grenoble, ces restes avaient fourni de remarquable images d'insectes piégés dans l’ambre. Les chercheurs ont continué leurs travaux avec la même méthode sur 7 fragments de plumes retrouvées dans l'ambre de la même provenance.

    Des détails micrométriques

    Déjà en 2004, Loïc Marion de l'Université de Rennes avait fait remarquer que ces fragments de plume possédaient des caractéristiques différentes de celles que l'on connaît chez les oiseaux modernes. Avec Paul Tafforeau, du synchrotron de Grenoble, les trois chercheurs ont donc analysé d'un peu plus près ces mystérieuses plumes. Ils ont obtenu des images en trois dimensions et une résolutionrésolution remarquable puisque des détails de l'ordre du micronmicron étaient visibles.

    Sans démontrer qu'il s'agit bien de plumes de dinosaures, les nouvelles données obtenues montrent que ces restes ne provenaient pas d'un oiseauoiseau, au sens classique du terme. Les chercheurs pensent donc qu'il s'agit au moins de façon sûr d'une espèceespèce primitive proche des dinosaures bipèdes, faisant la preuve du passage des plumes primitives, de type duvet, aux plumes modernes. Quel que soit le propriétaire de ces plumes, il était bien un intermédiaire entre dinosaures et oiseaux...