Après bien des hésitations, les paléontologistes sont aujourd’hui formels : les trois cornes du tricératops étaient bien des armes, même si un rôle d’apparat n’est pas exclu.

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    Observez n'importe quel vieux film en noir et blanc mettant en scène des dinosaures. Ça ne raterate jamais : à un moment ou à un autre apparaîtra un tricératops aux mœurs sanguinaires, s'appliquant à embrocher un Tyrannosaurus rex au moyen de son terrible armement frontalfrontal...

    Il est vrai que cet équipement fourni par Dame Nature est impressionnant : deux longues cornes particulièrement effilées surgissent au-dessus des arcades sourcilières, tandis qu'une troisième, plus courte, orne la région nasale. Quelle était donc sa réelle utilité ?

    Crâne de tricératops. Source <em>Commons</em>

    Crâne de tricératops. Source Commons

    Longtemps, les paléontologistes ont considéré cette panoplie comme des armes, ce qui explique les représentations populaires de tricératops au combat. Mais progressivement, une autre fonction a semblé s'imposer, beaucoup plus pacifique : les cornes n'auraient été que de simples ornements, signes de la virilité ou de la bonne santé de leur propriétaire à la recherche d'une femelle.

    Aujourd'hui, une nouvelle étude suggère que la première hypothèse était la bonne, et que les cornes du tricératops étaient bien, et avant tout, des armes.

    Evolution de l'aptitude au combat

    Andrew Farke, paléontologiste du Raymond M. Alf Museum of Paleontology à Claremont (Californie) et ses collègues, ont passé au crible plus de 400 os de crânescrânes de tricératops ainsi que d'un de ses ancêtres, le Centrosaurus. Chez ce dernier, l'excroissance nasale est plus grande que les deux cornes supérieures, un peu à la manière de notre rhinocéros contemporain. Cela suggère une forme alternative de combat, le tricératops semblant mieux armé pour une attaque latérale, dirigée contre le flanc de son adversaire, tandis que Centrosaurus porterait des coups d'estoc, sa longue corne unique lui offrant un avantage certain contre les deux cornes, plus courtes, du tricératops.

    Reconstitution de <em>Centrosaurus</em>. Source <em>Commons</em>

    Reconstitution de Centrosaurus. Source Commons

    L'observation semble confirmer ce fait. Andrew Farke relève en effet que les crânes de tricératops portent beaucoup plus de traces de fractures et de lésions que les crânes de Centrosaurus.

    Farke, qui publie ses conclusions dans la revue PLoS One, n'exclut cependant pas complètement un rôle décoratif de ces ornements, certains animaux utilisant leurs moyens de défense ou d'attaque comme objets d'apparat. D'autres paléontologistes, comme Jack Horner, du Museum of the Rockies à Bozeman (Montana), estiment que la nature des blessures observées sur les crânes de tricératops ne sont pas assez sévères pour avoir été provoquées au combat.

    A présent, Andrew Farke envisage de poursuivre ses investigations sur d'autres crânes, non seulement de tricératops et de Centrosaurus, mais aussi sur d'autres animaux tels le Tyrannosaurus rex, afin de voir s'ils comportent le même genre de dommages, peut-être plus sévères ou ayant entraîné la mort de l'animal.