Suuwassea emilieae, voici le nom de la toute dernière espèce de dinosaure découverte par des scientifiques américains dans le Montana. Rencontre avec une créature exceptionnelle de l'époque du Jurassique.

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    http://www.upenn.edu

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    Une petite tête sur un long cou qui n'en finit plus : ce dinosaure herbivore de 15 mètres, trônant parmi les cycas et les ginkgos, appuyé sur ses 4 pattes massives, semble dominer tranquillement cette plaine, non loin de la bande côtière d'une extension d'eau salée issue de l'ancêtre de l'Océan Arctique.

    150 millions d'années plus tard, le hasard s'apprête à faire progresser la science. Le témoignage de cette avancée se trouve dans une étude publiée dernièrement dans la revue Acta Palaeontologica Polonica...

    William Donawick est professeur émérite à l'Ecole de Médecine VétérinaireVétérinaire de Pennsylvanie. C'est lors d'une promenade à cheval, en septembre 1998, dans le Montana, qu'il tombe sur un os...
    La pièce, érodée par le vent et la pluie, affleure du sol comme si elle voulait sortir de son repos éternel : elle est logée dans une couche géologique de sédimentssédiments datés de -153 à -145 millions d'années (la formation Morrison qui s'étend du Nouveau Mexique au Montana, sur la partie ouest des Etats-Unis).

    Des fouilles supplémentaires révèlent finalement la présence des restes d'un squelette... de dinosaure, et pas n'importe lequel puisque c'est tout simplement une espèceespèce jusqu'alors inconnue !

    Seule certitude, cet animal herbivore baptisé Suuwassea emilieae fait partie de la famille des sauropodessauropodes. « La queue vertébrée de Suuwassea est plus courte et plus plate à son extrémité que celle des autres représentants de sa famille, et les proportions de certaines vertèbres et des os des pattes sont également différentes » commente Jerry Harris, doctorant et co-auteur de l'étude, mais c'est bien un cousin du célèbre géant de 27 mètres : le DiplodocusDiplodocus.

    « Pour les sauropodes, seuls les os les plus gros, les plus lourds et les plus denses, comme ceux des membres, sont habituellement préservés » poursuit Harris. Pourtant, le hasard a, une fois de plus, été généreux avec les paléontologuespaléontologues car le squelette de ce dinosaure était plutôt bien conservé, et surtout accompagné du crânecrâne qui soulève de nouvelles interrogations : « Suuwassea présente un certain nombre de caractéristiques distinctes, mais le plus frappant est ce second trou dans son crâne, un trait que nous n'avions jamais observé chez les dinosaures d'Amérique du Nord » affirme Peter Dodson, principal auteur de la publication et professeur d'anatomieanatomie à l'Ecole de Médecine Vétérinaire de Pennsylvanie.

    Jusqu'à présent, cet orifice supplémentaire n'avait été constaté que sur trois autres individus : deux en Afrique, et un troisième en Amérique du Sud. « Le fait que les deux dinosaures africains aient exactement le même âge que Suuwassea - et que tous les trois soient aussi apparentés aux Diplodocus et Apatosaurus, beaucoup plus gros - est très intéressant » insiste Jerry Harris.

    Par ailleurs, Suuwassea a été découvert dans ce qui était autrefois un écosystèmeécosystème côtier : un habitat qui n'était pas celui des dinosaures de la formation Morrison, dont la majorité a été retrouvée plus au sud, dans une région plus aride.
    Les scientifiques pensaient même en avoir terminé avec l'inventaire des espèces de dinosaures de cette formation géologique ! Il va leur falloir se pencher à nouveau sur le sujet...

    Aujourd'hui, le fossilefossile est conservé à l'Académie des Sciences Naturelles de Philadelphie en Pennsylvanie. Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Les chercheurs ont ensuite découvert le squelette partiel d'un autre dinosaure, prédateur celui-là, près du site d'excavation des ossements de Suuwassea ! Des surprises en perspective...