Le désert de Gobi est célèbre pour ses remarquables fossiles de dinosaures, comme ceux de l’oviraptor et du mythique vélociraptor. Un groupe de paléontologues vient de livrer le résultat d'une longue étude d’un spécimen de psittacosaure particulier, découvert en 2001. Il constitue la première preuve d’un régime à base de graines et de fruits à coque chez certains dinosaures.

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    Une reconstitution d'un Psittacosaurus gobiensis. Crédit : Todd Marshall

    Une reconstitution d'un Psittacosaurus gobiensis. Crédit : Todd Marshall

    Paul Sereno est l'un des paléontologuespaléontologues les plus doués et les plus célèbres du monde. Voilà des années que l'on peut voir les reportages sur les expéditions qu'il a conduites. Lors de la campagne de fouilles de deux mois que lui et ses collègues ont effectué en Mongolie intérieure en 2001, ils ont trouvé les restes d'un petit dinosaure connu depuis longtemps et baptisé Psittacosaurus gobiensis.

    Les dinosaures appartenant au genre des Psittacosaures sont des cératopsiens primitifs du début du Crétacé qui vivaient en Asie, il y a environ 130 à 100 millions d'années. Ce sont donc des cousins éloignés d'autres dinosaures célèbres, comme le Tricératops et le Protocératops. En revanche, alors que ces derniers étaient de grande taille, les différentes espèces de Psittacosaures connues ne dépassaient pas les 2,5 mètres de long, sortes de gazelles bipèdes.

    Le nom Psittacosaurus, signifie lézard-perroquet, à cause de la forme du crânecrâne. Plusieurs squelettes complets ont été trouvés et, à priori, le genre est assez bien connu. Pourtant, le spécimen minutieusement analysé et reconstitué par les paléontologues depuis des années leur a permis de faire une découverte intéressante. Si l'on pouvait déterminer depuis longtemps si un dinosaure était herbivoreherbivore ou carnivorecarnivore, avoir des précisions sur son régime alimentaire était un problème beaucoup plus difficile à résoudre. C'est pourtant ce que viennent de faire Paul Sereno et ses collègues chinois, comme ils l'expliquent dans une publication récente de Proceedings of the Royal Society B.

    Une comparaison entre le crâne d'un perroquet (à gauche) et celui d'un <em>Psittacosaurus gobiensis</em> (à droite).<em> </em>Crédit : Mike Hettwer

    Une comparaison entre le crâne d'un perroquet (à gauche) et celui d'un Psittacosaurus gobiensis (à droite). Crédit : Mike Hettwer

    Une ressemblance de plus avec les oiseaux

    Le spécimen de Psittacosaurus gobiensis est daté approximativement de 110 millions d'années, ce qui le place dans la période du crétacé moyen. Depuis longtemps, les paléontologues s'étonnaient d'une bizarre particularité du crâne chez les psittacosaures. Celui-ci est plutôt rigide alors que les dents portent des traces d'usures caractéristiques d'herbivores à crâne flexible.

    En regardant de plus près ce spécimen, les chercheurs ont découvert qu'il ne mâchait pas selon la manière habituelle. Au lieu de bouger d'avant en arrière, ses mâchoires se déplaçaient en arrière et en hauteur, ce qui fait dire à Sereno et ses collègues que le psittacosaure mâchait « à angle incliné ».

    Cela pointait déjà en direction d'un régime alimentaire basé sur des graines et des fruits à coque mais la découverte d'un nombre énorme de pierres stomacales, plus correctement appelées des gastrolithes, n'a fait que confirmer les soupçons des paléontologues. Plus de 50 de ces pierres ont en effet été trouvées associées au squelette de ce petit dinosaure d'environ un mètre d'envergure.

    L'observation est très intéressante car ces gastrolithes peuvent être vues comme les cousines de celles présentes dans le gésier des oiseaux modernes. Décidément, la parenté entre les oiseaux et les dinosaures ne cesse pas de nous étonner. Pensez-y la prochaine fois que vous mangerez un morceau de poulet...