Il pesait 6 tonnes et sa forte musculature devait en faire un animal redoutable : découvert à partir de quelques os, l’animal inaugure un nouveau genre baptisé Brontomerus, ce qui signifie « cuisses de tonnerre ».

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    En étudiant des restes fossiles découverts en 1994 dans l'Utah (États-Unis), trois paléontologuespaléontologues ont réalisé qu'ils avaient affaire à deux individus d'une même espèce de Sauropode, ce grand groupe de dinosaures auquel appartient aussi le Diplodocus. L'un des animaux était trois fois plus gros que l'autre, ce qui suggère un juvénile et un adulte. « Nous aimons penser que c'est la mère et son petit » explique Mike Taylor, un des découvreurs, dans une vidéo diffusée sur YouTube, réservée aux anglophones.

    Ce qui a frappé les chercheurs est la taille de l'iliumilium, un des os retrouvés. L'ilium est la partie plus ou moins plane de la hanche. En haut s'accrochent les muscles et en bas s'articule le fémurfémur. Cet os-là est particulièrement grand chez ce Sauropode. Du jamais vu qui a conduit les paléontologues à créer pour cet animal un nouveau genre et à lui donner le nom de Brontomerus, soit « cuisse de tonnerretonnerre ».

    Reconstitution du squelette. Les parties en blanc sont celles qui ont été mises au jour. Les parties grisées sont extrapolées. © Mike Taylor

    Reconstitution du squelette. Les parties en blanc sont celles qui ont été mises au jour. Les parties grisées sont extrapolées. © Mike Taylor

    Avec les autres os découverts (notamment une omoplateomoplate, une côte et une vertèbre caudale), l'équipe a pu reconstituer la forme générale de l'adulte et estimer sa longueur à 14 mètres, pour un poids de 6 tonnes. Le plus petit individu, lui, devait peser 200 kilos pour 4,5 mètres de longueur.

    La surface remarquable de l'ilium implique une puissante musculature au niveau des cuisses, exceptionnelle selon les chercheurs, qui décrivent l'animal dans la revue Acta Palaeontologica Polonica (voir les références complètes au bas de cette page).

    L'ilium du Sauropode aux fortes cuisses. On remarque en haut l'énorme surface sur laquelle s'accrochaient les muscles. L'échancrure inférieure est la zone d'articulation avec le fémur. © Mike Taylor

    L'ilium du Sauropode aux fortes cuisses. On remarque en haut l'énorme surface sur laquelle s'accrochaient les muscles. L'échancrure inférieure est la zone d'articulation avec le fémur. © Mike Taylor

    Au Crétacé inférieur, les Sauropodes se portaient bien

    Les chercheurs ont aussi fait appel à un dessinateur, Francisco Gascó, pour mettre en scène leur Brontomerus mcintoshi, imaginant une femelle défendant son petit contre l'attaque d'un prédateur. On y voit un Utahraptor, animal ressemblant au VélociraptorVélociraptor starisé par le film Jurassic Park. Pour ses découvreurs, en effet, leur Brontomerus devait savoir très bien se défendre contre les prédateurs de son époque. La couche dans laquelle les os ont été retrouvés date de la fin du CrétacéCrétacé inférieur, vers 110 millions d'années avant le présent.


    Une scène plausible : une femelle Brontomerus mcintoshi défend son petit contre l’attaque d’un Utahraptor. © Francisco Gascó/JihelFS, YouTube

    Cette découverte confirme une révision des idées sur l'évolution des dinosaures, explique l'un des auteurs, Matt Wedel, (Western University of Health Sciences, Pomona, Californie). Alors qu'on a longtemps pensé que les Sauropodes, bien représentés au JurassiqueJurassique, avaient reculé, en nombre d'espèces, face au succès d'autres groupes, comme les dinosaures à cornes ou à bec de canard, il apparaît finalement qu'ils étaient encore bien diversifiés durant le Crétacé inférieur.