Les missions des satellites météorologiques sont multiples. Avec eux, il est par exemple possible d'évaluer les taux de précipitations tropicales et, incidemment, la fréquence des éclairs au kilomètre carré. Une équipe de météorologistes a ainsi déterminé quels sont les endroits de la planète où vous risquez le plus d'être frappé par la foudre.

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    Les premiers satellites permettant des prévisions météorologiques et la surveillance du climat de la Terre sont apparus pendant les années 1960. Ils furent l'œuvre de pionniers, dont l'un des plus célèbres était Verner E. Suomi. Qu'ils soient sur l'orbite géostationnaireorbite géostationnaire d'Arthur Clarke ou sur des orbites polaires, les satellites sont devenus indispensables pour mieux comprendre notre planète et prévenir les dangers qui la menacent, comme l'a bien montré la découverte du trou de la couche d’ozone.

    Parmi les satellites mis en orbite au cours des dernières années pour surveiller la Terre, celui de la Tropical Rainfall Measuring Mission (en français « Mission de mesure des précipitations tropicales »), en abrégé TRMM, s'est signalé par le fait qu'il était le premier satellite entièrement dédié à la mesure des précipitations tropicales et subtropicales. C'est un sujet d'étude d'importance car celles-ci représentent les deux tiers des précipitations terrestres.

    La mission TRMM s'est déroulée de 1997 à 2015 mais les scientifiques continuent d'analyser les données collectées. Un groupe de chercheurs en a profité pour estimer le taux avec lequel la foudre frappe au kilomètre carré chaque année dans les lieux observés et surveillés par le satellite au cours de ces années. Il en a résulté une publication dans le Bulletin of the American Meteorology Society (BAMS).


    Une présentation de la mission TRMM. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Nasa Goddard

    Une carte des orages tropicaux et subtropicaux grâce à TRMM

    L'orbite de TRMM lui a permis de faire un état des lieux constant de la planète au niveau des précipitations dans une bande s'étendant entre 38° de latitude nord (celle d'Athènes) et 38° de latitude sud (presque celle de Melbourne, en Australie). Le champ de vision du satellite lui permettait de couvrir un carré d'environ 600 kilomètres de côté tout en repassant au-dessus d'un même lieu entre 3 et 6 fois par jour.

    Les chercheurs ont divisé la bande couverte par TRMM en carrés d'environ 10 kilomètres de côté et ils ont fait des statistiques en ce qui concerne le nombre de fois où la foudrefoudre frappait le sol dans ces carrés. Comme il s'agit des régions où les oragesorages sont en plus grand nombre dans cette zone, cela permet donc d'estimer aussi quels sont les endroits de la planète où l'on risque le plus d'être foudroyé.

    Cette carte montre certains des lieux sur Terre où les fréquences d'éclairs par kilomètre carré et par an sont les plus élevées. © J. You/Science ; (DATA) Albrecht <em>et al</em>., Bulletin of the American Meteorology Society (2016)

    Cette carte montre certains des lieux sur Terre où les fréquences d'éclairs par kilomètre carré et par an sont les plus élevées. © J. You/Science ; (DATA) Albrecht et al., Bulletin of the American Meteorology Society (2016)

    Le lac de Maracaibo, au Venezuela, et le lac Victoria, en Afrique

    A priori, on pourrait penser que le danger est maximum quand on se trouve sur les continents et pas sur les océans, comme les observations tendent à le montrer (les éclairs sont cependant plus intenses au-dessus des océans). C'est partiellement vrai. On pourrait penser également que le risque est le plus élevé en été et le plus bas en hiverhiver. Mais en fait, il existe de par le monde des lieux qui sont des exceptions aux régles.

    Le pire endroit semble ainsi être le lac de Maracaibo, au Venezuela. Ce n'est guère étonnant pour ceux qui ont déjà entendu parler de la fameuse foudre de Catatumbo, c'est-à-dire celle associée à un orage qui se produit de 140 à 160 nuits par an pendant une dizaine d'heures, à chaque fois au-dessus de l'embouchure du río Catatumbo, lorsqu'il se jette dans le lac Maracaibo. D'après les estimations tirées des données de TRMM, il y aurait en moyenne 233 éclairséclairs par kilomètre carré et par an au-dessus de ce lac. De plus, alors que la foudre se manifeste généralement entre 12 et 18 heure, heure locale, ailleurs sur Terre, les éclairs y frappent le plus souvent entre minuit et 5 heure du matin.

    D'autres lacs apparaissent aussi comme particulièrement frappés par la foudre comme les lacs Victoria et Tanganyika. C'est l'Afrique centrale qui, au final, apparaît comme la région du monde où le danger avec la foudre est le plus grand.