L’acidification des océans est le principal facteur de risque pour la santé des coraux. Or, l’effet de l’augmentation de la température est aussi un paramètre très important. Le couplage de ces deux facteurs de dommages induirait une prolifération d’algues qui érodent le corail. Retour sur les effets de cette combinaison.

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    Le taux de CO2 atmosphérique devrait continuer à augmenter. Cet accroissement devrait entraîner une réduction du pourcentage de saturation en aragonite dans les couches superficielles de l'océan. Ceci pourrait à son tour conduire à une baisse du taux de calcification par les coraux, et donc constituer une menace certaine pour le fonctionnement des écosystèmes coralliens. © Ray Berkelmans, AIMS

    Le taux de CO2 atmosphérique devrait continuer à augmenter. Cet accroissement devrait entraîner une réduction du pourcentage de saturation en aragonite dans les couches superficielles de l'océan. Ceci pourrait à son tour conduire à une baisse du taux de calcification par les coraux, et donc constituer une menace certaine pour le fonctionnement des écosystèmes coralliens. © Ray Berkelmans, AIMS

    L'océan est le plus grand puits de carbone au monde. Il absorbe et dissout le CO2 atmosphérique en formant des acidesacides. Les mers absorberaient 50 % du surplus de CO2 émis par l’Homme, si bien que leur acidité aurait augmenté de 30 % depuis le début de l'ère industrielle. Coraux et mollusques sont les premiers à en subir les conséquences : les acides dissolvent le carbonate de calcium, principaux constituants de leur squelette. Ainsi, évaluer l'impact de la dissolution du carbonate est une composante fondamentale pour l'étude de la destruction des écosystèmes des récifs coralliens.

    Néanmoins, l'acidification des océans est liée aux émissionsémissions anthropiques de CO2 et non au changement climatiquechangement climatique. Que se passerait-il si l'on couplait les effets de ces deux forces destructrices ? Dans une étude menée par le Centre of Excellence for Coral Reef Studies (CoECRS), des scientifiques montrent qu'affaiblis par de microscopiques foreurs, les récifs coralliens s'éroderont plus rapidement sous l'effet du réchauffement et de l'acidification des océans. Les résultats de leur étude ont été publiés dans la revue Global Change Biology.

    En Nouvelle-Guinée, les récifs fossiles du Pléistocène sont aussi riches en espèces que ceux d’aujourd’hui, malgré une baisse du niveau marin de 120 mètres. © Mila Zinkova, cc by sa

    En Nouvelle-Guinée, les récifs fossiles du Pléistocène sont aussi riches en espèces que ceux d’aujourd’hui, malgré une baisse du niveau marin de 120 mètres. © Mila Zinkova, cc by sa

    Prolifération d’algues qui trouent le corail

    Lorsque le récif corallien vieillit, il s'érode par différents mécanismes. Les vaguesvagues, les poissonspoissons, les éponges ou de petites alguesalgues en sont les principaux agents. L'équilibre entre l'accumulation (pour la formation du squelette) et la perte (érosion) de carbone est sensible. Les récifs en bonne santé sont ceux qui absorbent plus de carbone qu'ils n'en perdent. Cependant, des études antérieures ont déjà montré que les émissions anthropiques de CO2 réduisent le taux de carbonate dans l'océan, ce qui oblige les récifs à se former plus lentement.

    Dans cette nouvelle étude, les chercheurs du CoECRS ont mis en évidence que le manque de carbonate n'est pas le seul problème. Si la mer s'acidifie et se réchauffe, les coraux Porites cylindrica et Isopora cuneata, véritables bâtisseurs des récifs, sont plus fragiles à cause de la prolifération de l'algue verte Ostreobium. Pour évaluer l'impact d'un océan chaud et acide sur l'activité des algues, les chercheurs ont exposé différents types de squelettes de coraux dans des cuves contenant une eau de mer qui simule les conditions futures possibles.

    Tous les scénarios condamnent le corail

    Deux scénarios modélisant l'état des océans envisagé pour la fin du siècle ont été considérés. Le premier suppose que rien n'est fait par l'humanité pour modifier les émissions de CO2. Dans ce cas, le taux d'érosion des coraux par les algues double par rapport à aujourd'hui, lorsque la température augmente. Dans le deuxième scénario, on estime que le taux de CO2 sera inférieur à celui d'aujourd'hui. Le taux d'érosion est alors 35 % plus important qu'actuellement. Donc, quoi qu'il en soit, à l'avenir, non seulement les coraux auront moins de carbonate pour construire les récifs, mais les vieux coraux seront également érodés plus rapidement.

    Si l'on en croit cette étude, le récif est démonté plus vite qu'il ne s'édifie : il ne peut donc que s'effondrer. Les résultats des deux scénarios montrent une augmentation de la concentration d'algues vertes, qui se logent dans les squelettes pour provoquer leur érosion. Si certains coraux (étudiés ici) réussissent à vivre dans des eaux plus acides, d'autres sont voués à disparaître. Le problème est que ces derniers contribuent à la constructionconstruction du récif. Indubitablement, à terme, ce sont tous les coraux et les espècesespèces qui en dépendent qui seront affectés.