Plantés au fond de l’océan Indien, des capteurs automatisés pourront détecter le passage d’un raz-de-marée au large, alors qu’il est encore très peu visible. Envoyées via des bouées et des satellites, leurs données, analysées dans un centre de traitement, permettront de lancer des alertes bien plus tôt qu’aujourd’hui. Les premiers essais en mer viennent d’être réalisés, avec succès.

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    A sa naissance, un tsunami est plutôt discret. Au large, les vagues s'étendent sur un front de quelques centaines de kilomètres et leur hauteur n'est que de quelques dizaines de centimètres. Mais ce futur raz-de-maréeraz-de-marée fonce à plusieurs centaines de kilomètres à l'heure (jusqu'à 700 km/h !) et ne se transforme en murmur d'eau que tout près de la côte, quand la profondeur se réduit brusquement.

    Pour le détecter suffisamment tôt, une solution est d'installer au fond de la mer des capteurs de pression. Quand les vagues du tsunami passent à la verticale d'un de ces appareils, la variation de hauteur de la colonne d'eau conduit à un changement de pression. Afin de distinguer ses vagues causées par un tremblement de terretremblement de terre sous-marin de celles générées par le vent, il ne suffit pas de quelques capteurs. Il en faut un grand nombre, disposés en un réseau réparti sur une grande surface et envoyant leurs données en temps réel. C'est l'ensemble de ces informations qui fournira une image globale, permettant de savoir si l'on a bien affaire à un tsunami en préparation. Même si l'origine est sismique, cela ne veut pas dire pour autant qu'il faut faire évacuer les côtes les plus proches car tous les tremblements de terre sous-marins ne provoquent pas de raz-de-marée... L'analyse doit donc utiliser des modèles de propagation des séismes pour évaluer le risque.

    C'est donc un vaste dispositif qui doit être mis en place. Depuis plusieurs années, un tel réseau est à l'étude pour l'océan Indien, avec, notamment, la collaboration  de l'Institut Alfred Wegener, en Allemagne. C'est le Gitews (German Indonesian Tsunami Early Warning System). Le matériel sous-marin vient d'être testé en mer, avec succès, au large des îles Canaries. Le capteur, installé par 3.100 mètres de fond, a correctement fonctionné.

    Mesurer la hauteur d’eau

    Le capteur déposé au fond de l'océan est un engin sphérique de quelques dizaines de centimètres de diamètre, le PACT (Pressure-based acoustically coupled tsunami detector). Toutes les quinze secondes, cet appareil automatique mesure précisément la pression, donc la hauteur d'eau au-dessus de lui. S'il détecte une variation dont l'amplitude et la fréquence peuvent correspondre au passage d'un tsunami, il transmet ses données à l'aide d'un modemmodem acoustique à destination d'un récepteur situé près de la surface, accroché à une bouée et qui sert de relais. Une dizaine de ces engins seront déployés en océan Indien.

    L'électronique embarquée sur la bouée comprend un récepteur GPSGPS et une petite station météo. Quand il reçoit un signal acoustique en provenance d'un capteur profond, cet appareil transmet toutes les informations par radio à un satellite relais qui les renvoie vers le centre de traitement des données. C'est à ce niveau que les données seront analysées, pour décider s'il y a danger ou non.

    C'est donc un élément clé du grand dispositif qui vient d'être testé. Il ne reste qu'à espérer que l'ensemble sera au point avant le prochain séisme de grande ampleur. Si un tel réseau avait été en place un certain mois de décembre 2004, l'alerte au tsunami auraient été lancée très tôt et de nombreuses vies aurait été sauvées...