Une large étendue de glace de mer, de près de 13.000 kilomètres carrés, le plateau Wilkins, vieux de plusieurs siècles, a commencé à se désagréger. Cette fonte proviendrait du réchauffement de l'atmosphère, particulièrement important dans cette région.

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    Le 28 février, un grand iceberg s'est détaché de la côte, sur la Péninsule Antarctique, côté Pacifique. C'est un petit morceau du plateau Wilkins, qui s'est ainsi brisé. Cette vaste étendue glacée, de près de 13.000 kilomètres carrés, est une banquise, donc de l'eau de mer gelée. Long de 41 kilomètres pour 2,4 kilomètres de large, soit 414 kilomètres carrés, le morceau qui vient de s'en décrocher est donc de taille modeste. Sa dimension fait même pâle figure comparée aux 11.000 kilomètres carrés de l'iceberg B15, parti voguer sur les flots de la mer de RossRoss en 2000. Par ailleurs, c'est la fin de l'été dans l'hémisphère sud et la fontefonte est à son maximum. Mais les surfaces en jeu sont ici exceptionnelles.

    En suivant le phénomène, notamment grâce aux satellites Aqua et Terra, de la NasaNasa, et à leurs instruments Modis (Moderate Resolution Imaging Spectroradiometer), l'équipe du National Snow and Ice Data CenterData Center (université du Colorado) a observé une débâcle de grande ampleur. La séparationséparation de l'iceberg a été suivie de la fracturation de 570 kilomètres carrés de banquise.

    Figure 1. Série d'images produites par l'instrument Modis, à bord des satellites Aqua et Terra. La plus grande, à gauche, a été prise le 6 mars. Celles de droite, de haut en bas, datent du 28 février, du 29 février et du 8 mars. On distingue une partie du plateau Wilkins (<em>wilkins iceshelf</em>) et la partie en train de se désagréger (<em>region og disintegration</em>). © NSIDC, Nasa, <em>University of Colorado</em>

    Figure 1. Série d'images produites par l'instrument Modis, à bord des satellites Aqua et Terra. La plus grande, à gauche, a été prise le 6 mars. Celles de droite, de haut en bas, datent du 28 février, du 29 février et du 8 mars. On distingue une partie du plateau Wilkins (wilkins iceshelf) et la partie en train de se désagréger (region og disintegration). © NSIDC, Nasa, University of Colorado

    Un spectacle interrompu par l'hiver

    Ted Scambos, responsable de l'équipe, pense que le plateau Wilkins, désormais exposé aux vagues, va se trouver fragilisé. Dans les prochains mois cependant, la désintégration de la banquise cessera avec l'arrivée du froid hivernal. « Ce spectacle inhabituel est terminé pour la saisonsaison. Mais en janvier prochain, nous vérifierons si le plateau Wilkins continue de se désagréger » promet Ted Scambos.

    Pour les scientifiques de l'équipe, il ne fait aucun doute que le réchauffement globalréchauffement global soit la cause première de cette fonte inhabituelle. En cinquante ans, soulignent-ils, l'Antarctique s'est réchauffée de 0,5 °C par décennie, le record mondial.

    Au cas où certains se poseraient la question, Ted Scambos précise que la fonte du plateau de Wilkins n'élèverait pas le niveau de l'océan puisqu'il s'agit de glace flottante. En revanche, elle témoigne d'un réchauffement général de la région et la réduction de la banquise autour des côtes du continent Antarctique expose davantage aux vagues les glaciersglaciers qui s'écoulent depuis l'intérieur des terresterres.