Deux équipes américaines viennent de publier les résultats d'une étude portant sur 25 ans d'observations des cyclones tropicaux. Ils concluent à une augmentation des vents en surface et à une influence significative de l'augmentation des températures de l'atmosphère et des océans.

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    L'idée n'est pas nouvelle. En 2005, Kerry Emanuel, du MIT (Massachusetts Institute of Technology), avait suggéré que le réchauffement climatique mondial devrait conduire à augmenter la puissance des cyclones tropicaux (appelés ouragans aux Etats-Unis et typhons en Asie). Sur le plan théorique, cette hypothèse est fondée puisque les cyclones se forment par élévation d'une colonne d'airair réchauffée au-dessus de l'océan lorsque ses eaux ont une température suffisamment supérieure à celle de l'air ambiant.

    Mais les observations manquent pour passer de l'hypothèse à l'affirmation. La puissance d'un cyclone n'est pas régie uniquement par les températures de l'air et de l'eau mais aussi par d'autres facteurs (vents, courants...), qui viennent réduire le développement de la colonne d'air chaud. Au rythme d'environ 90 cyclones tropicaux par an sur la planète, il n'est pas facile de dégager une tendance globale des variations individuelles. Comme pour toutes les questions concernant le réchauffement globalréchauffement global, le problème est de distinguer les évolutions à différentes échelles, et donc d'éviter de mélanger les aléas de la météométéo et les évolutions profondes du climat.

    Trois scientifiques, James Elsner et Thomas Jagger (Florida State University) et James Kossin (University of Wisconsin) viennent de publier dans la revue Nature les résultats d'une minutieuse analyse des cyclones tropicaux depuis 25 ans (basée sur les observations de satellites) mais focalisée sur les plus puissants d'entre eux. Selon les chercheurs, si aucune tendance à la hausse n'a été mise en évidence jusque-là, c'est parce les climatologuesclimatologues s'intéressaient uniquement à la vitessevitesse moyenne des vents de tous les cyclones.

    Les plus puissants deviendraient encore plus puissants

    Or, les modèles théoriques utilisés pour prédire la puissance d'un cyclone font intervenir une valeur maximale, appelée IMP (intensité maximale potentielle). Elle exprime la puissance qu'atteindrait un cyclone si toutes les autres conditions environnementales étaient sans effet. Selon les modèles en vigueur, la plupart des cyclones n'atteignent pas la moitié de l'IMP. Mais « en moyenne, affirme James Elsner, les plus puissants des cyclones sont les plus proches de leur IMP ». Il ajoute que si ce modèle est correct, on devrait observer une tendance à l'augmentation de puissance des cyclones flirtant avec l'IMP.

    C'est effectivement ce qui apparaît dans leur étude. Les cyclones les plus puissants semblent avoir gagné en intensité, surtout en Atlantique nord et dans l'océan Indien. Selon les résultats publiés, la vitesse moyenne des vents aurait crû de 225 km/h en 1981 à 251 km/h en 2006, soit environ 11%, tandis que la température des eaux de surface océanique au niveau de la formation de ces cyclones aurait augmenté de 28,2 à 28,5°C.

    « En regardant uniquement les plus forts des cyclones tropicaux, pour lesquels le lien entre les tempêtes et le climat est le plus prononcé, nous pouvons observer la tendance à l'augmentation que nous indiquent à la fois la théorie et les modèles » résume James Kossin. Les chercheurs demeurent cependant prudents. « Nos résultats ne démontrent pas le modèle théorique (heat-engine theory). Nous avons seulement montré que les données sont compatibles avec lui. »