Avec une capacité de 150 000 tonnes d'essence, de gazole et de kérozène, il était le cinquième plus grand dépôt pétrolier d'Angleterre. Le terminal de Buncefield, situé au nord de Londres sur la localité d'Hemel Hempstead, s'est embrasé dimanche dernier à l'aube, emplissant le ciel londonien d'une épaisse fumée noire et polluante.

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    L'avion BAe 146, le plus récent utilisé par les services météorologiques britanniques Il devrait bientôt révéler la composition chimique précise du nuage de fumée(Crédits : MET/Crown)

    L'avion BAe 146, le plus récent utilisé par les services météorologiques britanniques Il devrait bientôt révéler la composition chimique précise du nuage de fumée(Crédits : MET/Crown)

    Constamment alimenté par les cuves en proie aux flammes, ce nuage porteur de monoxyde et de dioxyde de carbone - voire d'autres particules toxiques - s'est rapidement propagé au sud de l'Angleterre, aux côtes françaises, et pourrait bientôt atteindre l'Espagne. Les images satellites saisissantes de cet incendie soulèvent la question des conséquences écologiques et sanitaires d'un tel brasier d'hydrocarbureshydrocarbures sur les populations.

    Cliché pris par le satellite Envisat de l'ESA, le 11 décembre 2005 à 10H45 GMT (instrument MERIS)<br /> On y voit le gigantesque nuage de fumée qui s'est élevé au dessus du dépôt de Buncefield et a gagné le sud de l'Angleterre <br />(Crédits : ESA)

    Cliché pris par le satellite Envisat de l'ESA, le 11 décembre 2005 à 10H45 GMT (instrument MERIS)
    On y voit le gigantesque nuage de fumée qui s'est élevé au dessus du dépôt de Buncefield et a gagné le sud de l'Angleterre
    (Crédits : ESA)

    Le plus grand incendie qu'ait connu l'Europe en temps de paix

    Les habitants de la banlieue nord de Londres ont d'abord cru qu'un avion venait de s'écraser, et le mot « acte de terrorisme » était sur toutes les lèvres. Pourtant, en l'état des connaissances actuelles, les trois fortes déflagrations qui ont secoué dimanche matin le dépôt de carburant de Total et Texaco sont d'origine accidentelle. Si les explosions ont été ressenties jusqu'au centre de Londres, situé à 41 kilomètres du lieu du sinistre, c'est surtout l'épais nuage de fumée qui s'est dégagé du terminal pétrolier et qui a rapidement plongé la périphérie de Londres dans l'obscurité qui a marqué les esprits.

    150 soldats du feufeu ont immédiatement été dépêchés sur place. En quelques heures, la moussemousse et les 320 000 litres d'eau déversés chaque minute sur l'immense brasier ont permis aux pompiers britanniques de venir à bout de la moitié des 20 cuves embrasées. Néanmoins, trois jours plus tard, ils luttent encore contre ce gigantesque incendie, qui est d'ores et déjà catalogué comme le plus important qu'ait connu l'Europe en temps de paix.

    Miraculeusement, l'incendie n'a fait que 43 blessés, dont un grave. Néanmoins, ses conséquences effectives ne pourront être mesurées que sur le long terme, une fois que le nuage de fumée se sera complètement dissipé, et que sa composition sera clairement établie.

    Image du nuage de fumée fournie par l'instrument AATSR (Advanced Along Track Scanning Radiometer) <br />du satellite Envisat<br />(Crédits : ESA)

    Image du nuage de fumée fournie par l'instrument AATSR (Advanced Along Track Scanning Radiometer)
    du satellite Envisat
    (Crédits : ESA)

    Une nuée noire sur l'Europe : des risques pour la santé ?

    Le gigantesque nuage de fumée noire alimenté par l'incendie a pu être photographié par satellite, et ses dimensions laissent sans voix. Poussé par des vents de sud-ouest, il a gagné le Nord Pas-de-Calais, la Bretagne et la Normandie dans la nuit de dimanche à lundi. Il pourrait prochainement gagner le centre de la France et toucher le Nord de l'Espagne.

    Outre ses proportions dantesques, c'est surtout la composition chimique du nuage qui inquiète. Juste après le départ de feu, les services sanitaires britanniques ont assuré qu'il n'était composé que de monoxyde et de dioxyde de carbone, et que la forte altitude des particules et des polluants (entre 1000 et 2000 mètres) ne justifiait pas la diffusiondiffusion d'un message d'alerte. Les météorologistes se veulent également rassurants et précisent qu'il ne s'agit pas d'un nuage en déplacement, mais de la dilution d'une source de fumée. Ainsi, la concentration en composés chimiques du nuage varierait d'un facteur 100 à 1000 entre le lieu du drame et les côtes françaises.

    Selon MétéoMétéo France, tandis qu'une portion des particules gagne l'environnement immédiat, sous l'effet de la chaleurchaleur l'autre partie se déplace à haute altitude. Ce serait ce nuage haut et peu dangereux qui aurait survolé le Nord Pas-de-Calais.

    Néanmoins, l'un des principaux problèmes de santé publique est paradoxalement lié à la victoire des pompiers sur l'incendie. En effet, la plupart des foyers étant aujourd'hui maîtrisés, la température du brasier a considérablement décru et, de ce fait, la fumée court beaucoup plus près du sol, menaçant d'autant plus les villages environnants.

    D'après l'Ineris, l'Institut national de l'environnement industriel et des risques, les composés polluants, en s'élevant à haute altitude, auraient percé un « couvercle atmosphérique » et ne devraient pas retomber au sol.

    Après un premier survolsurvol du nuage lundi, qui n'avait pu apporter que des informations sur son pourtour, les services météorologiques britanniques espèrent pouvoir renouveler l'expérience aujourd'hui. Pour ce faire, ils utiliseront un avion spécifique, le BAe 146, équipé d'instruments de haute technologie, dont un spectromètrespectromètre de massemasse qui pourra analyser la composition chimique du nuage de fumée.

    En tout cas, les services météorologiques britanniques estiment que, pour l'heure, le nuage est considéré comme non toxique et n'est composé que de particules de carbone. Cependant, sans des relevés chimiques précis, cette annonce officielle ne semble pas aller dans le sens du principe de précautionprincipe de précaution...