Dans l’Atlantique Nord-est, deux types de grands dauphins coexistent : les « côtiers », qui vivent dans des eaux peu profondes (moins de 40 m) et les « pélagiques », localisés majoritairement dans des zones plus profondes. Qu’est-ce qui a mené à l’apparition de ces deux écotypes, fortement différenciés génétiquement ? Un changement environnemental majeur et assez récent dans l’histoire de la Terre, répondent les auteurs d'une étude qui vient d'être publiée dans Proceedings of the Royal Society B-Biological Sciences.

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    Grands dauphins dans le golfe normand-breton. © Marie Louis, GECC

    Grands dauphins dans le golfe normand-breton. © Marie Louis, GECC

    Il apparaît que les dauphins côtiers se sont séparés des dauphins pélagiquespélagiques il y a environ 10.000 ans, à la fin de la dernière glaciationglaciation qu'a connue notre planète. Une période où une part importante des continents était prise dans la glace. « Notre hypothèse est qu'à la fin de cette glaciation, les zones côtières, libérées de la glace, sont redevenues disponibles et ont pu ainsi être colonisées par quelques dauphins pélagiques. Ceux-ci se seraient ensuite peu à peu différenciés génétiquement des dauphins restés au large. Par la suite, la différenciation génétiquegénétique entre les côtiers et les pélagiques se serait maintenue grâce au fait que chaque écotypeécotype a ses propres techniques de chasse et proies, adaptées à leurs milieux de vie respectifs », précise la biologiste Marie Louis, membre de l'équipe réunissant des chercheurs du Centre d'études biologiques de Chizé (CNRS, Université de La Rochelle), du laboratoire Littoral, environnement et sociétés (CNRS, Université de La Rochelle), de l'UMS Pelagis (CNRS, Université La Rochelle), du Groupe d'étude des cétacés du Cotentin et de l'Université de Groningen.

    La chercheuse et ses collègues sont arrivés à leurs conclusions via une approche multidisciplinaire combinant des analyses génétiques réalisées sur des échantillons de 400 grands dauphins vivant entre les Açores et l'Écosse, collectés par des collaborateurs européens et des analyses morphologiques (taille de l'animal, de ses nageoires, etc.) et écologiques (renseignant sur l'habitat et les proies des dauphins), menées sur une soixantaine de ces individus. Des modèles statistiques appliqués aux données génétiques leur ont permis de tester plusieurs hypothèses sur l'histoire évolutive des dauphins. « Nos travaux améliorent non seulement nos connaissances spécifiques aux grands dauphins, une espèce protégée d'intérêt prioritaire, mais aussi celles sur les phénomènes menant à l'évolution d'espèces marines», souligne Marie Louis. Cette étude publiée dans la revue Proceedings of the Royal Society B-Biological Sciences est le prolongement d'une première (datant de début 2014) où les chercheurs avaient identifié l'existence des deux écotypes de grands dauphins.