Le séisme à l'origine du tsunami qui provoqua la mort de 220 000 personnes en Asie du Sud le 26 décembre 2004 aurait fracturé le fond de l'océan Indien sur une énorme distance. C'est ce qu'a relevé l'analyse, par une équipe internationale, des données recueillies par des stations GPS (Global Positioning System) installées dans la région. Christophe Vigny, chargé de recherches au Laboratoire de géologie de l'École normale supérieure à Paris, et ses collègues affirment que les conséquences de ce brusque glissement de la plaque eurasienne sur la plaque indienne ont pu être enregistrées à 3.000 kilomètres de l'épicentre. Ce tremblement de terre, qui, selon les chercheurs serait en définitive double, aurait même par endroits bouleversé la géographie locale : Sampali (Indonésie) et les îles de Langkawi (Malaisie) et de Pukhet (Thaïlande) se seraient déplacées de 15, 17 et… 27 centimètres !

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    Tsunami : deux séismes seraient impliqués

    Tsunami : deux séismes seraient impliqués

    Pratiquée depuis l'Antiquité, la géodésie a pour objet l'étude de la taille et de la forme de notre planète. Avec l'avènement de l'ère spatiale et les avancées récentes dans le domaine de la localisation par satellite, cette science a considérablement progressé. Au point que les chercheurs sont capables de déterminer l'emplacement d'un récepteur GPSGPS au sol à quelques millimètres près. Un atout que les spécialistes mettent aujourd'hui à profit pour évaluer les conséquences des colères de la Terre. En analysant les mouvementsmouvements d'un réseau de stations équipé de ce système lors d'un séisme, ils peuvent mesurer la déformation du sol et en déduire des informations sur le tremblement de terretremblement de terre lui-même : longueur, largeur et profondeur de la faille, ampleur des glissements d'une plaque sur l'autre, duréedurée et vitessevitesse de propagation de la rupture.

    C'est ce qu'ont réalisé Christophe Vigny et ses confrères après le tsunami du 26 décembre 2004. Ces géodésiens ont récupéré les relevés de 60 stations, dont une dizaine appartenant au réseau international interuniversitaire « IGS » (International GPS Service) et le reste à des agences nationales thaï, malaise et indonésienne. En comparant ces données avant et après le séisme, ils ont d'abord calculé les déplacements subis par ces balises. Puis ont confronté ces valeurs à des modèles numériquesmodèles numériques. Verdict des chercheurs : la rupture du fond marin provoquée par le séisme n'est pas d'une taille de 450 kilomètres comme on le pensait jusque-là mais d'au moins 1 000 kilomètres. Autre découverte : elle ne s'est pas propagée sur cette distance uniformément.

    Sa vitesse sur les 400 à 500 premiers kilomètres aurait été de 4 km/s. Mais elle n'aurait été que de 2 km/s sur les 500 à 600 kilomètres restants. Une différence qui, selon ces chercheurs, serait une preuve que les bouleversements souterrains du 26 décembre 2004 ne trouveraient pas leur origine dans un seul et unique énorme séisme, mais dans deux consécutifs, le premier tremblement de terre ayant déclenché le second.

    Vahé Ter Minassian