Il y a environ deux ans, le géophysicien Allen West avait proposé avec ses collègues que l’extinction des mammouths et la glaciation du Dryas récent avaient une seule et même cause : la chute d’une comète provoquant la vidange du lac Agassiz dans l’Atlantique nord. Des découvertes faites dans l’Ohio et l’Indiana tendent à accréditer cette théorie controversée.

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    Ken Tankersley au travail en laboratoire. Crédit : University of Cincinnati

    Ken Tankersley au travail en laboratoire. Crédit : University of Cincinnati

    Depuis l'explication de l'extinction des dinosaures par la chute d'un fragment d'astéroïdesastéroïdes provenant de Baptistina 289, la mode est d'expliquer toutes les disparitions anormales dans l'histoire de la vie sur Terre par la chute d'une comètecomète ou d'un astéroïde. Une théorie de ce genre a donc été proposée pour la disparition des mammouths. C'est trop selon certains, et la communauté scientifique, en l'absence de preuves solidessolides, fait généralement preuve d'un fort scepticisme devant toutes les tentatives d'explication catastrophique.

    Le célèbre anthropologue Ken Tankersley de l'Université de Cincinnati n'échappait pas à cette règle lorsqu'il a entrepris de montrer que la théorie de l'impact d'Allen West et consorts, était fausse. Selon cette dernière, c'est toute une série d'événements déclenchés par la chute d'une comète au Canada qui avait entraîné la disparition des mammouths en Amérique du Nord et pas l'arrivée des Clovis, de redoutables chasseurs, sur le nouveau continent.

    Ken Tankersley fouillant une grotte. Crédit : <em>National Geographic Channel</em>

    Ken Tankersley fouillant une grotte. Crédit : National Geographic Channel

    Le contradicteur devient l'avocat

    A l'appui de leurs théories, West et ses collègues avaient fait remarquer qu'au nord des grands lacs, dans les couches géologiques datant de la chute présumée de la comète il y a 12.900 ans, il existait une abondance anormale d'or, d'argentargent et surtout de diamantsdiamants. Or, plus au sud et datant de la même époque, Tankersley connaissait l'existence dans l'Ohio et l'Indiana de zones riches en ces matièresmatières qui étaient même exploitées il y a 2.000 ans environ par les Indiens Hopewell.

    Convaincu comme la plupart de ses collègues que la théorie d'Allen West était fausse et que ces diamants et autres minerais précieux avaient été emportés par les glaciers à partir de la région des Grands Lacs, Ken Tankersley avait donc entrepris d'en trouver des échantillons dans des couches bien datées et permettant de les associer à de simple dépôts glaciaires plutôt qu'à des retombées de la collision de la Terre avec la comète.

    Des analyses par diffractométrie aux rayons Xrayons X permirent cependant d'identifier la source des diamants. Il s'agissait sans l'ombre d'un doute des champs diamantifères canadiens, suffisamment éloignés des Grands Lacs pour interdire tout transport par des glaciers. De plus, selon la théorie de West, la région sur laquelle la comète était tombée devait justement être particulièrement riche en diamants. La conjonctionconjonction des données est telle que Tankersley pense maintenant qu'il s'agit de la preuve la plus forte en faveur de la théorie d'Allan West.

    Tankersley, West et Nelson R. Schaffer sont maintenant en train de chercher des traces d'iridiumiridium, de micro-météoritesmétéorites et de nanodiamants similaires à celles déjà trouvées dans les études précédentes menées par West et ses collègues au Canada.