Le 11 avril 2002, l'explorateur français Jean-Louis Etienne entamait sa traversée de l'océan Arctique en dérivant sur la banquise vers le Groenland à bord de la capsule Polar Observer. Une mission destinée à mieux analyser la régression de la banquise.

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    En rouge, la direction prise pas Polar Observer. Il devrait être récupéré début juillet par le brise-glace russe Yamal en mer du Groenland, entre le 85 et le 89 degrés de latitude nord.Crédit : DR

    En rouge, la direction prise pas Polar Observer. Il devrait être récupéré début juillet par le brise-glace russe Yamal en mer du Groenland, entre le 85 et le 89 degrés de latitude nord.Crédit : DR

    « J'ai sous-estimé ma préparation physiquephysique » déclarait Jean Louis Etienne, dix jours après le début de son périple. Embarqué dans son habitacle digne de la guerre des étoilesétoiles, l'explorateur français dérive lentement vers le Groenland, guidé par le courant transpolaire de l'océan glacial Arctique. Au chapitre des éléments sous-estimés, Jean Louis Etienne souffre du froid : « avec le vent, la température relative atteint moins 40 degrés ». Une température difficilement supportable quand on sait que le travail se fait sans gants. De plus, « le froid gèle de nombreux mécanismes ». embarqués sur la capsule.

    L'aventure scientifique

    Débarqué au pôle Nord (sur l'axe de rotation de la Terre), par hélicoptèrehélicoptère avec son explorateur à bord, la capsule Polar Observer mesure 3,7 mètres de haut, sur 3,5 de large. Cette mécanique de pointe, conçu au CRITT (Centre Régional d'Innovation et de Transfert de Technologie) à Toulouse, est bourré de matériels informatiques capables de prendre des mesures et effectuer une série d'observation qui contribueront notamment aux programmes de recherche sur l'environnement polaire arctique (météorologie, rayonnement UVUV et infrarougeinfrarouge, température et salinitésalinité de l'eau de mer, collecte de pollen et de planctonplancton, rapprochement des mesures spatiales avec les observations sur la glace).

    Quatre pôles d'observations ont été définis : l'observation météorologique, l'observation des glaces, l'observation de l'atmosphèreatmosphère, et enfin celle de l'océan. Toutes les données recueillies permettront d'analyser l'état de la banquisebanquise actuellement en forte régression. Selon les scientifiques, ce désertdésert de glace aurait régressé de 6% en étendue et de 40% en épaisseur en un demi-siècle. Des estimations qui devraient être affinées grâce à ce périple de trois mois.

    Pour communiquer, Jean Louis Etienne se servira notamment du satellite radioamateur UO-22 qui survole les très hautes altitudes. Un logiciellogiciel spécifique embarqué à bord du Polar Observer permet de suivre la trajectoire du satellite pour connaître ses heures de passages au-dessus de l'horizon polaire. Pour la « Mission banquise », les messages recueillis par le satellite seront retransmis à la station de Labruguière dans le Tarn.

    « Au milieu d'un océan de glace »

    En attendant, c'est l'aventure humaine qui prédomine. Dans son journal de bord disponible sur son site InternetInternet (www.jeanlouisetienne.fr), l'explorateur nous fait vivre au jour le jour cet isolement au milieu de nul part. « Où que je regarde, je vois un immense désert plat (...) je suis au milieu d'un océan de glace ». Après vingt quatre jours passés sur le désert blanc, il semble avoir pris plaisir à se familiariser avec tous les moyens mis à sa disposition. Quelques problèmes rencontrés hier avec son photomètre n'ont en rien altéré l'enthousiasme.

    Certes, il en faut sûrement beaucoup plus pour impressionner cet explorateur de 55 ans. Né dans le Tarn le 9 décembre 1946, sa passion pour l'aventure a commencé dans le jardin de ses parents puisque à 8 ans, il y plantait déjà sa tente. Après des études de médecine, Jean Louis Etienne jonglera entre son métier et sa passion pour l'aventure. Patagonie, Groenland, tour du monde avec Eric Tabarly sur Pen Duick, ascension du Broad Peak... Autant de périples qui le conduisent en 1985 à tenter une première fois le pôle Nord en solitaire. Il ne vaincra le désert blanc que l'année suivante, seul et à ski. Seize ans après, Jean-Louis Etienne retrouve un milieu qu'il connaît bien, même s'il avoue dans son journal de bord devoir « rester vigilent. La banquise est une sorte de volcanvolcan froid, muemue par des forces colossales auxquelles rien ne résiste. » Rien excepté le Polar Observer ?

    Retrouvez chaque samedi sur Futura-Sciences le résumé du quotidien de Jean Louis Etienne à bord de Polar Observer

    Caroline Idoux - Futura-Sciences Paris

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