La COP 22 s'est achevée non pas sur un échec mais sur des mesures limitées. La position de la future administration américaine a refroidi l'ambiance et gelé les enthousiasmes. Mais l'Accord de Paris est déjà entériné et, dans le cadre d'une sorte de collation baptisée 2050 Pathways, des initiatives vont être prises en deçà de l'échelle des États.

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    Le bilan de cette COP 22 peut sembler léger, se résumant... à l'agenda pour la prochaine réunion, en décembre 2018. Les 196 pays réunis à Marrakech se sont en effet engagés à mettre au point d'ici là les règles d'applicationapplication de l'« Accord de Paris », né de la COP 21, désormais ratifié par 111 pays, plus l'Union européenne, et entré en vigueur le 4 novembre 2016.

    Premier traité quasiment mondial sur le climat, il prendra effet en 2020, quand s'achèvera le précédent, le « protocole de Kyoto », qui n'est guère efficace, puisque les États-Unis ne l'ont pas ratifié et qu'il ne concerne que les pays dits développés, et donc pas la Chine et l'Inde par exemple.

    Après les engagements de l'Accord de Paris, Marrakech devait être le moment des décisions pour des actions concrètes. On a parlé argentargent et surtout de l'affectation du fonds de 100 milliards de dollars par an (94 milliards d'euros) donné aux pays pauvres par les plus riches. La somme n'est pas loin d'être atteinte mais les discussions portent sur son utilisation.

    Dans les années 1980, 20 % de la glace qui constituait la banquise arctique avait plus d’un an, contre seulement 3 % aujourd'hui. Sur ces photos, plus la glace est ancienne, plus elle apparaît blanche. © <em>Nasa's Goddard Space flight Center</em>, Jefferson Beck

    Dans les années 1980, 20 % de la glace qui constituait la banquise arctique avait plus d’un an, contre seulement 3 % aujourd'hui. Sur ces photos, plus la glace est ancienne, plus elle apparaît blanche. © Nasa's Goddard Space flight Center, Jefferson Beck

    Les pays développés souhaitent en général que cette manne serve à réduire les émissionsémissions de gaz à effet de serre alors que les pays pauvres, qui préfèrent en général investir dans les moyens de faire face au changement climatique, dont ils ressentent déjà les effets.

    La COP 22 a tout de même accouché d'une « plateforme des stratégies 2050 », ou, de son nom anglais, 2050 pathways. Outre 22 États, elle réunit 15 grandes villes, 17 régions et 196 entreprises. Ses signataires s'engagent à réduire à terme leurs émissions de carbonecarbone. Ce n'est donc qu'un vœu pieux mais l'initiative a le mérite de prendre en compte le fait que les États, à eux seuls, ne pourront pas tout faire. Les entreprises ont leur mot à dire et celles qui s'engagent montrent aux autres qu'investir dans les technologies à bas carbone est une bonne idée.

    L'Allemagne veut diviser par dix ses émissions de gaz à effet de serre

    De plus, la voie est ainsi libérée pour des projets nationaux. L'Allemagne, par exemple, annonce un plan pour réduire de 80 à 95 % ses émissions de carbone en 2050 par rapport à 1990. Les États-Unis ont fait mieux en prévoyant une baisse de 80 % en 2050 mais par rapport à 2005. Le changement d'administration dans ce pays rend cependant la promesse caduquecaduque.

    L'ombre du futur président des États-Unis, climatosceptique notoire qui juge que le réchauffement est un canularcanular, planait sur la COP 22. Myron Ebell, le prochain directeur de l'EPA (l'agence de protection de l'environnement du pays, Environmental Protection Agency), est déjà nommé. Pourfendeur des efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, il se présente sur son compte TwitterTwitter comme le « #1 enemy of climate change alarmism », c'est-à-dire l'ennemi numéro un de l'alarmisme sur le changement climatiquechangement climatique. Les États-Unis pourraient trouver le moyen de sortir de l'Accord de Paris.

    Il y aura sûrement matièrematière à discussion lors de la COP 23, organisée par les îles Fidji. Pour des raisons pratiques, elle se déroulera à Bonn fin 2017.