Il est rarement possible d'évaluer avec précision la masse des grands sauropodes de l’ère des dinosaures. Mais la découverte en Argentine du squelette presque complet d’un nouveau dinosaure supermassif, nommé Dreadnoughtus schrani, vient de battre un nouveau record en la matière. Avec une masse d’environ 59 tonnes pour une longueur de 26 mètres, il est le plus grand animal terrestre dont on a pu calculer la masse corporelle.

au sommaire


    Les reconstitutions de grands dinosaures donnent l'illusion qu'il est facile de trouver un squelette complet. Mais tout ceux qui ont eu la chance d'aider à la préparation de fossiles de dinosaures en laboratoire savent bien qu'il n'en est rien pour ces géants de l'ère secondaireère secondaire. Les os manquants sont remplacés par des copies ou même par des os provenant d'un autre membre de la même espèce, trouvé sur le même site de fouille ou parfois ailleurs. Il y a donc toujours une incertitude quant à la taille et la massemasse exacte que pouvait atteindre un dinosaure, sans parler des doutes sur sa forme ou son aspect.

    Or, au cours de quatre campagnes de fouilles menées de 2005 à 2009 dans le sud de la Patagonie, en Argentine, une équipe de paléontologuespaléontologues a trouvé presque 70 % des différents os composant une espèce de sauropode géant jusqu'alors inconnue. Le crânecrâne manquait et, même si en fin de compte seulement 45 % du squelette total a été retrouvé, cette découverte inespérée a permis de reconstituer de façon presque complète le squelette de cet animal qui vivait il y a 77 millions d'années.

    On ne possède pas encore d'exemplaire du crâne de <em>Dreadnoughtus schrani</em>, le titanosaure que l'on a retrouvé en Patagonie. Mais le grand nombre d'os que l'on connaît permet d'en faire cette reconstitution d'artiste, qui doit être assez fidèle. © Jennifer Hall

    On ne possède pas encore d'exemplaire du crâne de Dreadnoughtus schrani, le titanosaure que l'on a retrouvé en Patagonie. Mais le grand nombre d'os que l'on connaît permet d'en faire cette reconstitution d'artiste, qui doit être assez fidèle. © Jennifer Hall

    Dreadnoughtus schrani, le titanosaure le plus massif connu

    Comme ils l'expliquent dans l'article publié dans Nature, les chercheurs ont pu en déduire la masse de ce sauropode géant, qui fait partie des titanosaures, à l'aide de mesures effectuées sur son fémurfémur et son humérushumérus. Elle s'est révélée être d'environ 59 tonnes, ce qui est équivalent à celle d'une douzaine d'éléphants africains et probablement de plus de sept T. rex. (notons que les publications venues des États-Unis indiquent 65 tons, différentes de nos tonnes métriques). Cela laisse d'autant plus songeur qu'avec ses 26 m de longueur, l'animal n'avait malgré tout pas encore terminé sa croissance si on en juge par l'analyse de ses os. Il détrône donc un autre géant trouvé en Patagonie, Elaltitan, dont la masse avait été estimée à 47 tonnes.

    L'animal a été baptisé Dreadnoughtus schrani par Kenneth Lacovara de l'université Drexel, l'un des paléontologues qui a conduit son étude. Schrani a été choisi en l'honneur de l'entrepreneur américain Adam Schran, qui a apporté son soutien à la recherche, et Dreadnoughtus signifie en gros « qui ne craint rien ». À son époque, en effet, aucun prédateur ne semble avoir été en mesure de menacer pareil géant. Il s'agit aussi d'un clin d'œilœil aux Dreadnoughts, des navires cuirassés censés être virtuellement invulnérables. Il est possible qu'un de ses cousins connus depuis longtemps, Argentinosaurus, ait eu une masse et une taille comparables voire supérieures, mais comme on n'a retrouvé jusqu'ici qu'une demi-douzaine de vertèbres, un tibiatibia et quelques autres pièces fragmentaires, il est encore impossible d'en être sûr.

    En attendant, le caractère presque complet du squelette de Dreadnoughtus schrani a permis aux chercheurs d'en faire une excellente reconstitution numériquenumérique 3D à l'aide de faisceaux laserlaser qui l'ont scanné. En fournissant les traces des attaches musculaires, elle permet d'étudier comme jamais la biomécanique des sauropodes.