L’accroissement de la production des biocarburants n’ira pas sans provoquer de sérieux problèmes au niveau alimentaire dans les pays les plus pauvres de la planète, met en garde l’ONU.

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    Pollution du Golfe du Mexique (apparaissant en bleu clair) provoquée par le rejet d'eaux eutrophisées du fleuve Mississippi. Crédit : United Nations Environment Programme

    Pollution du Golfe du Mexique (apparaissant en bleu clair) provoquée par le rejet d'eaux eutrophisées du fleuve Mississippi. Crédit : United Nations Environment Programme

    « Le changement d'orientation [de nombreux exploitants] en faveur de la production des biocarburants a détourné des terres de la chaîne alimentairechaîne alimentaire », s'inquiète Josette Sheeran, la directrice du Programme alimentaire mondial (PAM). Et de signaler qu'en Afrique, le prix de l’huile de palme atteint à présent celui du carburant.

    Les pays de l'Union européenne se sont en effet engagés à réduire leurs émissionsémissions de gaz à effet de serre de 20 % à l'horizon 2020 par rapport à 1990, et de ce fait encouragent la production de carburant dit vert, autrement dit de combustiblecombustible distillé à partir de divers végétaux. Mais la spéculation, ainsi que la demande sans cesse accrue, font que les matièresmatières premières voient leurs prix s’envoler. « C'est peut-être une très bonne affaire pour les agriculteurs mais à court terme les plus pauvres sur la planète seront durement frappés », ajoute Josette Sheeran.

    Les efforts contre la faim dans le monde se heurtent au prix de l'alimentation, dont l'augmentation a été de plus de 40 % depuis juin 2007, soit en moins d'une année. Les cultures destinées aux biocarburants tendent de plus en plus à remplacer celles destinées à l'alimentation humaine, moins rentables, dont les produits se situent désormais économiquement hors de portée de nombreux habitants des pays pauvres.

    Selon Josette Sheeran, cette situation provoque l'apparition d'un nouveau type de carence alimentairecarence alimentaire dans ces pays, les gens n'ayant plus les moyens d'acheter suffisamment de nourriture, abondante mais hors de prix. Réunis la semaine dernière, les 27 ministres européens de l'environnement ont exprimé leurs inquiétudes devant les conséquences économiques et humanitaires d'une telle situation.

    Le problème n'est pas qu'alimentaire...

    En effet, alors que les règlements tendent à imposer une part de plus en plus importante de biocarburants dans l'usage quotidien en vue de réduire la pollution, l’effet est inverse dans certaines régions, et tend à s'accroître.

    Ainsi, les engrais azotés utilisés dans plusieurs états comme l'Illinois, l'Iowa, le Nebraska et le Wisconsin se déversent sous forme de nitrates dans les affluents du Mississippi, dont ils favorisent le développement d'algues grandes consommatrices d'oxygène. Cette prolifération provoque une eutrophisation importante à l'endroit où le fleuve se jette dans le Golfe du Mexique, concernant une zone atteignant aujourd'hui 20.000 km².

    Selon Simon Donner, de l'université de Colombie-Britannique, cette eutrophisation rend l'eau du Golfe impropre à la vie des écosystèmesécosystèmes aquatiques, provoquant la mort des organismes sédentaires et la fuite des poissonspoissons. Ce phénomène a aussi d'importantes répercussions sur la pêchepêche, mais celle-ci est malheureusement économiquement moins importante que la production de carburant...

    Les Etats-Unis produisent actuellement 19 milliards de litres de bio-éthanol par an au moyen de 140 raffineries. L'objectif, annoncé en 2007 par le président Bush, est d'atteindre 1.300 milliards de litres annuels d'ici 2017.