L’aviation peut contribuer jusqu’à un cinquième du réchauffement climatique dans certaines zones de l’Arctique. Cependant, cette contribution serait bien plus complexe que le simple effet du dioxyde de carbone émis, ce qui rendrait sa taxation « absurde » pour l’aviation.

au sommaire


    Les traînées laissées par les avions modifient le bilan radiatif terrestre et pourraient avoir un effet dramatique sur l'Arctique. © Bob MacInnes CC by

    Les traînées laissées par les avions modifient le bilan radiatif terrestre et pourraient avoir un effet dramatique sur l'Arctique. © Bob MacInnes CC by

    D'après la première étude américaine sur l'impact des traînées d'avions sur le climat, ces longs nuages artificiels seraient responsables de 4 à 8% du réchauffement depuis 1850, soit une augmentation de la température moyenne globale de 0,03 à 0,06°C. Au-dessus de l'Arctique, l'effet serait plus important et atteindrait 15 à 20% du réchauffement de la région.

    Depuis que plusieurs pays et l'Union européenne entendent intégrer l'aviation dans la lutte contre l'effet de serre et notamment taxer ses émissionsémissions de carbonecarbone, les Etats-Unis sont entrés dans la danse des études sur l'impact de ce secteur. D'après le rapport du Giec de 1999, L'aviation et l'atmosphèreatmosphère planétaire, le trafic aérien ne représente que 2% des émissions totales de CO2, mais sa croissance moyenne de 5% (en passagers-kilomètres payants) et ses autres effets sur le climat en font un acteur du réchauffement à ne pas négliger, même si son impact réel est encore peu connu.


    En 2009, le trafic aérien est estimé à 35 millions de vols commerciaux par an. Cette vidéo réalisée par les élèves de l’école d’ingénierie suisse ZHAW simule 24 heures de trafic aérien condensées en 1 minute. © ZHAW

    Pour la première fois, cet impact n'est plus une estimation mais le résultat d'analyses basées sur des données d'émissions (de 2004 à 2006). Mark Jacobson et son équipe de l'Université de Stanford ont en effet établi un modèle à partir de ces données pour calculer la contribution des émissions de l'aviation au réchauffement climatiqueréchauffement climatique. Ce modèle prend en compte la composition atmosphérique, la nébulosité (présence de nuage) et les propriétés physiquesphysiques des émissions, en particulier le carbone-suiesuie ou black carbon (BC).

    Le grand méchant black carbon

    Pour les années 2004 à 2013, la simulation par ce modèle des caractéristiques et de l'évolution dans le temps des traînées d'avions a révélé que leurs impacts, en particulier sur les cirruscirrus, étaient hétérogènes. Ce qui contredit les hypothèses des précédentes études.

    Dans les zones à fort trafic, la fraction des cirrus est augmentée par les traînées. Mais en d'autres endroits, les émissions des avions la réduisent en élevant la température de la basse atmosphère. Cet échauffement réduit l'humidité et donc défavorise la formation de ces nuages.

    D'après Mark Jacobson, la division des émissions de carbone-suie par 20 permettrait d'annuler ce réchauffement et pourrait même engendrer un effet de refroidissement par les traînées. Ces nébulosités augmentent en effet l’albédo de la planète et donc diminuent la quantité d'énergieénergie solaire absorbée.

    Selon David Fahey, du Earth System Research Laboratory de Boulder (Colorado) et du National Oceanic and Atmospheric AdministrationNational Oceanic and Atmospheric Administration, les travaux de Mark Jacobson permettront d'établir des mesures de lutte contre le réchauffement climatique pertinentes. Ce qui sera plus réaliste que la simple taxation des émissions de l'aviation qu'il qualifie d'« absurde ».