Si les États-Unis et la Chine ne décident pas d’efforts plus importants, Tokyo oubliera le protocole de Kyoto. L’ultimatum japonais chauffe l’ambiance au sein des négociateurs de COP 16-CMP 6.

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    Le grignotage de la forêt amazonienne, ici vu par un satellite de la Nasa, commence à se réduire. © Nasa

    Le grignotage de la forêt amazonienne, ici vu par un satellite de la Nasa, commence à se réduire. © Nasa

    Le protocole de Kyoto est actuellement le seul engagement international qui contraint les pays industrialisés - du moins ceux qui l'ont ratifié, donc hormis les États-Unis - à limiter leurs émissions de gaz à effet de serre (GESGES). Cet accord prévoit une baisse de 5 % des émissionsémissions par rapport à 1990 et sa première phase prend fin en 2012. L'un des enjeux de la réunion organisée par l'ONU à Cancùn est de tracer de nouvelles règles pour « l'après-Kyoto ». C'est notamment le but de la CMPCMP 6, la sixième conférence des « parties », c'est-à-dire des États qui ont signé le protocole de Kyoto.

    Mais le Japon ne veut plus jouer le jeu après 2012 si les États-Unis et la Chine ne s'engagent pas à réaliser des efforts similaires. Désormais premier émetteur mondial de GES, la Chine a ratifié Kyoto mais, en tant qu'ex-pays en voie de développement, n'est pas concernée par la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiqueschangements climatiques (CCNUCC), l'objet de COP 16.

    Même si le Japon n'est responsable que de 3 % des GES mondiaux d'origine humaine, ce blocage nippon engage les négociations dans une mauvaise voie. « C'est comme une douche froide » a déclaré à l'AFP Brice Lalonde, ambassadeur pour les négociations de la partie française, lui qui espère, comme il l'a expliqué à Futura-Sciences, « au moins confirmer les engagements pris à Copenhague » (voir également son interview sur MDDTV, chaîne vidéo du ministère du Développement durable). Hideki Minamikawa, un des négociateurs japonais, a clairement posé le problème devant les journalistes : « Cela n'a aucun sens de lancer une deuxième phase dans la mesure où le protocole de Kyoto ne couvre plus que 27 % des émissions globales de GES ». Quand il a été conclu, en 1997, le protocole de Kyoto couvrait 56 % des émissions de GES, en incluant celles des États-Unis, qui ont refusé de ratifier ce traité.

    Les pays du sud inquiets

    Cette sorte d'ultimatum met le doigt sur le point critique de la réunion de Cancùn : l'enjeu principal est bien un engagement des États-Unis et de la Chine, les deux premiers émetteurs de GES. L'Europe, qui fut le premier moteur de ces efforts internationaux, ne peut aujourd'hui qu'exhorter ces deux puissances à rejoindre le mouvementmouvement. Pour le reste du monde, la situation évolue aussi : les pays du sud sont désormais très motivés, car les effets du réchauffement commencent à s'y faire sentir, entre désertification, tempêtes et montée du niveau de la mer, en attendant l'acidification des océans.

    Le Brésil, grand abatteur d'arbres, vient d'annoncer que la déforestationdéforestation de l'Amazonie avait été fortement réduite et « qu'elle n'a jamais été aussi faible depuis 1988 ». Entre août 2009 et juillet 2010, 6.450 km2 de forêt ont été rasés, soit 14 % de moins que l'année précédente. À l'échelle mondiale, la déforestation est responsable de 20 % des émissions de GES. Selon beaucoup d'observateurs, la réunion de Cancùn pourrait être l'occasion d'une avancée dans la lutte contre cette déforestation.