Le sommet de l’ONU sur l’environnement (COP 16/CMP 6) s’est achevé à Cancùn sur un accord modeste mais réel. Un objectif de limitation de température est donné. Les États-Unis, l’Inde et la Chine s’engagent. La dotation d’un « fonds vert » est décidée. Mais la suite du protocole de Kyoto est très incertaine et les financements restent flous.

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    Le COP 16 ouvre la voie à COP 17, qui s'ouvrira en novembre 2011, à Durban, en Afrique du Sud. © ONU

    Le COP 16 ouvre la voie à COP 17, qui s'ouvrira en novembre 2011, à Durban, en Afrique du Sud. © ONU

    Cancùn se termine mieux que Copenhague. Les négociations du COP 16/CMP 6 se sont achevées samedi 11 décembre au matin sur un accord qui n'impose pas de contraintes mais qui engage les nations à lutter contre les causes humaines du changement climatiquechangement climatique.

    Promesse est faite d'agir pour limiter la hausse des températures à 2°C avant la fin du siècle par rapport au début de l'ère industrielle. La lutte contre la déforestation est désormais officiellement consacrée par les « parties » (les pays participant aux négociations), d'abord grâce au programme REDD (Reducing Emissions from Deforestation and forest Degradation). Enfin, le principe du « fonds vert », avancé à Copenhague, est entériné. Il sera géré par une commission de 24 membres représentant à parité des pays pauvres et des pays riches. À partir de 2020, cent milliards de dollars seront levés chaque année pour aider les pays pauvres à réduire leurs émissionsémissions de gaz à effet de serre (GES), à s'adapter aux modifications du climat et à transférer de nouvelles technologies. En avance sur ce calendrier, l'Europe, les États-Unis et le Japon ont promis 30 milliards de dollars entre 2011 et 2012.

    Felipe Calderon, président du Mexique : « <em>Nous sommes tous dans le même avion et nous n'avons plus de pilotes. Tous les passagers sont désormais responsables de l'avion et ils se chamaillent pour savoir qui sont les fautifs – ceux de la classe touriste ou bien ceux de la première classe ? – et l'avion continue à perdre de l'altitude. Je pense, mes amis, que quelqu'un doit prendre le contrôle de l'avion.</em> » © ONU

    Felipe Calderon, président du Mexique : « Nous sommes tous dans le même avion et nous n'avons plus de pilotes. Tous les passagers sont désormais responsables de l'avion et ils se chamaillent pour savoir qui sont les fautifs – ceux de la classe touriste ou bien ceux de la première classe ? – et l'avion continue à perdre de l'altitude. Je pense, mes amis, que quelqu'un doit prendre le contrôle de l'avion. » © ONU

    Les pays émergents émergent aussi dans les négociations

    Globalement, tout le monde se réjouit de l'attitude des différents pays, notamment de la Chine, qui fait montre d'une grande volonté à réduire ses émissions de GES, et de l'Inde, qui s'exprimait par la voix de son ministre de l'environnement, Jairam Ramesh. Seule la Bolivie a fait entendre une voix franchement discordante. Sa délégation explique que ses objections n'ont pas été prises en compte dans l'accord final. Or les décisions de l'ONU exigent un consensus. Le pays a du coup décidé de porter l'affaire devant la Cour de justice internationale (CIJ).

    On peut dire que les négociations du 16e sommet de l'ONU sur le changement climatique, COP 16 donc, s'achèvent sur un certain accord, même s'il est modeste et un peu flou. Les premiers commentaires ont salué le fait que le principe de ces négociations internationales organisées par l'Onu a démontré qu'il fonctionne. Beaucoup craignaient en effet qu'un second échec, après Copenhague, ne décrédibilise définitivement ces grandes réunions ; ce qui fait dire à Wendel Trio, de Greenpeace : « Cancùn a peut-être sauvé le processus mais pas encore le climat ».

    Sachant que COP 16 > COP 15 est une proposition vraie,déterminez si COP 17 > COP 16 sera vrai aussi

    Les objectifs ne sont pas contraignants et l'histoire ne dit pas comment les actions entreprises seront contrôlées. De même, l'accord sur le fonds vert ne précise pas qui paiera quoi. Voilà donc les questions à débattre à Durban, lors du COP 17...

    La partie CMPCMP 6, celle de la suite à donner au protocole de Kyoto s'en sort, elle, beaucoup moins bien. Seul dispositif vraiment contraignant, ce protocole (signé en 1997 et ratifié en 2005) prend fin en 2012, année où, selon l'accord initial, il faudra discuter de sa deuxième phase. Les États-Unis ont signé le protocole mais ne l'ont pas ratifié. En tant que pays émergentémergent, la Chine n'est pas concernée. Autrement dit, les deux plus importants émetteurs de GES de la planète restent en dehors de ces discussions. Le Canada, le Japon et la Russie s'opposent ouvertement à la reconduction du protocole et militent pour un dispositif moins contraignant.

    « Cet accord fournit une plateforme pour l'abandon du protocole de Kyoto » estime l'association Les Amis de la Terre. Les scientifiques du GiecGiec affirment toujours qu'il faudrait réduire de 25 à 40 % nos émissions de GES pour espérer contenir la hausse des températures en dessous de 3 à 5° C. Les mesures évoquées à Copenhague et espérées après Cancùn ne permettront d'atteindre qu'environ 15 % à l'horizon 2020. Nous n'échapperons pas au changement climatique, comme nous l'expliquait le climatologueclimatologue Hervé Le Treut.