Plus la température augmente, plus les plantes migrent vers les sommets des montagnes. La première étude à grande échelle rend compte de ce phénomène sur l'ensemble de l'Europe. Le réchauffement climatique provoque bien le déplacement des aires de répartition de ces espèces vers les altitudes plus élevées.

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    En Europe, quatre sommets culminent à plus de 5.000 m (tous dans le Caucase) et leur flore est menacée par le réchauffement climatique. © mll, Flickr, cc by nc 2.0

    En Europe, quatre sommets culminent à plus de 5.000 m (tous dans le Caucase) et leur flore est menacée par le réchauffement climatique. © mll, Flickr, cc by nc 2.0

    Des chercheurs ont étudié la flore des pics européens afin de détecter un éventuel impact du réchauffement climatique. C'est une des premières analyses à grande échelle sur la migration des plantes due à l'augmentation des températures. Elle montre qu'entre 2001 et 2008, l'aire de répartition des végétaux s'est globalement déplacée vers le sommet des montagnes où la température est plus fraîche. Les scientifiques appellent ce phénomène la thermophilisation.

    Ce sont précisément 627 espèces de plantes - arbresarbres exclus car il n'y en a pas à haute altitude - qui ont été observées par des chercheurs venant de toute l'Europe. Ils ont scruté l'aire de répartition de ces végétaux autour de soixante pics dans la plupart des chaînes de montagnes européennes : les Alpes, les Pyrénées, les Carpates, l'Oural, la Sierra Nevada, le Caucase, les Dolomites, etc. En tout, dix-sept régions dans l'ensemble de l'Europe ont fait l'objet d'une analyse. Le but des chercheurs était d'avoir une vue continentale de l'impact du réchauffement, quand la plupart des travaux déjà réalisés ne s'occupaient que de la dimension locale.

    Impact du réchauffement sur 70 % des sommets étudiés

    Et les résultats vont d'ailleurs globalement dans le même sens que les analyses locales qui indiquent souvent un déplacement de l'habitat vers des altitudes ou des latitudes plus élevées. Pour seize de ces dix-sept régions et quarante-deux des soixante pics, il a été décelé un indice de thermophilisation positif, traduisant une migration vers les sommets pour atteindre des températures plus froides.

    Des zones d'échantillonnage étaient placées sur chacune des 4 faces des soixante sommets observés. © Gottfried <em>et al.</em> 2012, <em>Nature Climate Change</em>

    Des zones d'échantillonnage étaient placées sur chacune des 4 faces des soixante sommets observés. © Gottfried et al. 2012, Nature Climate Change

    Le sommet : dernier refuge

    Qu'est-ce que l'indice de thermophilisation ? Il s'agit d'un chiffre qui rend compte de la migration d'une plante au cours du temps. En 2001 et en 2008, les scientifiques ont recensé la flore au niveau des sommets observés - pour chaque pic, les quatre faces étaient étudiées - et ont calculé l'indicateur thermique de végétation qui prend en compte l'aire de répartition d'une espèceespèce et son altitude.

    L'indice de thermophilisation est la différence entre les indicateurs thermiques de végétation de 2008 et de 2001. Ainsi, quand il est positif, les chercheurs peuvent conclure qu'il y a eu une migration vers des altitudes plus importantes et des températures moins chaudes, ce qui peut se traduire par un impact du réchauffement climatique.

    Et que se passe-t-il lorsqu'elles parviennent près du sommet ? De manière générale, quand un végétal migre en altitude, son aire de répartition se réduit, jusqu'à ce qu'elle devienne nulle. Souvent, ces espèces, déjà isolées depuis des milliers d'années, sont endémiquesendémiques de la région. Si bien que lorsqu'une population disparaît d'un sommet, c'est tout simplement l'espèce qui s'éteint.