Des éléphants croisant des kangourous dans la savane australienne ? C'est l'idée originale d'un chercheur afin de lutter contre l'herbe de Gambie, qu'aucun animal ne mange et qui a envahi cette savane où elle attise les incendies. Ou comment introduire une espèce pour lutter contre une espèce introduite...

au sommaire


    Il existe trois espèces d'éléphants, mais en introduire une en Australie pourrait mener à une spéciation. © Bruno Scala

    Il existe trois espèces d'éléphants, mais en introduire une en Australie pourrait mener à une spéciation. © Bruno Scala

    Un chercheur suggère, dans la revue scientifique Nature, d'introduire des éléphants en Australie pour permettre d'enrayer la prolifération d'une herbe d'origine africaine, responsable de feux de brousse dévastateurs.

    « L'une des principales sources de carburant pour les feux de forêts dans les climats tropicaux humides, c'est l'herbe de Gambie, une herbe africaine géante qui a envahi les savanes du nord de l'Australie », constate David Bowman, biologiste spécialisé dans les changements environnementaux à l'université de Tasmanie, dans son article publié mercredi dernier.

    Une herbe trop haute pour les animaux locaux

    Cette « herbe de Gambie » (Andropogon gayanus) est trop grande pour que les herbivores marsupiaux, tels les kangourous, s'en nourrissent. Et même les bovins d'élevage ou les buffles ne consomment pas cette graminéegraminée géante qui peut atteindre jusqu'à 4 mètres de hauteur. Elle sèche donc durant la saison sèche et alimente les gigantesques incendies qui sévissent chaque année en Australie.

    Des panneaux avertissant le risque de traversée de la route par des éléphants. À venir en Australie ? © dckf_$êr@pH!nX, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Des panneaux avertissant le risque de traversée de la route par des éléphants. À venir en Australie ? © dckf_$êr@pH!nX, Flickr, cc by nc nd 2.0 

    Introduire des éléphants, une solution biologique contre une herbe invasive ?

    « Mais l'herbe de Gambie est un repas de choix pour les éléphants ou les rhinocérosrhinocéros », observe le biologiste qui suggère de réfléchir à la possibilité d'introduire ces espèces africaines sauvages en Australie tout en reconnaissant que l'idée « peut paraître absurde ». Sur l'île-continent, on se souvient toujours de l'introduction au dix-neuvième siècle de quelques couples de lapins qui ont proliféré au point d'envahir tout le pays, de provoquer un désastre écologique et mettre à mal toutes les tentatives d'éradication, notamment l'introduction du renard et du virus de la myxomatosemyxomatose...

    « Mais les seules autres méthodes pouvant vraisemblablement combattre l'herbe de Gambie impliquent d'utiliser des substances chimiques ou de débroussailler physiquement le pays, ce qui détruirait l'habitat naturel », souligne-t-il. Une lutte biologique peut donc paraître plus appropriée.

    Recourir à des herbivores géants pour lutter contre une graminée géante « pourrait au bout du compte être plus efficace et rentable, et cela contribuerait à protéger des animaux menacés par le braconnage dans leur environnement d'origine », écrit le scientifique.

    Une telle introduction devrait toutefois se faire avec la plus grande prudence, afin de pouvoir étudier précisément son impact sur l'écosystèmeécosystème australien, et avec un strict contrôle des naissances pour éviter une surpopulation, souligne David Bowman.