Face à la situation délicate du japon, Étienne Bourgois et Éric Karsenti ont décidé de modifier le parcours de la troisième année de l’expédition Tara Oceans. La goélette ne passera finalement pas par le Japon.

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    Tara Oceans a dû prendre en compte la situation exceptionnelle du Japon dans son parcours. © F. Latreille/Tara Expedition

    Tara Oceans a dû prendre en compte la situation exceptionnelle du Japon dans son parcours. © F. Latreille/Tara Expedition

    La goélette Tara est partie le 5 septembre 2009 de Lorient et a déjà parcouru 40.000 milles, de l'Atlantique au Pacifique en passant par la Méditerranée et l'océan Indien. Cette expédition, codirigée par Étienne Bourgois et Éric KarsentiÉric Karsenti, devait initialement passer quatre mois et demi en Asie, en particulier en mer du Japon et dans les secteurs alentours. Tokyo représentait même une escale capitale. Mais devant l'ampleur de la crise que traverse le Japon, le parcours de la goélette a été modifié, comme l'explique Étienne Bourgois (directeur de Tara Oceans et président de Tara ExpéditionsTara Expéditions) : « Le Japon vient de subir une catastrophe majeure. La situation nucléaire n'est pas maîtrisée. Nous devons donc revoir notre feuille de route qui passait notamment par Tokyo l'année prochaine. »

    Il existe en effet un risque sur le terrain, même s'il est difficile à l'heure actuelle de l'évaluer précisément, mais pour Tara les demandes d'autorisations de prélever dans les eaux territoriales se faisant un an à l'avance, cette décision devait être prise rapidement. Plus globalement, il paraît très difficile d'évaluer les conséquences environnementales, humaines et économiques, de cette catastrophe sans précédent. Il est possible que la dispersion des produits radioactifs ait un impact important dans l'océan Pacifique. Enfin, cette décision intervient dans un contexte économique devenu peu favorable.

    La goélette <em>Tara</em>. © J. Girardot/Fonds Tara

    La goélette Tara. © J. Girardot/Fonds Tara

    Le nouveau parcours de Tara Oceans

    Durant les mois à venir, Tara va poursuivre sa route vers Papeete comme prévu en passant par les Galapagos, les îles Gambier, avec une mission autour des coraux, et les îles Marquises. Après Tahiti, le navire remontera vers Hawaï, traversera le « continent de plastiqueplastique » du Pacifique nord, fera escale à San Diego.

    Puis Tara empruntera le canal de Panama à Noël prochain pour traverser ensuite l'Atlantique, avec une arrivée prévue à Lorient au mois de mars 2012. Soit encore 20.000 milles à parcourir (un tour du monde) pour la goélette et encore cent stations scientifiques prévues au programme.

    « Ce choix de modification du trajet a été fait d'un commun accord avec les scientifiques de la mission Tara Oceans et nos partenaires dont le soutien est extrêmement important. En définitive nous ne rentrerons que six mois plus tôt que prévu sur une mission de trois ans. » précise Étienne Bourgois. Il souligne également que « le nouveau parcours choisi par les scientifiques présente des intérêts majeurs comme le transect très peu étudié Papeete-Hawaï, ou encore l'étude du continent de plastique dans le Pacifique, des prélèvements dans le Golfe du Mexique seront aussi faits. »

    L'expédition Tara Oceans étudiera notamment les coraux. © F. Benzoni/Tara

    L'expédition Tara Oceans étudiera notamment les coraux. © F. Benzoni/Tara

    Les récoltes d'échantillons

    L'analyse à terre des cent premières stations a commencé depuis un an. Le consortium scientifique commence à obtenir des résultats et plusieurs articles sont en cours de structuration pour les revues scientifiques. Le consortium scientifique Oceans va bien sûr continuer à traiter les données et les échantillons recueillis au fur et à mesure de leur arrivée dans les laboratoires. Tara Oceans est donc entré dans sa seconde phase : la récolte des fruits d'un échantillonnageéchantillonnage planétaire colossal.

    Au retour de Tara à Lorient en mars 2012, des dizaines de milliers de microorganismesmicroorganismes et des échantillons considérables de coraux auront été prélevés et analysés avec succès dans tous les océans du globe depuis septembre 2009. Cette collecte complète permettra de mieux connaître la structure des écosystèmes océaniques, l'évolution des organismes qui les composent et leur capacité à s'adapter à des changements environnementaux majeurs. Elle constituera un point de référence pour les générations futures.