C'est aujourd'hui que le nouveau carburant SP95-E10 devient disponible dans certaines stations-service. Additionné de 10% d'éthanol d'origine agricole, il réduit les émissions françaises de gaz carbonique. Cette première européenne soulève déjà des critiques.

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    Un puits de carbone à la place d'un puits de pétrole. © abac077 / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

    Un puits de carbone à la place d'un puits de pétrole. © abac077 / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0)

    Le carburant nouveau est arrivé. Appelé SP95-E10, ou plus simplement E10, il contient 10% d'éthanol ou de ETBE (Ethyl Tertio Butyl Ether), tirés des céréales ou de la betterave, contre 5 à 6,25 % pour le SP95 actuel. Ce carburant vert est censé générer une réduction globale des émissionsémissions de gaz carboniquegaz carbonique (« du puits à la roue ») d'environ 6%. L'Europe exige que les carburants devront contenir 7% d'agrocarburantagrocarburant en 2010 et 10% d'ici 2015. La France entend donc prendre les devants et faire figure de bon élève.

    Mais la généralisation du E10 prendra du temps. Aujourd'hui premier avril, il est difficile de connaître le nombre de stations-service qui en proposent. Carrefour annonce 24 pompes début avril sur les autoroutes et BP 422 à la fin du mois et Total « se prépare actuellement à la production et au déploiement de cette nouvelle essence ». A la fin de l'année, seulement 70% des stations devraient le proposer, d'après l'Union française des industries pétrolières. Avec une réduction de taxes de 21 centimes, le E10 devrait coûter trois centimes de moins que le SP95. Cette différence pourrait s'amenuiser si le pétrolepétrole continue à baisser. Pour contraindre les distributeurs à verdir leurs pompes, le gouvernement a prévu une amende pour ceux qui resteraient en dessous des objectifs.

    60% du quart des voitures françaises sont compatibles

    Quelle que soit la bonne volonté des automobilistes, ce carburant vert ne convient pas à toutes les voituresvoitures. Tout d'abord, il ne concerne bien sûr que les moteurs à essence, soit, en France, un quart des voitures. On attend un « B10 », biodiesel à 10% de bioéthanol. De plus, la présence d'éthanol rend le E10 plus corrosif que l'essence actuelle, ce qui met à mal les joints et les durits. Depuis 2000, les constructeurs ont pris en compte cette nouvelle contrainte, mais il faut en rester au SP95 pour les véhicules plus anciens. Dommage pour eux car on nous promet la disparition progressive de ce carburant. Les chiffres officiels indiquent que 60% des véhicules à essence seraient compatibles. Une page Web du Ministère de l'Ecologie en donne la liste. Cette compatibilitécompatibilité réduite a conduit l'Allemagne à renoncer à l'E10.

    Pour les véhicules capables de le digérer, le gain doit être relativisé par une légère augmentation de consommation, estimée à 1,7% (enrichi en éthanol, le carburant brûle avec moins d'efficacité). Les détracteurs des agrocarburants y voient un paramètre de plus venant réduire les bénéfices attendus de leur adoption.

    D'autres vont plus loin et contestent les calculs initiaux sur les réductions d'émissions de gaz à effet de serre. La fédération France nature environnement (FNE), qui regroupe 3.000 associations, parle « d'arnaque ». Sans aller jusque-là mais en considérant les surfaces agricoles mobilisées et l'obligation de recourir à une agriculture intensive, il apparaît que le bilan ne peut pas être bouleversant d'efficacité. Adopter une conduite plus calme et aller chercher son pain à pied (là où c'est humainement possible) a peut-être autant d'effet...