Les plantes génétiquement modifiées sont d’ores et déjà dans nos assiettes, qu’on le veuille ou non. Elles seraient aussi désormais au bord des routes, au moins aux Etats-Unis, par manque de contrôle de leur dissémination. Une mauvaise nouvelle pour les protecteurs de l’environnement.

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    Les organismes génétiquement modifiés, ou OGM, sont aujourd'hui couramment cultivés pour l'industrie agro-alimentaire. Depuis le milieu des années 1990, où les premières plantes OGM ont été commercialisées, les scientifiques n'ont cessé d'essayer d'améliorer le patrimoine génétiquegénétique des plantes agronomiques. RésistanceRésistance aux insectes, aux herbicides, à la sécheresse... beaucoup de gènesgènes d'origine bactérienne ou autre ont ainsi été transférés au maïsmaïs, au sojasoja ou encore au colza.

    Pourtant, les OGM n'ont pas que des avantages. En effet, les transgènestransgènes introduits dans les plantes expriment des protéinesprotéines a priori inoffensives pour notre organisme, mais la modification d'un seul gène peut entraîner une modification globale de l'expression des gènes de la plante. Un tel processus peut mener à des conséquences inattendues, potentiellement dangereuses. Les anti-OGM mettent le doigt sur une trop faible recherche de ces risques potentiels, et surtout sur le manque de recul des scientifiques et des producteurs. De plus, les gènes de résistance pourraient être transmis aux bactériesbactéries, accentuant le phénomène de résistance aux antibiotiquesantibiotiques, déjà problématique.

    Dans ces conditions, les cultures devraient être contrôlées pour éviter toute dissémination vers des champs non-OGM. La propagation des graines dans des zones sauvages pourrait avoir des conséquences néfastes sur la biodiversité de ces régions car les OGM plus résistants pourraient prendre le dessus. Mais il semble vain d'éviter la dissémination des cultures lorsque des champs entiers de plantes OGM sont soumis aux ventsvents et aux insectes et que les semences sont transportées par camions à travers le pays.

    <em>Brassica napus</em>, nom scientifique du colza, est une plante cultivée en agriculture pour la production d'huile extraite des graines. Plusieurs types de colza génétiquement modifié ont été retrouvés au bord des routes américaines. © Wikimedia <em>Commons</em>

    Brassica napus, nom scientifique du colza, est une plante cultivée en agriculture pour la production d'huile extraite des graines. Plusieurs types de colza génétiquement modifié ont été retrouvés au bord des routes américaines. © Wikimedia Commons

    Seulement au bord des routes ?

    En effet, au congrès international de l'Ecological Society of America, des scientifiques de l'Université de l'Arkansas ont démontré la présence de plantes OGM dans des zones non cultivées des Etats-Unis. Faut-il vraiment s'en étonner puisque d'après l'Isaaa (International Service for the Acquisition of Agri-biotech ApplicationsApplications), ce pays arrive en tête des pays producteurs de plantes OGM avec 64 millions d'hectares de culture (50% de la production mondiale) devant le Brésil et l'Argentine (chacun 21 millions d'hectares).

    De telles découvertes avaient déjà été faites aux alentours des champs d'OGM, mais la nouveauté ici c'est que les plantes ont été retrouvées très loin des cultures d'où elles semblent provenir. Pour parvenir à ces conclusions, l'équipe de chercheurs a réalisé entre le 4 juin et le 23 juillet 2010 des prélèvements de plantes Brassica napus (le colza) sur 288 sites le long d'une route de l'état du Dakota du Nord, séparés d'une distance de 8 kilomètres.

    Près de la moitié des sites analysés contenaient des plantes appartenant à l'espèceespèce B. napus. Parmi ces plantes, une majorité impressionnante (80%) exprimait des protéines de résistance aux herbicides. La moitié d'entre elles exprimaient le gène développé par le groupe Monsanto (résistance au glyphosateglyphosate) et l'autre moitié (résistance au gluphosinate) le gène issu des laboratoires Bayer. Deux des plantes analysées exprimaient même les deux gènes, une combinaison qui n'a pas été créée en laboratoire, indiquant que le transfert des gènes a eu lieu dans la nature.

    Les Etats-Unis ne sont pas les premiers à mettre en évidence la dissémination des plantes OGM : le Canada, le Royaume-Uni et le Japon l'avaient déjà constatée. L'origine de la dissémination provient probablement d'une chute de graines d'un camion lors de leur transport.

    Les scientifiques avouent un biais dans l'étude puisqu'ils ne se sont intéressés qu'aux bords des routes où circulent les camions emplis de graines OGM. Le résultat n'est donc pas nécessairement représentatif de la présence globale des OGM dans les régions non cultivées des Etats-Unis. Toutefois, ces résultats démontrent l'inefficacité des moyens mis en œuvre pour éviter la propagation des OGM et surtout un croisement possible des plantes OGM entre elles.