Ll’Ifaw se bat pour les animaux auprès des instances politiques, nationales et internationales. Ses actions sont ciblées et efficaces, parfois discrètes mais aussi tournées vers le public et les jeunes, comme la belle idée de la Semaine des animaux. Bernard Derty, son porte-parole, nous explique le fonctionnement de cette organisation.

au sommaire


    L'Ifaw est présente dans quinze pays.

    L'Ifaw est présente dans quinze pays.

    La condamnation internationale de la chasse aux bébés phoques a fait connaître l'Ifaw (prononcez « aïefo »). Le Fonds international pour la protection des animaux (en anglais, International Fund for Animal Welfare) mène de front plusieurs combats pour la défense des animaux, organisés en campagnes : contre l'abattage des bébés phoques, contre la reprise de la chasse à la baleine, pour la défense des orangs-outans, pour l'interdiction du commerce de l'ivoire...

    « L’animal est partie intégrante de l’environnement. »

    « L’animal est partie intégrante de l’environnement. »

    Futura-Sciences : Peut-on dire que l’Ifaw fait du lobbying ?

    Bernard Derty : Absolument. Nous disposons de bureaux dans de nombreux pays, qui agissent auprès des gouvernements, mais aussi auprès d'organisations supranationales, comme la Commission européenne, ou internationales, comme l'Onu.

    FS : Comment peut-on exercer des pressions sur ces instances ?

    Bernard Derty : Par le nombre de personnes que nous représentons et qui nous tiennent. Il y en a 3,5 millions dans le monde et entre 120.000 et 130.000 en France. Elles se manifestent par des dons.

    FS : Que faites-vous de cet argent ?

    Bernard Derty : Nous finançons beaucoup de projets : un parc national au Kenya, une association de défense des orangs-outans à Bornéo et bien des opérations ponctuelles, comme le transfert d'éléphants en Afrique (cela coûte très cher...). Ces actions sont parallèles à nos campagnes de lobbying.

    FS : Quels sont vos combats aujourd’hui ?

    Bernard Derty : Il y en a plusieurs ! Pour la chasse aux phoques, nous militons toujours pour un boycott du commerce des produits dérivés de phoques, quel qu'en soit l'âge et par tous les pays, alors qu'il n'est appliqué que par la Belgique, la Hollande et la Slovénie. Nous cherchons à placer les éléphants en Annexe 1 de la Cites (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction). Lors de sa dernière réunion à La Haye, on a tout de même obtenu qu'un moratoiremoratoire de neuf ans sur le commerce des éléphants soit mis en place. Ce qui signifiera que le commerce de l'ivoire sera  interdit dans tous les pays pendant la duréedurée de ce moratoire. Nous souhaitons bien sûr que cette interdiction devienne définitive. Au Japon, il est de tradition de signer à l'aide d'un sceau en ivoire (un hanko) souvent offert à la naissance. En Chine, les nouveaux milliardaires sont friands de belles sculptures en ivoire...

    FS : Que peut l’Ifaw France dans cette affaire internationale ?

    Bernard Derty : Dans le cadre de l'Union européenne, la France vote à la Cites... Lors de la dernière réunion, elle préconisait de repousser de vingt ans le moratoire présenté par le Kenya et le Mali sur l'interdiction totale du commerce de l'ivoire. Finalement, ce moratoire a été réduit à neuf ans et a été voté par les pays européens, grâce notamment à l'action de lobbying que nous avons menée. Il y a d'autres combats de ce genre passant par des conventions internationales. C'est le cas de la chasse à la baleine, toujours pratiquée par trois pays : la Norvège (qui n'a jamais voulu se soumettre au moratoire de 1986), l'Islande (qui a repris la chasse) et le Japon (qui utilise un article du moratoire autorisant la chasse à des fins scientifiques). On estime que depuis 1986, 25.000 baleines ont été tuées.

    FS : Ces actions concernent des grands animaux, des mammifèresmammifères qui peuvent sensibiliser l'opinion. Pourtant, il existe bien d'autres dangers, sur les habitats, par exemple.

    Bernard Derty : C'est le même combat. Lorsque nous défendons les orangs-outans, nous nous battons aussi pour la préservation des forêts de Bornéo et contre la culture outrancière de la palme (utilisée pour l'huile). Les animaux ont besoin d'un habitat, qui est la nature. Et les hommes en ont besoin aussi. Nous nous occupons des animaux et des hommes !

    FS : Vos combats sont souvent discrets…

    Bernard Derty : Nous menons aussi des actions plus visibles médiatiquement... Comme le retour de quatre gorilles au Cameroun après leur capture illégale et leur captivité en Thaïlande. Il nous a fallu des années pour ramener les animaux dans un centre de rééducation afin qu'ils puissent retourner dans leur milieu naturel. Et la Semaine des animaux, elle, n'a rien de discret !

    FS : Cette Semaine des animaux vient d’être lancée mais de quoi s’agit-il ?

    Bernard Derty : C'est une action dirigée vers les enseignants des collèges. Nous avons produit un cahier pédagogique et un film, en partenariat avec le journal Mon quotidien, destiné aux collégiens. Nous en avons distribués 8.000 au mois d'octobre. Mais tout est téléchargeable sur notre site Web. Grâce à ce matériel, l'enseignant peut conduire cinq activités différentes chaque jour de la semaine. Cette opération en est à sa quinzième année et se déroule aujourd'hui dans quinze pays.