Les zones tampons autour des champs protègent à la fois les sols, les eaux et les écosystèmes contre l’érosion, les engrais et les pesticides. Des chercheurs américains révèlent qu’à ces avantages s’ajoute désormais la filtration des antibiotiques vétérinaires. Un argument de plus pour favoriser la généralisation de ces espaces dans le milieu agricole.

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    Pour soigner le bétail, les éleveurs ont recours à des médicaments et des antibiotiquesantibiotiques. Malheureusement, les antibiotiques, aussi efficaces soient-ils, ont l'inconvénient d'initier une course à l'armement chez les bactériesbactéries. Ces microorganismesmicroorganismes, à coup de mutations, deviennent alors résistants et désarment la médecine.

    Or 30 à 80% des antibiotiques vétérinaires sont rejetés dans les excréments du bétail, excréments qui peuvent ensuite être utilisés comme fertilisants.

    Les antibiotiques présents sont lessivés par les pluies. Si leurs concentrations sont trop faibles pour affecter la santé humaine, ils peuvent faire émerger des phénomènes de résistancerésistance chez des microorganismes qui contamineront par la suite la faune, le bétail voire l'homme. Par ailleurs, ces antibiotiques peuvent perturber les écosystèmes microbiens du sol essentiels aux cycles des nutrimentsnutriments et à la dégradation des polluants dans les zones tampons.

    Un espace écologique à tout faire

    Ces zones tampons végétales, plus connues sous la forme de bandes enherbées, sont des dispositifs agro-environnementaux utilisés pour protéger les sols et les ressources en eau. Recommandées et même obligatoires le long des courslong des cours d'eau permanents, ces bandes de végétation non cultivées protègent les sols de l'érosion, réduisent la pollution des eaux par les engrais et les pesticides et favorisent la biodiversité.

    Cliquer pour agrandir. Schéma de la structure et du fonctionnement d’une zone tampon. © Alain Gallien

    Cliquer pour agrandir. Schéma de la structure et du fonctionnement d’une zone tampon. © Alain Gallien

    L'équipe de Keith Goyne du School of Natural Resources de l'Université du Missouri a voulu connaître l'impact de ces zones tampons sur les antibiotiques vétérinairesvétérinaires. Pour cela, les chercheurs ont réalisé des expérimentations en laboratoire et sur le terrain. Ils ont prélevé des échantillons de sols de cultures, de bandes enherbées et de zones tampons agroforestières (haie, ripisylve, etc.).

    Ces échantillons ont alors été exposés à deux antibiotiques vétérinaires communs et leurs concentrations ont été mesurées. Il est apparu que les deux types de zones tampons réduisent efficacement les concentrations de ces antibiotiques. Les zones tampons filtrent et dégradent donc ces moléculesmolécules.

    « C'est la beauté de la chose, déclare Keith Goyne. Les zones tampons végétales sont déjà recommandées pour réduire le lessivage des sédimentssédiments, des nutriments et des herbicidesherbicides par les eaux de surfaces. Nos recherches en montrent un nouvel avantage. » Ces résultats sont parus dans la revue Agroforestry Systems et l'équipe planche maintenant sur les mécanismes à l'œuvre dans les zones tampons.

    « L'objectif principal est de déterminer quelles combinaisons d'espècesespèces végétales et quels types de sol sont les plus efficaces pour filtrer et dégrader les antibiotiques. » conclut Keith Goyne.