Deux ans après la mort d’un cheval, imputée aux algues vertes bretonnes du genre Ulva et la visite d’une délégation gouvernementale emmenée sur les plages bretonnes, quid des marées vertes en Bretagne ?

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    Un tractopelle ramassant les algues vertes sur la plage de Saint-Michel-en-Grèves. © SuperNo, Superno.com, DR

    Un tractopelle ramassant les algues vertes sur la plage de Saint-Michel-en-Grèves. © SuperNo, Superno.com, DR

    En août 2009, sur une plage des Côtes-d'Armor, un homme manque de perdre la vie tandis que son cheval meurt en s'asphyxiant au milieu des algues. Un épisode tragique qui a tout de même eu le mérite de mettre en lumièrelumière un phénomène vieux d’un demi-siècle environ.

    Les algues en cause sont deux espèces du genre Ulva (U. armoricana et U. rotundata). Ces algues se nourrissent essentiellement de nitrates, qui proviennent dans ce cas des déjections porcines. Dans cette région, spécialisée dans l'agriculture porcine intensive, ces déjections sont présentes en si grande quantité que la terre ne peut pas les digérer. Les nitrates sont ainsi acheminés dans la mer via la pluie, notamment.

    Le développement des algues est de plus favorisé par le soleilsoleil et la chaleurchaleur de la période estivale. Outre l'aspect esthétique, les algues posent un problème sanitaire puisque les gazgaz (hydrogène sulfuréhydrogène sulfuré) qu'elles libèrent en se dégradant sont hautement toxiques.


    Plages du littoral breton sujettes aux marées vertes. © R. Bonnant, M. Hivert, T. Paulin, France 2, DR

    Les algues ont l’attention des politiques

    L'affaire attire les médias. Devant les caméras, promesses des politiciens, sourires des élus, suspicion des locaux. Deux ans plus tard, le ballet des tractopelles continue sur les plages concernées (carte ci-dessous). Ce sont 20.000 m3 d'algues qui ont été ramassés ces six derniers mois contre 13.000 m3 l'an dernier. Pour faire face à ce problème, quelles mesures ont été mises en place et quelles sont celles qu'il reste à prendre ?

    Depuis onze ans, Michel Guillemot, président de l'association Halte aux marées vertes, mène un combat contre ce phénomène. « Tant qu'on ne diminuera pas le cheptel [porcin], on ne résoudra pas le problème des algues vertes » commente-t-il d'un ton résigné à Futura-Sciences. La solution semble évidente pour les associations environnementales, mais difficilement réalisable selon les agriculteurs, qui expliquent ne pas pouvoir changer radicalement leur mode de fonctionnement sans une aide financière conséquente de l'état.

    La source du problème non traitée

    De l'argentargent, l'État va en donner, mais pas aux agriculteurs. Comme l'avait promis le premier ministre François Fillon, une mission interministérielle a bien été créée et s'est saisie du dossier. Réunissant tous les acteurs concernés (agriculteurs, élus, associations, politiques), elle a débouché sur deux plans d'action, un pour chaque région de Bretagne touchée par la marée verte : la baie de Lannion et celle de Saint-Brieuc.

    Ces plans d'action, en cours de validation (le premier a été adopté le 30 juin 2011, le second le sera dans les semaines à venir), prévoient notamment une nette diminution des flux de nitrates (30 à 40 %).

    Concernant les moyens, si ces plans d'action sont très efficaces sur le plan curatifcuratif (des dizaines de millions d'euros sont investis pour le ramassage des algues), ils sont jugés insuffisants par le comité scientifique dans le domaine de la préventionprévention.

    Sur les plages bretonnes, les nouveaux tractopelles vont chercher les algues sous l'eau. © R. Bonnant, M. Hivert, T. Paulin, France 2, DR

    Sur les plages bretonnes, les nouveaux tractopelles vont chercher les algues sous l'eau. © R. Bonnant, M. Hivert, T. Paulin, France 2, DR

    Une histoire sans fin ?

    Reste la méthanisationméthanisation. Ce procédé, très utilisé par nos voisins allemands et suisses, permet de dégrader la matièrematière organique. De cette dégradation, on obtient des biogazbiogaz (mélange de méthane et de dioxyde de carbonedioxyde de carbone essentiellement). Mais là encore, le projet est onéreux puisqu'il nécessite la constructionconstruction d'usines de traitements. « Les agriculteurs voudraient que les collectivités paient la construction de ces usines, ce qui va complètement à l'encontre du concept de pollueur-payeur » critique Michel Guillemot.

    En attendant, les associations continuent le travail et celle d'Halte aux marées vertes mesure régulièrement les taux de nitrates des fontaines bretonnes (autour de 50 mg/l alors qu'un taux de 10 mg/l verrait les marées vertes diminuer), guettant une éventuelle amélioration synonyme d'efficacité du plan ministériel... sans grand espoir.