Tandis que le monde entier a les yeux rivés sur les Philippines, meurtries par le typhon Haiyan, le climat de demain se décide en Pologne. Jusqu’au 22 novembre 2013, les délégués de près de 200 pays se réunissent à Varsovie pour la 19e conférence de l’Onu sur le climat (COP 19). L’objectif est d’établir la feuille de route pour parvenir à un accord mondial en 2015 à Paris sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

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    La précédente conférence de l'Onu sur le climat s'est tenue au Qatar, où le taux d'émissionémission de CO2 par habitant est le plus important au monde. Cette année, c'est à Varsovie qu'elle se déroule depuis le 11 novembre 2013, et ce en dépit du fait que la Pologne utilise le charbon pour produire 95 % de son électricité et n'envisage pas de changer de source d'énergieénergie. Si le choix de la ville est une fois de plus paradoxal, il n'empêche que les représentants des 193 pays signataires du protocole de Kyoto tiendront leur neuvième réunion et participeront à la 19e conférence de l’Onu sur le climat jusqu'au 22 novembre 2013, au Stade national de Varsovie.

    Les négociations climatiques reprendront dans le but de déboucher, pour 2015, à un accord mondial de limitation des gaz à effets de serre (GESGES). L'objectif du regroupement à Varsovie est de mettre en place le calendrier à tenir pour aboutir à l'accord global à la conférence de l'Onu sur le climat (COP 21), qui se tiendra à Paris en 2015. Cette année devrait être une étape clé pour définir les principes et le cadre du nouvel accord international d'ici la COP 21. Une fois le calendrier dressé, les engagements pourront débuter et aboutir à un accord. Ce dernier aura pour objectifs de réduire les émissions globales au-dessous des niveaux de 1990 d'ici à 2030, et de prévoir la suppression progressive des émissions de gaz carbonique dans le monde d'ici à 2050. Ce serait les conditions nécessaires pour ne pas dépasser une augmentation de 2 °C à l'horizon de 2100.

    Le typhon Haiyan s'invite dans les négociations climatiques à Varsovie

    La conférence de l'Onu sur le climat a démarré seulement trois jours après que le typhon Haiyan ait frappé les côtes philippines. Cet événement dramatique a donné le ton à la conférence. À Varsovie, le représentant des Philippines a annoncé qu'il jeûnerait durant toute la conférence, jusqu'à ce que des résultats significatifs se profilent.

    L'année dernière, le typhon Bopha était survenu à la même période que la conférence de l'Onu sur le climat à Doha. Ce typhon avait provoqué la mort de 1.901 personnes, mais il était beaucoup moins puissant que le typhon Haiyan, survenu le 8 novembre 2013. © idé

    L'année dernière, le typhon Bopha était survenu à la même période que la conférence de l'Onu sur le climat à Doha. Ce typhon avait provoqué la mort de 1.901 personnes, mais il était beaucoup moins puissant que le typhon Haiyan, survenu le 8 novembre 2013. © idé

    Haiyan est le typhon le plus intense jamais enregistré qui a touché les terres. Lorsqu'il a atteint la région de Guiuan, au sud-est de Manille, le supertyphon était à son maximum d'intensité. Il a frappé les côtes avec des ventsvents à 315 km/h, il a plu en quelques heures plus de 500 mm d'eau par endroits et un phénomène de surcotesurcote de plus de cinq mètres a été observé. Dans la région de Tacloban, on déplore plus d'un millier de morts, mais le bilan est encore très provisoire. Beaucoup des régions touchées sont difficiles d'accès, et sont coupées du monde depuis le passage du typhontyphon. D'après certaines estimations, le bilan serait supérieur à 10.000 morts, et ce seulement dans la région de Tacloban.

    Les délégués des pays présents à Varsovie ont observé une minute de silence lundi 11 novembre à l'ouverture de la conférence. « Nous nous rassemblons aujourd'hui avec, sur nos épaules, le poids de nombreuses réalités qui donnent à réfléchir (...) comme l'impact dévastateur du typhon Haiyan », déclarait lundi la responsable climat de l'Onu Christiana Figueres. S'il est clair que l'on ne peut lier directement cet événement météorologique au changement climatiquechangement climatique actuel, de plus en plus d'études convergent vers l'idée que les tempêtes tropicalestempêtes tropicales s'intensifieront à mesure que le climat se réchauffe.

    Le Giec et le typhon Haiyan donnent le ton de la conférence sur le climat

    Un mois plus tôt, le Giec publiait son cinquième volumevolume, dressant un bilan de l'état des connaissances sur le climat actuel, l'influence anthropique et les changements à venir au cours de ce siècle. Il conclut avec certitude que la température globale moyenne à la surface de la Terre (surfaces terrestres et océans confondus) a augmenté de 0,89 °C sur la période 1901-2012. Par ailleurs, il est pratiquement certain (c'est-à-dire que la probabilité est entre 99 et 100 %) que l'océan supérieur (de 0 à 700 m) s'est réchauffé sur la période 1971-2010.

    Le Giec a rendu public son rapport le 7 octobre 2013. Voici les chiffres clés de leurs résultats. © idé

    Le Giec a rendu public son rapport le 7 octobre 2013. Voici les chiffres clés de leurs résultats. © idé

    Pour l'horizon 2100, tous les modèles du projet CMIP 5 simulent un réchauffement de l’atmosphère. Avec le scénario le plus optimiste, qui prévoit une augmentation de 2,6 W/m2, la température moyenne de l'airair augmenterait de 0,3 à 0,7 °C. Pour tous les autres scénarios, il est probable (entre 66 et 100 % de chances) que la température atmosphérique moyenne globale excède de 1,5 °C celle de la période 1850-1900.

    Les résultats du Giec, associés à la gravitégravité de l'événement Haiyan ont clairement donné un ton différent à la conférence de l'Onu sur le climat de cette année. Les délégués des quelque 195 pays n'ont pas le choix, ils doivent établir la feuille de route qui permettra d'arriver à un accord mondial pour 2015. Mais la tâche est rude. Pour limiter le réchauffement de 2 °C pour 2100, il ne faudrait pas dépasser 55 milliards de tonnes d'équivalent carbonecarbone d'ici 2020. Comment faire lorsque l'on sait que la Chine a augmenté ses émissions de CO2 dues à la combustioncombustion de carburants de 224 %, l'Inde de 245 % et l'Iran de 180 % ?

    Christiana Figueres l'avait rappelé très justement dans son discours d'ouverture de la conférence à Varsovie : « Il n'y a pas deux équipes, mais l'intégralité de l'humanité. Il n'y a ni gagnant, ni perdant. Nous allons tous gagner, ou tous perdre ».