Un sommet ministériel visant à mieux coopérer pour protéger le fragile environnement marin de l’Arctique réunissait mercredi 28 mai à Ilulissat (Groenland) les représentants des cinq pays riverains. Des accords semblent s’en être issus.

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    Océan Arctique. Arctic Environment Atlas. Source : Nations-Unies

    Océan Arctique. Arctic Environment Atlas. Source : Nations-Unies

    A l'issue de cette réunion inédite des cinq pays qui entourent la région arctique (Canada, Danemark, dont dépend le Groenland, Norvège, avec le Spitzberg et Russie), il semble que des accords se soient conclus. Nous disons bien semble, car les représentants de la presse n'étaient pas conviés à ces débats, ce qui paraît étrange pour des discussions dont le but officiel est la protection de l'environnement, c'est-à-dire le bien-être de tous...

    Lors d'une conférence de presse commune avec les représentants du Canada, de la Norvège et de la Russie, le ministre des Affaires étrangères groenlandais Per Stig Moeller a déclaré que « la course vers le Pôle nord et les richesses de son sous-sol a été annulée ». Cette affirmation assez difficile à interpréter a aussitôt été reprise par son homologue russe Sergueï Lavrov, qui ajoute « qu'elle était l'invention des médias pour vendre des journaux ». De son côté, le norvégien Jonas Gahr Stoere, surenchérit en précisant « qu'elle n'avait jamais commencé ». Ce qui ne clarifie pas beaucoup le sens de la révélation originale...

    Dans une déclaration finale, les ministres des cinq s'engagent formellement « à prendre des mesures en conformité avec les lois internationales et nationales pour assurer la protection et la préservation du fragile environnement marin de l'Océan arctique ». Louable intention mais pouvait-on s'attendre à autre chose ? En conclusion, les participants annoncent vouloir « renforcer leur coopération basée sur une confiance mutuelle et la transparencetransparence ». Etrange transparence consistant d'abord, rappelons-le à exclure la presse des débats.

    Peu avant le début de la conférence, le ministre des Affaires étrangères danois estimait nécessaire « d'envoyer un message politique d'unité à nos peuples et au reste du monde, montrant que les cinq pays aborderont les opportunités et les changements de façon responsable », ajoutant que « l'un des grands défis dans l'Arctique, c'est la prospection et l'extraction d'énergies fossiles et de réserves minérales qui peuvent causer des problèmes environnementaux ». Nous y voilà donc...

    Le Groenland et son environnement. <em>Arctic Environment Atlas</em>. Source : Nations-Unies
    Le Groenland et son environnement. Arctic Environment Atlas. Source : Nations-Unies

    Comme une odeur de pétrole

    L'US Geological Survey estime quant à elle que le but du rendez-vous était d'apaiser les tensions accumulées au cours des dernières années par les cinq pays de l'Arctique qui cherchent par tous les moyens d'étendre leur souveraineté sur ces eaux susceptibles de renfermer le quart des réserves mondiales d'hydrocarbureshydrocarbures encore à découvrir. Pour ces pays, le réchauffement climatiqueréchauffement climatique se présente comme une opportunité qui, d'ici quelques décennies, créerait de bonnes conditions de transport maritime en dégageant certains passages actuellement encombrés par les glaces.

    Ainsi, le Canada et le Danemark se disputent la propriété, donc la jouissance de la petite île rocailleuse de Hans Hoe, située dans un endroit particulièrement stratégique, tandis que Canadiens et Américains se disputent le passage du Nord-Ouest entre l'Atlantique et le Pacifique, qui pourrait se voir dégagé vers 2050. Quant à la Russie, elle réclame depuis 2001 l'extension de ses eaux territoriales au-delà des 200 milles actuels vers l'Arctique.

    Comme on le voit, on est bien loin des préoccupations écologiques. Bien loin, en tout cas, de l'objet officiellement déclaré de la réunion...