Selon une équipe de climatologues, le réchauffement climatique devrait modifier le régime des moussons en Afrique et les déporter plus au nord. Le Sahel deviendrait alors plus humide et pourrait même subir des pluies très intenses. Un apport d'eau dans ces régions qui souffrent de la sécheresse serait bénéfique, mais pas si les précipitations sont trop brutales.

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    Le réchauffement climatique en cours pourrait entraîner l'arrivée soudaine d'une saison des pluies très intense au Sahel, quand l'augmentation de température globale par rapport à l'ère préindustrielle aura dépassé 2 voire 1,5 °C. C'est ce qu'indique une étude basée sur des simulations et publiée dans la revue Earth System Dynamics« Bien que franchir ce point de bascule puisse être potentiellement bénéfique, le changement pourrait être si énorme que cela serait un défi d'adaptation majeur pour une région déjà instable », souligne dans un communiqué le PIK (Potsdam Institute for Climate Impact Research). « L'ampleur du changement nécessite une attention urgente », prévient Anders Levermann, chercheur au PIK.

    Le centre du Mali, le Niger et le Tchad pourraient recevoir autant d'eau que le nord du Cameroun ou le centre du Nigeria aujourd'hui, qui se caractérisent par un climat tropical. Ce changement est lié au réchauffement des océans voisins, qui génère une évaporation plus forte, tandis que les vents de mousson venus de l'Atlantique se renforcent et se décalent vers le nord. La pluie, en tombant, relâche à son tour de la chaleurchaleur, transformant le processus en cercle vicieux.

    Vaste bande de terre semi-aride au sud du Sahara, le Sahel a connu deux décennies de sécheresse historique dans les années 1970 et 1980. © lesniewski, Fotolia

    Vaste bande de terre semi-aride au sud du Sahara, le Sahel a connu deux décennies de sécheresse historique dans les années 1970 et 1980. © lesniewski, Fotolia

    Des pluies trop fortes n'aideront pas l'agriculture

    Selon une autre étude, parue en avril dans Nature, la fréquence des tempêtes extrêmes a déjà plus que triplé ces 35 dernières années au Sahel du fait du réchauffement planétaire. Les tempêtes sahéliennes sont « parmi les plus explosives de la planète », avaient alors souligné les chercheurs, insistant sur le risque d'inondationsinondations et d'impact sanitaire dans des villes souvent dépourvues d'infrastructures, mais aussi sur l'inefficacité pour l'agricultureagriculture de pluies qui érodent les sols. Vaste bande de terreterre semi-aride collée au sud du Sahara, cette région fragile a déjà été mise à mal par vingt ans de sécheresse historique dans les années 1970 et 1980.

    Globalement, la planète se réchauffe à une vitessevitesse inédite à cause des gaz à effet de serre émis par l'Homme, avec, parmi les conséquences à prévoir, une recrudescence des catastrophes météorologiques dans le monde. Les États ont adopté fin 2015 un accord visant à limiter le réchauffement à 2 voire 1,5 °C par rapport à l'ère préindustrielle, un objectif qui apparaît chaque année plus difficile à tenir.