Une étude suggère qu’une augmentation de température de 2 °C à l’échelle de la planète, au lieu de 1,5 °C, conduirait à des dizaines de milliers de décès supplémentaires par an dans les villes chinoises. Ce pays qui voit ses températures augmenter plus rapidement que la moyenne mondiale rencontre des problèmes d'eau.


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    Le passage du réchauffement de la planète de +1,5 °C à +2 °C pourrait provoquer des dizaines de milliers de morts supplémentaires dans les villes chinoises chaque année, selon une étude publiée dans la revue Nature Communications. Même si des progrès sont faits pour faire face aux canicules meurtrières - meilleurs services de santé, climatisationclimatisation, accès à l'eau -, ce demi-degré supplémentaire par rapport à l'ère pré-industrielle pourrait être responsable de 30.000 morts liées à la chaleurchaleur, estiment les chercheurs.

    Sans ces progrès en terme d'infrastructures et de préparation, ce supplément de mortalité pourrait encore grimper de 50 % d'ici la deuxième moitié du XXIe siècle. « Notre étude montre clairement les bénéfices de limiter le réchauffement à +1,5 °C », a indiqué à l'AFP Buda Su, de l'Institut d'écologie et de géographie du Xinjiang, en Chine.

    Notre étude montre clairement les bénéfices de limiter le réchauffement à +1,5°C

    La planète a gagné 1 °C depuis l'ère pré-industrielle, un réchauffement déjà accompagné d'une multiplication des événements météorologiques extrêmes, des canicules aux tempêtes. L'accord de Paris sur le climat de 2015 vise à maintenir ce réchauffement sous les +2 °C, voire +1,5°C, mais les engagements des États à réduire leurs émissionsémissions de gaz à effet de serre conduiraient, s'ils étaient respectés, à un monde à +3 °C.

    Une surmortalité pendant les canicules

    Depuis le début du siècle, la planète a déjà vécu plusieurs canicules exceptionnelles. Celle qui a frappé l'Europe à l'été 2003 a entraîné une surmortalité de près de 70.000 morts. À l'été 2010, des températures record dans l'ouest de la Russie avaient conduit à 50.000 morts prématurées. En Chine, la température a augmenté plus rapidement que la moyenne mondiale, et le pays est exposé à d'autres pressionspressions environnementales, comme des manques d'eau.

    Les femmes, les personnes âgées, les jeunes, seraient plus vulnérables. © ohayou!, Fotolia
    Les femmes, les personnes âgées, les jeunes, seraient plus vulnérables. © ohayou!, Fotolia

    Il existe peu d'études se penchant sur la surmortalité des pays en développement en fonction des divers scénarios de réchauffement de la planète, et aucune ne prend en compte les différences entre sexes ou âges. Pour avoir un point de comparaison, la dizaine de chercheurs, dirigés par Yanjun Wang de l'université de Nanjing, ont calculé la mortalité liée aux vaguesvagues de chaleur dans 27 villes chinoises, de 1986 à 2005.

    En moyenne, ils estiment que les canicules ont provoqué chaque année 32 morts pour un million d'habitants. Même si l'humanité parvenait à maintenir le réchauffement sous +1,5 °C, ce taux passerait probablement à entre 49 et 67 pour un million, même en cas d'amélioration de la gestion des canicules.

    Que ce soit les calculs pour le passé ou les projections pour l'avenir, le taux de mortalité liée à cette chaleur est près de deux fois plus élevée pour les femmes que pour les hommes. L'écart entre d'un côté la population en âge de travailler et de l'autre les très jeunes et les très âgés, est encore plus important.


    Réchauffement climatique : 300 000 morts par an

    Article de Jean Etienne, paru le 3 juin 2009

    L'impact écologique et économique du réchauffement climatiqueréchauffement climatique pourrait nous faire oublier qu'il tue. Et même beaucoup. Selon le Forum humanitaire mondial, 300.000 morts lui seraient imputables par an, autant que le tsunamitsunami de 2004.

    Un rapport rendu public par le Forum humanitaire mondial, une fondation présidée par l'ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, resitue la problématique du réchauffement climatique mondial. Car il ne s'agit pas seulement d'une menace future très sérieuse annonçant 250 millions de réfugiés climatiques à l'horizon 2050, mais bien d'une crise contemporaine majeure tuant actuellement 300.000 personnes par an dans le monde.

    « Nous sommes à un moment crucial. Les négociateurs ne peuvent ignorer l'impact actuel du changement climatique. La responsabilité des pays à Copenhague n'est pas seulement de contenir une menace future très sérieuse mais aussi de répondre à une crise contemporaine majeure », résume Kofi Annan dans ce rapport, consultable en ligne.

    L'élévation de la température telle qu'elle est constatée par tous les scientifiques sérieux a un impact direct sur les rendements agricoles et l'accès à l'eau, et en conséquence sur la pauvreté. La dégradation sévère de l'environnement, ainsi que les dérèglements climatiques qui en découlent (inondationsinondations, tempêtes, cyclonescyclones...) affectent directement au moins 325 millions de personnes par an, soit un vingtième de la population mondiale, et tout particulièrement celles qui vivent dans les pays les plus pauvres.

    Les experts s'attendent à ce que ces chiffres soient encore multipliés par deux au cours des vingt prochaines années, annonçant la plus grave crise humanitaire de l'Histoire des hommes.

    Plus de la moitié des 300.000 décès recensés sont provoqués par la malnutrition. Ensuite viennent les problèmes de santé car le réchauffement climatique favorise la propagation de nombreuses maladies. Ainsi, dix millions de nouveaux cas de malariamalaria entraînant 55.000 morts ont été identifiés. Bien entendu, et cela ne fait que conformer des constatations plus anciennes, les pays pauvres sont aussi les plus touchés. Or, ce sont aussi ceux dont l'accès aux médicaments est le plus réduit.

    Des objectifs à revoir

    Selon Kofi Annan, il y a urgence pour les pays à revoir les scénarios de développement que la Communauté internationale s'était engagée à financer au travers des Objectifs du Millénaire. Programme déjà hasardeux en soi puisque ces promesses n'ont jamais été tenues jusqu'ici...

    L'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) estime que dans certains domaines, un tiers au moins des programmes financés dans le cadre de l'aide publique au développement n'aboutiront pas du fait même du réchauffement, et le Forum humanitaire mondial estime qu'il faudrait multiplier par cent l'argentargent consacré au développement pour contrer les prévisions les plus sombres, qui menacent directement les pays ne portant aucune responsabilité dans cette situation catastrophique.