Modéliser le futur en fonction des choix et des actions humaines devient possible... mais toujours difficile. Une équipe internationale de climatologues en est à l’achèvement de la première étape d’une nouvelle démarche de modélisation, dite parallèle. Elle devrait aider à inclure les différentes alternatives ouvertes aux décideurs. Il sera alors possible de savoir par exemple s’il vaut mieux investir dans la lutte contre la déforestation ou bien dans les énergies renouvelables.

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    En septembre 2007, le Giec (Groupe Intergouvernemental d'Etude du Climat) définissait de nouveaux modèles pour simplifier et accélérer la création de scénarios intégrés à destination des chercheurs et des décideurs. Ces scénarios permettraient à la fois d'intégrer les différents domaines de la recherche scientifique et de fournir un outil d'aide à la décision pour évaluer les conséquences des choix touchant à l'adaptation au changement climatique et à la lutte contre celui-ci, mais aussi sur la vulnérabilité des populations.

    L'achèvement de la première étape de cette nouvelle démarche vient d'être annoncé dans Nature. Richard Moss, auteur principal de la publication et contributeur de longue date au Giec, annonce en effet que les quatre « profils représentatifs d'évolution de concentration » de gaz à effet de serre (GES), appelés RCPRCP, en abrégé pour representative concentration pathway, ont été finalisés.

    Ces RCP tiennent compte de facteurs comme les quantités de GES, les particules atmosphériques ou l'utilisation des sols et sont compatibles avec l'ensemble des scénarios décrits par la littérature scientifique. Ils permettent de dissocier partiellement la climatologie et les projections socio-économiques.

    Grâce à cette dissociation, les RCP ouvrent la voie à une modélisationmodélisation dite en parallèle, qui simplifiera le travail à venir. Contrairement à la méthode séquentielle utilisée jusque-là, la démarche parallèle ne nécessite pas de recommencer toutes les longues et coûteuses simulations à chaque fois qu'une nouvelle modification est ajoutée. Au rythme des découvertes qui viennent compléter les modèles, c'est un avantage non négligeable.

    Cliquer pour agrandir. Les modes d’élaboration des scénarios climatiques mondiaux. A gauche, la <em>démarche séquentielle</em> utilisée précédemment et à droite, la <em>démarche parallèle</em> envisagée. Les chiffres Les étapes de l’analyse se font dans l’ordre des numéros. Les étapes 2a et 2b se font simultanément. Les flèches montrent le flux de l’information (trait plein), le choix des RCP (tirets) et l’intégration des informations et rétroactions (points). © Giec 2007

    Cliquer pour agrandir. Les modes d’élaboration des scénarios climatiques mondiaux. A gauche, la démarche séquentielle utilisée précédemment et à droite, la démarche parallèle envisagée. Les chiffres Les étapes de l’analyse se font dans l’ordre des numéros. Les étapes 2a et 2b se font simultanément. Les flèches montrent le flux de l’information (trait plein), le choix des RCP (tirets) et l’intégration des informations et rétroactions (points). © Giec 2007

    Plusieurs chemins vers le futur

    Ces quatre RCP, un profil de forçage radiatif haut, deux de stabilisations intermédiaires et un profil bas, serviront de fil rouge et de trame aux projets de modélisation du climat et des réponses humaines à différentes échelles. Ils permettront notamment de faire des modélisations régionales ou encore pour l'horizon 2035, autrement dit à des échelles de calendriers et de programmes de planification classiques.

    Il sera donc possible de simuler l'impact de différentes options d'une politique, comme l'investissement dans les énergies renouvelablesénergies renouvelables ou la modification de l'usage des sols, pour déterminer leurs incidencesincidences socio-économiques et leur efficacité. Ainsi, les décideurs pourront comparer leurs différentes alternatives avant de choisir l'une ou l'autre solution qui s'offrent à eux.

    Selon Richard Moss, « cette évaluation comparative est extrêmement importante pour déterminer les conditions techniques, politiques et économiques nécessaires pour atteindre ce que la société désignera comme un niveau acceptable de changement climatiquechangement climatique. Nous espérons fournir aux décideurs de meilleurs outils pour aider les personnes à s'adapter à un climat changeant ».

    Ces RCP sont le point de départ de très nombreuses études sur les scénarios, mais ils ont certaines limites. Tout d'abord, ce ne sont pas des prévisions, ils représentent seulement plusieurs scénarios possibles sans en prédire les conditions futures. Ensuite, ils n'ont pas pour objectif de recommander des politiques particulières. Ce sont uniquement des outils d'aide à la décision, sans jugement de valeur sur l'une ou l'autre des alternatives.

    Les scénarios socio-économiques liés aux RCP n'englobent pas toutes les hypothèses socio-économiques et ne sont pas interchangeables entre les quatre RCP. Enfin, ces profils de concentration de GES comportent des incertitudes, notamment pour le cycle du carbonecycle du carbone et la chimie atmosphérique.