Le rôle des glaciers dans la variation du niveau marin a longtemps été sous-estimé. Il semble pourtant qu’ils soient autant responsables de la hausse du niveau des mers que les calottes polaires.

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    L'Aletsch, en Suisse, est une vallée glaciaire typique et la plus grande dans les Alpes. Sa perte de volume depuis le milieu du XIXe siècle est bien visible, avec l’apparition de moraines sur les côtés (roches claires sur l'image). © Frank Paul, UZH

    L'Aletsch, en Suisse, est une vallée glaciaire typique et la plus grande dans les Alpes. Sa perte de volume depuis le milieu du XIXe siècle est bien visible, avec l’apparition de moraines sur les côtés (roches claires sur l'image). © Frank Paul, UZH

    La part des glaciers dans la hausse du niveau de la mer reste débattue, notamment car elle n'a pu être estimée jusqu'alors qu'à partir d'un nombre limité de glaciers suivis sur le terrain. Une équipe internationale propose une estimation plus fine de leur perte de massemasse entre 2003 et 2009 grâce aux observations de deux missions satellitaires (Grace et IceSat). Ces travaux indiquent que les glaciers sont responsables de 30 % de la hausse du niveau des mers pour cette période, faisant ainsi jeu égal avec les calottes antarctique et groenlandaise réunies. Cette étude est publiée le 17 mai 2013 dans la revue Science.

    La contribution des glaciers à la hausse du niveau des mers est traditionnellement estimée en extrapolant des mesures de terrain du bilan de masse glaciaire, mesures limitées pour des raisons logistiques à quelques dizaines de glaciers à la surface du globe, suivis depuis cinq ou six décennies. Mais il reste à démontrer que cet échantillon réduit de glaciers est représentatif de l'ensemble des 200.000 glaciers de la planète. Pour une région difficile d'accès comme l'Himalaya, les travaux récents des équipes françaises ont ainsi mis en évidence que les trop rares mesures de terrain semblaient surestimer les pertes de masse des glaciers.

    Pertes de glace dans toutes les régions du globe

    La période 2003-2009 a vu cohabiter en orbiteorbite deux satellites (IceSat et Grace) qui permettent d'estimer les pertes de glace pour les principales régions englacées du globe, indépendamment des relevés de terrain. Les mesures de ces deux satellites concordent sur l'ensemble des régions où les surfaces couvertes par les glaciers sont importantes. Les régions qui contribuent le plus fortement à la hausse du niveau marin sont l'ArctiqueArctique canadien, l'Alaska, les glaciers périphériques à la calotte groenlandaise et la Patagonie.

    Les glaciers fondent, et contribuent à la hausse du niveau de la mer. Ici le Dhaulagiri, un sommet de 8.167 m, au Népal. Son nom signifie « montagne blanche » : le méritera-t-il moins dans les décennies à venir ? © Bob Cap, Flickr cc by nc nd 2.0

    Les glaciers fondent, et contribuent à la hausse du niveau de la mer. Ici le Dhaulagiri, un sommet de 8.167 m, au Népal. Son nom signifie « montagne blanche » : le méritera-t-il moins dans les décennies à venir ? © Bob Cap, Flickr cc by nc nd 2.0

    En revanche, les glaciers en périphérie (mais distincts) de la calotte antarctique, bien qu'ils occupent une vaste superficie (133.000 km2, soit 18 % du total des glaciers) ont connu des pertes plutôt modérées au cours de ces six années. Pour les régions où l'englacement est faible (Alpes, Norvège, Ouest canadien), les données de ces deux satellites sont mal résolues et les données de terrain restent les plus fiables. Bien qu'il existe une forte variabilité géographique, toutes les régions du globe enregistrent des pertes.

    Au total, les pertes de masse des glaciers s'élèvent à 260 gigatonnes annuellesannuelles en moyenne entre 2003 et 2009, ce qui équivaut à 0,72 mm par an de hausse du niveau des mers. Pendant cette même période, le niveau marin s'est élevé d'environ 2,5 mm par an. Ces nouvelles mesures satellitaires montrent que l'extrapolation à tous les glaciers du globe des mesures de terrain conduit dans la plupart des régions à une surestimation des pertes pour la période 2003-2009. Mais cette période reste courte du point de vue climatique.