L'université de Brême a annoncé en grande pompe un record de fonte de la banquise de l'Arctique. Selon les chercheurs allemands, la superficie n'a jamais été aussi faible depuis qu'il est possible de réaliser des observations satellitaires. Mais pour les Américains et les Japonais, il n'y a pas de record. Toutefois, la superficie de la banquise est dramatiquement faible.

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    La surface de la banquise de l'Arctique a-t-elle battu un record minimum ? © US Ecological Survey, Flickr, cc by 2.0

    La surface de la banquise de l'Arctique a-t-elle battu un record minimum ? © US Ecological Survey, Flickr, cc by 2.0

    Le mois de septembre est particulièrement propice aux records de fonte de la banquise puisque celle-ci vient de passer de long mois à baigner dans une eau réchauffée, exposée à la chaleurchaleur du soleilsoleil et caressée par des vents chauds. Cette année, une fois de plus, c'est bien en septembre que le record annuel a eu lieu.

    Mais cette fois, le record qui vient d'être battu n'est pas uniquement celui de l'année : il date de 4 ans, du 17 septembre 2007 exactement, où les estimations réalisées grâce aux images satellites dévoilaient une banquise de 4,27 millions de km2. La semaine dernière, le 8 septembre 2011, la surface de la banquise n'était que de 4,24 millions de km2 selon l'Institut de physique environnementale de l’université de Brême. C'est grâce à deux radiomètresradiomètres (AMSR et AMSR-E), installés à bord des satellites Adeos-II (Jaxa) et AquaAqua (NasaNasa), que les chercheurs observent continuellement son évolution.

    Un record controversé

    Toutefois, le record annoncé par les Allemands est discutable puisque les chiffres de l'Agence d'exploration aérospatiale japonaise (Jaxa) indiquent une surface de 4,54 millions de km2 au 8 septembre. Quant au NSIDC (National Snow and Ice Data Center), qui suit également l'évolution de la banquise, ses résultats sont identiques à ceux de l'Agence japonaise, puisque les deux systèmes de calcul sont les mêmes. Le record ne semble donc pas battu.

    Estimation de la taille de la banquise selon les calculs de l'université de Brême (gauche) et l'Agence d'exploration aérospatiale japonaise. Un record de fonte pour l'un, pas pour l'autre. © Jaxa et Université de Brême, DR

    Estimation de la taille de la banquise selon les calculs de l'université de Brême (gauche) et l'Agence d'exploration aérospatiale japonaise. Un record de fonte pour l'un, pas pour l'autre. © Jaxa et Université de Brême, DR

    Mais est-ce vraiment le record, qui se joue à quelque 300.000 km2 (soit à peu près la taille de l'Italie), qui est important ? Quoi qu'il en soit, la banquise atteint une nouvelle fois une surface ridiculement faible. Pourquoi est-ce inquiétant ? À cause de l'albédo. L'albédo est une mesure de la réflectivité des rayons lumineux par une surface. Lorsque la lumièrelumière vient à la rencontre de la banquise, blanche et brillante, elle renvoie près de 80 % des rayons lumineux dans l'atmosphère. L'eau qui l'entoure, plus sombre, n'en est en revanche pas capable et en absorbe une forte quantité. C'est entre autre ainsi qu''elle se réchauffe. Quand la surface de la banquise diminue - et donc que celle de l'océan augmente - davantage de rayons lumineux sont absorbés et l'eau se réchauffe ainsi que l'ensemble de la région.

    Une fonte néanmoins inquiétante

    Selon les chercheurs de l'université de Brême, ces surfaces sont trop faibles pour que cette diminution soit expliquée seulement par la variabilité climatique. La responsabilité anthropique est indéniable. Du fait de l'albédo, l'Arctique est du reste un très bon indicateur du réchauffement climatique. Dans cette région, les températures ont augmenté deux fois plus vite que la moyenne globale ces cinquante dernières années.

    La dernière fois que l'Arctique était libre de de glace pendant la période estivale remonte à la période de l'Eémien, il y a environ 125.000 ans. Si la température atmosphérique continue de croître, elle atteindra un niveau comparable à celui des températures de l'Eémien pour la première fois en 125.000 ans.