L’influence des feux de végétation sur les émissions de gaz carbonique dans l’atmosphère et leur répercussion sur le climat mondial ont toujours préoccupé les chercheurs. Mais l’activité humaine brouille les cartes depuis deux siècles en supplantant la nature…


au sommaire


    Feux de forêt en Sibérie vus au moyen de Google Earth en 2007.

    Feux de forêt en Sibérie vus au moyen de Google Earth en 2007.

    Christopher Carcaillet, du Centre de Bio-Archéologie et d'Ecologie (CNRS/Université Montpellier II/Ecole Pratique des Hautes Etudes de Paris), ainsi que des chercheurs américains, anglais et suisses, ont réussi à reconstituer l'historique des feux de végétation au cours des deux derniers millénaires. Cette étude, dont les résultats viennent d'être publiés dans la revue Nature Geoscience, apporte des indices précieux sur la relation entre l'évolution du climat par effet de serre et le bilan radiatif global. Elle a aussi pour ambition de déterminer l'importance et la fréquence des feux de forêt en fonction des changements de climat et des peuplements humains.

    Pour parvenir à cette quantificationquantification tout en l'étalant dans le passé avec suffisamment de précision, les chercheurs ont analysé des strates de dépôts de charbon de bois accumulées au fond de plus de 400 lacs et tourbièrestourbières. Celles-ci ont en effet enregistré la traces des incendies intervenus au cours de leur formation, en présentant une bonne fiabilité de lecture sur les deux derniers millénaires.

    Les incendies mieux maîtrisés depuis un siècle

    Les époques les plus reculées ne montrent pratiquement aucune influence humaine. Depuis le début de notre ère jusqu'en 1750 environ, les feux étaient plutôt rares et presque toujours d'origine naturelle, soumis aux aléas de la foudrefoudre, des sécheressessécheresses, et autres catastrophes naturellescatastrophes naturelles comme les éruptions volcaniqueséruptions volcaniques.

    La tendance s'est brutalement accrue entre 1750 et 1870 sous l'influence de l'ère industrielle, mais aussi de la colonisation européenne. L'essor démographique ainsi que la colonisation et la conquête de nouveaux territoires au niveau planétaire a provoqué une demande croissante en surfaces agraires, entraînant des déforestationsdéforestations de grande ampleur, en Europe, en Afrique et, surtout, sur le continent américain.

    C'est ainsi que les feux de végétation dus à l'activité humaine ont supplanté ceux d'origine naturelle, bousculant un équilibre qui s'était installé depuis au moins deux mille ans. Curieusement, entre 1870 et 1970 se dessine une réduction significative des feux d'origine humaine. Les scientifiques attribuent ce changement à l'optimisation des cultures (augmentation de la productivité à surfaces égales) ainsi que par les progrès réalisés par la gestion et le contrôle des feux de forêts.

    Les scientifiques espèrent bientôt affiner leur modèle en incorporant les données recueillies dans d'autres régions encore sommairement examinées, telles l'Amérique du Nord, l'Australie ou certaines zones tropicales. Les climatologuesclimatologues disposeront alors d'un excellent outil leur permettant de mieux comprendre les relations existant entre le feufeu, l'homme, le climat et son évolution.