Une idée proposée en 1995 pour lutter contre le réchauffement climatique causé par les émissions humaines de CO2 est à nouveau étudiée sérieusement par quelques scientifiques, avec le soutien de la compagnie pétrolière Shell. Ces chercheurs proposent de déverser de la chaux dans les océans pour absorber l’excès de gaz carbonique...

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    Les falaises calcaires de l'immense plaine de Nullarbor en Australie. C'est le plus grand ensemble au monde de calcaire d'un seul tenant. Il occupe une superficie d'environ 200.000 km². Dans sa plus grande largeur, la plaine s'étend sur environ 1.200 kilomètres d'est en ouest entre l'Australie méridionale et l'Australie occidentale. Crédit : Greg Lehey

    Les falaises calcaires de l'immense plaine de Nullarbor en Australie. C'est le plus grand ensemble au monde de calcaire d'un seul tenant. Il occupe une superficie d'environ 200.000 km². Dans sa plus grande largeur, la plaine s'étend sur environ 1.200 kilomètres d'est en ouest entre l'Australie méridionale et l'Australie occidentale. Crédit : Greg Lehey

    Même en réduisant drastiquement les émissionsémissions de gaz à effet de serre de l'humanité, c'est-à-dire essentiellement du CO2 relâché massivement dans l'atmosphère par la combustioncombustion des sources d'énergies fossiles, la température moyenne de la planète ne pourra pas être stabilisée et augmentera de quelques degrés au cours de ce siècle. Il faudrait pour cela retirer de l'atmosphère, et plus généralement du cycle du carbone océans-atmosphère, les apports de CO2 dus aux activités humaines. Mais comment faire ?

    On sait que les océans interviennent de façon importante dans la régulation du taux de gaz carbonique de l'atmosphère grâce à leur pouvoir de dissolution. Mais cet effet a ses limites, ne serait-ce qu'en échelle de temps. C'est toutefois à ce niveau que Haroon Kheshgi avait proposé d'agir dès 1995.

    L'idée était simple : déversée dans les océans, de la chauxchaux (c'est-à-dire de l'oxyde de calciumcalcium) réagirait avec le gaz carbonique en solution pour former du bicarbonatebicarbonate de calcium qui précipiterait en calcaire. A première vue, l'idée semble séduisante et efficace. Mais à y regarder de plus près, les difficultés s'accumulent.

    Tout d'abord, la production de la chaux elle-même impose de porter du calcaire à haute température. Or, la décomposition de celui-ci produit elle-même du CO2 ! A ce premier argument, les chercheurs répondent que la chaux dans l'eau absorbe deux fois plus de dioxyde de carbonedioxyde de carbone que n'en relâche la calcination du calcaire. Cette réponse n'est juste qu'en négligeant la production d'énergie nécessaire pour chauffer le calcaire. Si celle-ci utilise par exemple du pétrolepétrole, il n'est pas évident que le bénéfice net soit une réduction du CO2... Un autre argument, économique celui-là, avait lui aussi empêché de développer l'idée de Khesgi. Entre le coût de production de la chaux et le coût de la réduction des émissions de CO2, compte tenu de plus de l'efficacité réelle de l'adjonction de chaux dans les océans, ce moyen de lutter contre le réchauffement climatique semblait assez peu convaincant.

    Tim Kruger, un consultant en management de la firme Corven, et quelques chercheurs viennent de relancer le débat sur le Web avec un site où géologuesgéologues, chimistes et industriels peuvent apporter leurs contributions. Il suffirait, avancent certains, de réaliser l'idée de Khesgi dans des endroits naturellement riches en calcaire et où le SoleilSoleil brille presque toute l'année. Ainsi, dans la région de la plaine de Nullarbor en Australie existe un gisementgisement de 10.000 km3 de calcaire dans une zone où l'énergie reçue du Soleil par jour est de 20 mégajoules/m2 . Le chauffage du calcaire pourrait alors être effectué à l'aide de fours solaires. Mais on pourrait aussi le réaliser en utilisant du méthane (le gaz naturelgaz naturel) car, tout calcul fait, sa combustion permettrait toujours de produire moins de CO2 que n'en absorberait la chaux déversée dans l'océan.

    Selon Klaus Lackner, un chercheur de l'Université de ColumbiaColumbia, l'idée pourrait être tout à fait valable si l'on s'y prend bien et que la production de CO2 soit bien négative pour un coût acceptable. Par exemple, l'enfouissement du CO2 produit par le processus serait moins coûteux que dans le cas du dioxyde de carbone émis par d'autres sources industrielles. Avec un peu plus d'énergie, ce gaz pourrait même servir à produire des hydrocarbureshydrocarbures. Un diaporama est disponible sur InternetInternet, précisant les réactions chimiquesréactions chimiques proposée et quelques chiffres. Plus généralement, l'idée est développée en Open sourceOpen source à l'adresse suivante : http://www.cquestrate.com.

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